Ce sont sans doute les premières élections de l’histoire, dont le résultat dépendra directement de la vision qu’ont des électeurs du réchauffement climatique.
Cela se passe en Australie. Le 24 novembre, les australiens se rendront aux urnes, après la dissolution du Parlement proposée par le premier ministre sortant, le conservateur John Howard. Ce dernier, qui se refuse toujours à ratifier le protocole de Kyoto, le jugeant contradictoire avec la survie de l’économie australienne, est donné perdant dans les sondages, devant les Travaillistes.
L’Australie, second berceau, après les Etats-Unis, de la contestation du rôle des activités humaines dans le réchauffement climatique, s’est fendu d’une déclaration dimanche. Devant une opinion publique de plus en plus concernée par les conséquences du réchauffement (certaines régions de l’Australie vivent une sécheresse sans précédent), le premier ministre a réagi à la publication du rapport des experts de l’Onu par un «La terre ne s’arrêtera pas de tourner demain en raison du changement climatique».
Howard, comme un certain George W. Bush aux Etats-Unis, ne démord pas du double credo des faux sceptiques: la technologie sauvera la planète de la surchauffe, et ce sont les pays en développement, Chine et Inde en tête, qui sont les moutons noirs du carbone. En face, le travailliste Kevin Krudd accuse son adversaire de jouer l’autruche et de s’enterrer la tête dans le sable.
Cette division politique australienne sur la question de l’avenir de la planète, n’a pas échappé aux observateurs. A commencer par la très britannique revue scientifique Nature qui a consacré son dossier de Une jeudi aux implications politiques du climat de la planète.
En tous cas, si d’aventure Howard devait échouer dans sa quête de rester à la tête du pays, l’administration Bush se trouverait un peu plus seule à Bali, dans moins d’un mois, pour tenir tête à l’Europe lors des négociations sur l’après-Kyoto.
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