La Fin du tunnel pour «Le Monde», le retour de la faim pour les autres

«Est-ce le bout du tunnel?» C’est la question que posait un article d’Alain Faujas dans les colonnes du Monde ce samedi. Le journaliste relatait la hausse depuis fin décembre de l’indice «CRB» calculé à partir des cours de matières premières: des métaux et des produits agricoles. Et précisait que des économistes croient déceler là l’un des signes que le fond de la crise économique a peut-être été touché en décembre.

Je passe sur le prix de la ferraille d’occasion, qui chute depuis des mois, et baissera encore en Europe avec l’arrivée en Grande-Bretagne des trente et quelques mille tonnes d’acier de l’épave flottante et polluée du Clemenceau. Non, ce qui m’inquiète, c’est la froideur avec laquelle on peut annoncer dans un quotidien de référence que le prix du blé et du maïs a repris 20% ces dernières semaines. Sans dire les conséquences dramatiques que tout cela peut engendrer au sud.

Ce qui m’inquiète, c’est que le dernier état mensuel des cours du riz, que j’ai reçu aujourd’hui de la FAO (1) souligne aussi que cette céréale se négociait plus cher en janvier qu’en décembre, pour la plupart de ses variétés. Pour mémoire, le cours du «Thai Blanc 100% B seconde catégorie» que je cite en référence, coûtait 385 dollars la tonne en janvier 2008. Il avait grimpé à 963 dollars en mai dernier, avant de fondre jusqu’à 582 dollars sept mois plus tard. En janvier 2009, il est à nouveau en hausse (611 dollars/tonne).

Pourquoi cette inquiétude sur le riz, le blé ou le maïs? Parce que le cours de l’acier influe certes sur le taux de chômage dans les pays riches ou pauvres. Mais les cours des céréales agissent directement sur le nombre d’humains qui crèvent de faim, et indirectement sur le niveau de vie de ceux qui ont la chance de pouvoir vivre de leur travail.

Il y a seulement deux mois, quand les cours alimentaires avaient commencer à baisser, certains avaient critiqué la FAO et les ONG qui expliquaient que les populations en danger alimentaire n’en profiteraient pas, et que les cours repartiraient à la hausse. Aujourd’hui, c’est semble-t-il chose faite. Depuis des décennies le nombre de crève-la-faim avait baissé avant de regrimper sous les coups de boutoir de la spéculation. Parce qu’à n’en pas douter, si le cours des céréales de première nécessité regrimpe, c’est que certains investisseurs ont parié sur la hausse. Faites qu’ils se trompent, qu’ils prennent une belle veste financière, et qu’au passage les ONG puisse acheter à bas prix les graines dont la moitié sud de la planète a besoin.

(1) Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture

3 commentaires

  1. « Parce qu’à n’en pas douter, si le cours des céréales de première nécessité — (missing word !) —, c’est que certains investisseurs ont parié sur la hausse. »

    Je ne suis pas très fort en économie, mais si j’ai tout bien compris, c’est « remonte » ou « repart à la hausse ».

    Merci pour cet article Denis, et pour votre participation au lobby… des consciences…

  2. Et en plus il y a une sécheresse en Chine…

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