Deforester ou brûler, le dilemme infernal

© University of Exeter
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Ah, tout serait si simple si la loi de l’emmerdement maximum ne pointait le bout de son nez à chaque occasion. Pendant des décennies, tout le monde a râlé contre les autorités brésiliennes parce qu’elles ne faisaient pas grand chose pour lutter contre la déforestation. Et puis, ces dernières années, enfin, la chasse aux défricheurs à commencé à porter ses fruits. Las, une partie de ces efforts est réduite à néant: les incendies ont pris le relais.

On ne saura sans doute jamais qui est à l’origine de ces feux. Probablement un mélange de causes naturelles et humaines. Même si les incendies naturels ne sont pas légion dans cette région du monde. Toujours est-il que dans les portions d’Amazonie où le rythme de la déforestation a été réduit, les incendies ont cru de 59% ces dernières années, expliquent des chercheurs dans la revue Science, sur la base d’images satellites qui traquent le moindre feu depuis l’espace. A l’opposé, donc, de ce à quoi on pourrait s’attendre.

Ils montrent aussi qu’en favorisant des méthodes de gestions des terres agricoles amazoniennes, l’ampleur des incendies peut être réduite des deux tiers. Car aujourd’hui, pour prévenir la repousse dans les zones déforestées, les agriculteurs rebrûlent les sols tous les trois à cinq ans, ce qui balance presque autant de carbone dans l’atmosphère que la déforestation.

Le verdict? Il ne suffit pas de décréter la fin de la déforestation pour voir la situation s’améliorer sur le front de la lutte contre les gaz à effets de serre. Sans accompagnement par la formation à des méthodes agricoles «ininflammables», les mécanismes financiers REDD, envisagés pour aider le Sud à lutter contre la déforestation, ne serviront à rien. Il faudra donc suivre, de l’espace, l’évolution du brûlage comme pratique agricole, sous peine de subventionner des incendiaires…

Ah, un détail… Si on arrête de brûler pour entretenir les zones agricoles déjà gagnées sur l’Amazonie, comment feront les cultivateurs? Avec des engins agricoles, pardi. Allez hop, vous reprendrez bien une tonne de CO2?

(1) Edition du 4 juin 2010.

3 commentaires

  1. Merci pour cet article relativement… inquiétant.
    En effet, il semble que nous soyons au sein d’un cercle vicieux, dans lequel les émissions de CO2 ne pourraient être diminuées…
    Je persiste à croire néanmoins qu’il faut stopper la déforestation massive et industrielle et former les agriculteurs/cultivateurs locaux à des pratiques plus propres.
    Enfin pour ce qui est des incendies « naturels », je suis peut être parano, mais cela ne m’étonnerait pas qu’une grosse partie soit une diversion des industriels pour gagner toujours plus d’hectares exploitables…

    Face à cette deforestation, d’autres alternatives se développent avec de nombreux projets de reforestation, en Amérique Latine mais aussi en Afrique. Même si cela ne compense pas (encore), les pertes immenses, je pense que ce sont de bons projets. Un exemple ici: http://www.tree-nation.com/projects.

    Jérémy


  2. Bonjour,
    les poumons de la planète continuent de s’atrophier … pour quoi en fin de compte ? Pour élever des steaks cuits à l’huile de palme et nourris au soja. J’ai du mal à digérer du coup !

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