Les crises budgétaires, c’est bien connu, ça repousse les catastrophes. Donc, c’en est fini du risque de marée noire en Europe de l’ouest. C’est ce que semble penser le gouvernement britannique qui, pour faire de petites économies, a décidé de supprimer les quatre remorqueurs de haute mer chargés de protéger les côtes du royaume. A partir de septembre prochain, les navires en difficulté le long des côtes britanniques devront faire appel à des remorqueurs privés…
En cas d’avarie dans une mer difficile, il y a peu de la panne à la catastrophe. Et quand le capitaine d’un navire en difficulté doit se retrouver à négocier le bout de gras avec des sociétés de remorquage, ça finit parfois mal. Vous vous rappelez l’Amoco Cadiz? Je n’étais pas bien grand, mais je m’en rappelle encore. L’Amoco, ce sont 227 000 tonnes déversées à la côte pour des histoires de palabres qui durent entre le capitaine et un remorqueur privé… C’est bien pour cela que la Grande-Bretagne s’était dotée d’une flotte de quatre navires gérée par les coastguards, après une marée noire accidentelle survenue en 1996. Une flotte qui permettait aux autorités de contraindre un navire au remorquage.
Sur sa façade Atlantique, la France dispose de trois navires, basés à la Rochelle, Brest et Cherbourg. Tout le monde se rappelle les images spectaculaires du naufrage de l’Erika, filmées par Hervé Hamon depuis l’Abeille-Flandres. C’est d’ailleurs ce naufrage en 1999 qui avait conduit Paris à boucher un sacré trou dans sa couverture de remorquage. Aucun moyen public de remorquage n’était disponible dans le détroit du Pas-de-Calais, l’une des concentrations de navires les plus élevées au monde: pas moins de 200 millions de tonnes de marchandises dangereuses y transitent chaque année. Le navire d’assistance le plus proche, basé à Cherbourg, se trouvait à 145 milles marins de Boulogne-sur-mer, soit une dizaine d’heures de route.
Le détroit du Pas-de-Calais en chiffres
Etroit de 28 km entre le Cap Gris-Nez et Douvres, le détroit est l’un des passages maritimes les plus fréquentés au monde. Chaque jour transitent entre 400 et 500 navires à destination —ou provenant— des grand ports du Nord de l’Europe et la Baltique, ainsi que les nombreux ferrys qui assurent les deux tiers du trafic Transmanche depuis Calais. La navigation y est très délicate, notamment pour les navires à grand tirant d’eau, puisqu’il y a de nombreux bancs de sable, de forts courants et un brouillard fréquent.En 2008, le Détroit a transporté 276 millions de tonnes de marchandises dangereuses (dont une moitié de pétrole). L’an dernier, crise oblige, le trafic à chuté à 200 millions de tonnes. Selon le bilan annuel du Cross Gris Nez, qui coordonne la protection des côtes dans le Nord de la France, 50 navires lui ont signalé une avarie en 2009. Le Cross gère la partie montante du trafic, le rail descendant étant confié aux anglais. L’Anglian Monarch a remorqué deux navires de commerce, et escorté 4 autres l’an dernier, côté français.
Depuis 2000, la France et la Grande-Bretagne se partageaient donc les factures de l’Anglian Monarch —de l’ordre de 10000 euros par jour—. Le navire patrouillait dans le détroit, pour moitié dans les eaux françaises et pour l’autre dans les eaux britanniques, depuis les ports de Boulogne et de Douvres. Pas plus tard que samedi, rappelle la Voix du Nord ce matin, l’Anglian Monarch a escorté un cargo chypriote victime d’une avarie mécanique. Mon petit bonhomme, qui connaît ce navire depuis qu’il est né, parce qu’on l’aperçoit souvent du haut de nos falaises nordiques, l’avait baptisé «dépanneuse des mers». Je lui dis quoi maintenant?
La décision britannique aura au moins le mérite de mettre notre gouvernement devant ses responsabilités. La défection britannique l’oblige à consacrer 1,8 millions d’euros supplémentaires à la protection des côtes de la Manche et de la Mer du Nord. En cette période d’économies de bouts de chandelle, le lider maximo verde de l’Elysée prendra-t-il le risque de noircir à nouveau le littoral français?
De toute façon, c’est bien connu qu’une entreprise privée fait cela mieux qu’une entreprise publique.
De l’autre côté, une fois le littoral noirci, on peut embaucher des milliers de volontaires pour les tâches de nettoyage et démazoutage. Cela augmentera le PIB, et permettra de parler d’autre chose que le chômage, le chômage, la crise économique, le chômage te la crise économique 🙂
C’est peut être même le but recherché.
Jancovici sort de ce corps ! 😉
Jean-Marc est au chômage, maintenant que son « boss » a refusé un poste chez Borloo, qui lui-même semble avoir été refusé comme hôte à Matignon.
Mouais… Je ne me fais pas trop de soucis quant à son activité professionnelle. Je pense que pas mal de chômeurs ont des conditions de vie bien moins rigolote !
quelques exemples ici:
http://theeconomiccollapseblog.com/archives/will-you-be-able-to-heat-your-home-this-winter-millions-of-american-familes-will-not