Des Verts et débats

Dechet
Au moins, Voynet fait réagir. Preuve que l’écologie intéresse plus les libénautes que les hommes politiques, et même les journalistes (1). Après le succès, mitigé mais pas tant que ça, des manifs du week-end contre l’EPR, on ne peut qu’espérer que l’environnement et l’énergie s’installent durablement dans la campagne électorale.

Qu’on ne s’y méprenne pas. Ma phrase sur les Verts jugée assassine dans plusieurs commentaires vendredi visait plus les états-majors que les militants de terrain. Je suis d’ailleurs tombé par hasard hier soir sur une émission de la Cinq dont les intervenants, politologues pour la plupart, ne disaient pas autre chose: le mouvement des Verts a brouillé son image en voulant se donner l’image d’un parti de gouvernement, capable d’avancer des propositions dans tous les domaines, notamment sociétaux. Et, pendant les trois années passées à la tête de la rubrique Terre, j’ai été sollicité -et je continue à l’être- par tout ce que la France compte d’associations militantes locales, sur la lutte contre l’implantation de tel ou tel incinérateur, sur le refus des fermes éoliennes, ou par les grandes ONG mondialisées. Mais les Verts ont toujours été d’une grande discrétion, à l’exception de quelques élus très communicants.

Gageons que la campagne électorale permettra aux Verts de réveiller les débats environnementaux qui ont quelque peu été confisqués à l’automne par le trublion Nicolas Hulot. Toute majorité de gauche aura besoin de Verts puissants, capable de peser -surtout à propos d’environnement- sur une politique gouvernementale et de démontrer que les succès des élus locaux peuvent se traduire à l’échelle nationale, et qu’il n’est pas nécessaire de s’éclairer à la bougie pour réconcilier les humains avec leur environnement.

(1) Un exemple, à Libé même: l’environnement ne figurait pas comme l’un des cinq grand thèmes proposés aux internautes désireux de dialoguer avec les candidats. Il a échoué comme l’un des sous-thèmes de la rubrique Société, remportant pourtant un joli succès (25% des questions), même si les réponses des candidats sont bien ternes.

9 commentaires

  1. vous dites « le mouvement des Verts a brouillé son image en voulant se donner l’image d’un parti de gouvernement, capable d’avancer des propositions dans tous les domaines, notamment sociétaux. »… et vous en restez, comme la plupart des analystes politiques, à une image des verts qui correspond à votre conviction de « ce qu’il doivent être ». Je me demande si vous, et les analystes politiques en question, vous êtes déjà VRAIMENT intéressé à ce que sont les verts, à leur projet politique global… Les verts portent un projet de société, basé sur des valeurs de responsabilité, de solidarité et d’autonomie, qui place l’écologie au coeur de son diagnostic et des solutions proposées. Ils ne « veulent » pas donner l’image d’un parti ayant des propositions sur tout. Ils SONT un parti ayant des propositions sur tout. Et je ne comprends pas pourquoi vous n’arrivez pas à le comprendre. Faire pression pour influencer les politiques sur 1 sujet particulier (ex : isolation des bâtiments, pas d’OGM, alternative au nucléaire, plus de transports en commun, etc..), c’est du lobbying, c’est très utile, très respectable, mais ce n’est pas le boulot d’un parti. Hulot a failli l’oublier.

  2. Je n’aime pas intervenir sur ces querelles.
    Malgré tout : bonne chance à Dominique
    Voynet.

  3. Denis, merci d’éviter les « politologues » ou autres « experts » que l’on voit à la télévision. Comme le consulting ou le marketing : nocif, inutile, blablateux et sans objectif concret.
    En revanche, d’accord avec la remarque de Jseb. J’apporte un autre éclairage sur la notion d’écologie : j’étais au salon Vivre Autrement du Parc Floral ce week end. En un salon, multitude de stands sur la nourriture bio, les vêtements, les aménagements à la maison (un salon Ecobat très intéressant aussi), les programmes d’aides Nord/sud, etc etc… C’est ça aussi la vision d’une société partageuse et généreuse, éthique et responsable. Je ne dis pas que tous les stands inspiraient une divinité écolo (parfois, ça sentait la semi-arnaque ou le gloubiboulga compassionnel), mais c’est une voie intéressante et une vision pour une fois non-consumériste (enfin, pas à l’excès). En ce sens, pour en revenir à l’écologie, c’est effectivement un projet de société, car on ne me convaincra pas sur le fait que poursuivre notre mode de vie selon les principes du capitalisme actuel est une bonne chose (et surtout le capitalisme financier qui est tout sauf partageur et généreux !!). Alors, oui, la remise en question d’une société est aussi à l’ordre du jour. C’est aussi ce qu’à oublié Nicolas Hulot, qui a été trop gentil sur sa campagne. Tous les politiques ont gentiment signé son pacte, avec petite tape sur l’épaule au passage : « c’est bien Nicolas, tu es un brave garçon », mais il n’en reste pas moins que de Laguiller à Le Pen, aucun ne semble sincère sur une réelle vision écologique des choses. A part Voynet. Et c’est bien là le drame de l’écologie, car elle doit forcément contrer un jour à la fois le productivisme de gauche (« sauvegardons coute que coute les emplois ! ») et le libéralisme de droite (« ne nous faites pas retourner à la bougie ! »).
    Sacré problème.

  4. Bonjour,

    Peu de choses à ajouter au message de JSeb. J’ai effectivement du mal à comprendre pourquoi nous, les Verts, n’arrivons pas à faire passer le fait que l’écologie politique est… politique, et non pas simplement environnementaliste.

    Il faut faire de l’environnementalisme pour l’environnement et pour le bien-être humain, il faut faire du social pour le bien-être humain et l’environnement, c’est étroitement lié. Nous savons très bien que les pauvres sont ceux qui pâtissent le plus des problèmes environnementaux, nous savons aussi que la grande misère rend, souvent, les gens moins soucieux de leur environnement.
    Normalement vous devriez être d’accord avec cela, mais me répondre : « d’accord, mais quel besoin les Verts ont de s’exprimer sur l’euthanasie, le mariage gay, la culture, la démocratie participative ? », des questions de moeurs, sociétales.
    Les maîtres mots de la réponse sont « diversité » et « respect ». Les Verts, les écologistes politiques, s’appuient entre autres principes fondateurs sur le respect de la bio-diversité. Et l’étendent, sans le moindre problème d’incohérence au principe du respect de la diversité culturelle, de la diversité des moeurs, au respect de la parole d’autrui quel que soit son « statut ».
    A ce titre, je vous incite fortement à suivre le déplacement de Dominique Voynet à Bordeaux, jeudi 22 mars : le programme culturel des Verts y sera présenté, avec comme illustration le livre Vert de la culture à Bordeaux. Ce dernier est un bijou, le parallèle entre diversité culturelle et biodiversité y est explicité, et la démarche pour l’élaborer est un modèle de démarche participative et respecteuse.
    Je peux envoyer un exemplaire de ce livre vert à quiconque me le demande par courriel.

    Bien cordialement

  5. Décidement cher Denis Delbecq, vous vous enfoncez…Voilà que vous opposez maintenant militants de base et états-major (quand je parlais d’un vieux fond de poujadisme); écologie tout court et écologie politique… La solution à quelques-uns de nos problèmes passe par une vision globale des choses et des solutions qui prennent en compte l’ensemble du système. Pourquoi les écologistes font-ils de la politique? Allez voir http://www.etopia.be/article.php3?id_article=192

  6. Je suis assez d’accord avec les points de vue de Jseb, de Ben et aussi de Helmet.
    Pour essayer quand même de faire des distinctions: il y a des questions écologiques qui touchent aux structures de la société, et sont donc politiques, et d’autres qui ont plus à voir avec les comportements individuels (à tolérer?, à réorienter?)
    N’y aurait-il pas de la part des Verts un refus de choisir entre la « vraie » écologie politique (celle qui veut proposer les alternatives indispensables au libéralisme ou au productivisme) et un indivisualisme libertaire, qu’on met dans le même paquet « humaniste », mais qui est probablement plus une survivance de l’histoire ancienne du mouvement.
    En ce qui me concerne, même si les positions de Verts sur les questions dites de société me vont plutôt bien, je trouve que cet habillage parasite le débat le plus important, car trop folklo, trop voyant, et pain béni pour les médias qui cherchent à se dédouaner un peu facilement de leur tiédeur pour les questions écologiques.

  7. Les Verts ont surtout commis l’énorme bourde de se positionner à gauche, sous la houlette de Voynet, et ce juste pour quelques maroquins. En persévérant dans la voie du « ni droite ni gauche » waechtérien, qui avait déjà permis de dépasser 10%, et en ne se commettant pas avec cette entreprise de recyclage d’élus qu’était Génération Ecologie (cf Noël Mamère), il y avait moyen de persévérer dans la durée, au lieu de changer de cap dès les premières tempêtes !

    D’ailleurs, les Verts ne parlent plus que de mariage homosexuel, de logement social, etc. Plus de vrai programme environnementaliste ambitieux…

  8. Le « nidroite-nigauche » ne marche pas bien avec la bipolarisation due en grande partie au système électoral. Il est donc normal que ceux qui veulent agir concrètement cherchent des alliances, si possible les plus compatibles avec leurs idées. C’est aussi parce qu’il y a des élus Verts que des progrès ont lieu et que le discours écologiste trouve une crédibilité.

    Le problème du mélange des genres, si c’en est un, vient probablement plus du fait que le filtre environnement crée de nouvelles catégories.
    Avant que l’environnement ne prenne sous la pression des faits l’importance politique qu’il mérite, et qu’il se combine au filtre économique et social, il y a un mouvement de dispersion qui touche en premier les groupuscules les moins stables, et souvent porteurs de ces dérives.
    Donc pas de regrets sur Waechter et Lalonde, s’il y a un bon cap à tenir, c’est celui de la mouvance la plus crédible, avec ses défauts aussi.
    Bon courage à Dominique Voynet

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