Tous les ans c’est la même chose. Les avions sont renvoyés en révision, les prévisionnistes prennent leurs congés: la saison des cyclones est achevée dans l’Atlantique. Avec un bilan en demi-teinte. Si les passages de cyclones à terre se sont faits rares, certaines régions ont été durement touchées. Notamment par Dean, qui a dévasté une partie des Antilles et tué vingt personnes. Dean était particulièrement puissant, avec une pression minimale de 906 hpa, le troisième niveau le plus bas de mémoire de baromètre. Felix a lui tué plus de cent personnes en Amérique centrale. C’est d’ailleurs la première fois que deux cyclones de catégorie cinq (les plus puissants) frappent la terre au cours d’une même saison.
On ne consolera pas les proches des victimes en disant que ça pourrait être pire. Toutes les conditions météorologiques étaient réunies pour faire de 2007 une annus horribilis, notamment l’installation d’un épisode «la Niña» dans le Pacifique, réputé doper les cyclones des Caraïbes. Quatorze événements d’importance (ceux qui reçoivent un prénom) ont été enregistrés, alors que les modèles de prévision officiels américains indiquaient entre 13 et 16. Six cyclones constatés, pour 7 à 9 prévus. Mais surtout, hormis les deux géants Dean et Felix, de nombreuses dépressions se sont rapidement volatilisées sans toucher terre. (L’administration américaine a composé une jolie animation qui donne les trajectoires des dépressions).
Chez William Gray (1), un universitaire américain bien connu des spécialistes des cyclones, on a déjà rendu publique l’analyse de la saison. Son équipe reconnaît que ses prévisions étaient, sur certains points, erronées. Elle tente d’expliquer ce qui a pu se passer. Non pour se dédouaner, mais parce que chaque saison cyclonique fait l’objet d’un retour en arrière scientifique fouillé, seul moyen de faire progresser les modèles de prévision à long terme. Même si cela n’explique pas complètement l’écart entre modèles et réalité, comme en 2006, la présence de poussières venues d’Afrique a —en voilant un peu le soleil— freiné le réchauffement de l’eau au large du continent, dans la région où se forme les grands cyclones de l’Atlantique. On pourrait peut-être demander à Planktos de balancer des poussières dans l’atmosphère au printemps et en été, au lieu de s’épuiser à cracher de la limaille de fer aux Galapagos pour doper le plancton.
(1) Ses premières prévisions pour la saison 2008 (1er juin – 30 novembre) doivent être publiées sous peu.
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