Le prix du pétrole, c’est élastique

Enfin, la consommation de carburant réagit à la hausse du prix du baril! En 2006, Libération avait publié un supplément sur les vertus du pétrole cher, dont j’avais co-signé l’édito avec Vittorio de Filippis. Au même moment, parce que l’essence commençait à flamber, le Parisien caressait ses lecteurs dans le sens du poil. Un contraste qui m’avait valu un passage télé, devant l’audience confidentielle de France 4 si je me rappelle bien. Et je m’étais fait copieusement engueuler par des lecteurs, des journalistes de Libé et des copains.

Mais je persiste et je signe: la hausse du prix des carburants a bien des vertus. Selon l’UFIP (qui regroupe les principales compagnies pétrolières en France), la consommation a chuté en juin de 10% par rapport à la même période de 2007. Pour l’essence, la baisse est de 15% (7,48% sur six mois) quand elle est de 8,7% pour le gazole (hausse de 0,65% sur 6 mois). Vu que l’écart de prix entre les carburants  subit une cure d’amaigrissement accélérée, c’est sans doute que les particuliers ont tempéré leurs déplacement tandis que les camions continent de rouler. Parce qu’évidemment, on ne repense pas une politique des transports en quelques mois. Mais au train de sénateur choisi par l’équipe du lider maximo verde, il y a peu de chance que les choses changent!

Pour la peine, je vous redonne l’édito qu’on avait écrit à quatre mains dans le supplément de Libé du 29 mai 2006. Deux ans plus tard, on dirait qu’il n’a pas pris une ride.

«La fin du pétrole n’est pas pour demain. Mais la fin du pétrole bon marché est avérée. Le baril à trois cents dollars n’est plus un mythe. Experts, banquiers, militants, militaires, planchent déjà sur ce futur possible, pour ne pas dire proche. La difficulté croissante à étancher la soif planétaire en pétrole est chaque jour plus évidente. Le Nord pompe à tour de bras depuis près de cent cinquante ans, et le Sud aspire logiquement à le rejoindre.

La consommation mondiale, les formidables tensions géopolitiques, tirent le prix du baril vers le haut dans une spirale infernale. Cette situation provoque des raisonnements en noir et blanc. Les optimistes parient que la technologie, l’argent dégagé par un pétrole cher, doperont l’exploration et la découverte de nouveaux gisements. Les autres voient le compte à rebours déjà enclenché, le monde consommant presque autant en vingt ans qu’il ne l’a fait depuis la construction du premier derrick: technologie ou pas, d’ici deux décennies, peut-être même une seule, l’or noir aura quasiment disparu. Et bien avant cela la carte politique du monde risque d’être profondément bouleversée, car les pays assoiffés d’or noir n’assistent pas les bras ballants au désastre annoncé.

Nous réagirons. Aujourd’hui? Demain? Une seule certitude, ce sera sans doute tard, et notre inertie risque fort de gripper les rouages d’une mondialisation triomphante. Sans même parler des autres conséquences de cette fringale d’or noir –pollution, réchauffement du climat, montée des océans– considérées en général comme quantité négligeable. Qui se soucie des populations les plus vulnérables, de celles qui, par centaines de millions, seront les premières victimes d’un pétrole toujours plus cher, qu’elles ne pourront plus s’offrir? Qui, hormis les scientifiques, économistes, anthropologues, écologues, agronomes, physiciens de l’atmosphère et ONG, s’inquiète de la facture des coûts externes engendrés par une planète shootée au pétrole? Pas les politiques. Pourtant, dès la conférence de Stockholm en 1972, l’environnement s’est invité dans les débats, et les Etats ont été confrontés à la réalité de leur interdépendance planétaire. Certes, en 1992, la conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement de Rio de Janeiro a débouché sur nombre de conventions d’importance majeure, sur le climat par exemple, ou encore la biodiversité. Enfin, le sommet de Johannesburg en 2002 a tenté de considérer le développement social comme la clé de voûte du développement durable. Mais tout cela avec les résultats qu’on sait: trois fois rien. La prise de conscience est réelle, mais les actes tardent. Et le pétrole n’en finit pas de s’envoler sans autre conséquence que de durcir la vie quotidienne. Et si, pourtant, ce baril hors de prix avait des vertus? Aujourd’hui, personne ou presque ne se soucie de consommer mieux, c’est-à-dire de consommer moins de ressources et surtout d’énergie. En dépit d’un engouement sans précédent, les énergies «propres», sans hydrocarbures ni déchets à long terme, ne pèseront au mieux que 2% de la consommation mondiale en 2030. Même l’atome n’y pourra rien. Pourtant, la Chine, l’Inde, l’Europe, n’en finissent pas de planter des moulins à vent; le Brésil fait tout pour sucrer ses moteurs et ceux du reste du monde; et les adeptes du diesel à huile découvrent des qualités à la friture.

Un pétrole cher, c’est l’assurance que les milliers de projets, d’expériences du moins consommer, ou du consommer autrement, ne seront plus de simples gouttes d’eau réservées à quelques bobos. La plupart des idées qui germent ici et là n’attendent plus qu’un petit coup de pouce et beaucoup de pédagogie: est-il normal que l’Autriche affiche trois fois plus de chauffe-eau solaires que la France? Est-il raisonnable d’utiliser des hordes de camions quand le rail a prouvé depuis longtemps son efficacité? Est-il judicieux que les ingrédients d’un simple pot de yaourt parcourent plusieurs milliers de kilomètres avant d’atterrir sur nos tables? Est-il légitime de dégrader les côtes chiliennes en quelques années pour assouvir l’appétit de saumon des Européens?

Le choc pétrolier dont nous vivons les prémices exige des politiques ambitieuses, pour forcer les uns, et accompagner les autres. Mais on ne les voit se dessiner ni en France ni en Europe ni ailleurs. La cure de désintoxication au pétrole aujourd’hui, la panne sèche demain, seront d’autant plus violentes que les responsables politiques auront gardé leurs œillères. Pourtant, le développement durable, trop souvent considéré à tort comme un simple thème en vogue, ambitionne d’instaurer un état universel de bien-être en «écologisant», en humanisant l’économie. Chacun, politiques en tête, récite sans se tromper la définition du développement durable: «Un type de développement qui permet de satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.» Mais voilà, chacun voit la durabilité à sa porte. Si nous ne faisons rien, demain, le baril sera à prix d’or quand le sevrage sera impossible et le climat en surchauffe. Alors aujourd’hui, ce pétrole déjà cher est l’occasion ou jamais de changer notre monde. Vive le pétrole cher, donc!»
DENIS DELBECQ et VITTORIO DE FILIPPIS

33 commentaires

  1. Tout à fait d’accord, ce n’est pas très politiquement correct et il ne faut pas négliger les risques de guerre et récession que le pétrole cher va provoquer mais c’est peut-être ce qui nous sauvera du désastre climatique en donnant des raisons financières de basculer aux énergies propres. A moins que ça ne fasse que doper le charbon : 2/3 de la production d’énergie en Chine, la moitié aux Etats-Unis 🙁

  2. J’étais d’accord avec vous à cette époque. Mais 2 facteurs m’ont fait changer d’avis:
    – d’une part la consommation de pétrole reste la même d’un point de vue global. Toute la production est consommée point barre! On siphonnera jusqu’à la dernière goutte d’or noir.
    – le pétrole cher ça veut dire d’autres alternatives, c’est vrai. Mais est-ce que ces alternatives sont le charbons (liquide ou pas) ou les énergies renouvelables. Dans nos beaux paradis occidentaux, je dirais les énergies vertes (et encore…) mais dans les pays en développement, je parierais plutôt sur le charbon. Et c’est sans parler des sables bitumeux qui deviennent rentables…

    Donc, la hausse du prix du pétrole est bonne par certains aspects, notamment car elle nous brosse dans le sens du poil, nous les écolos décroissants. Mais dans l’ensemble, je la trouve plutôt néfaste, moi!

  3. le problème c’est pas le pétrole, c’est l’individualisme…

  4. Pétrole cher d’accord mai s’il pouvait déja l’etre pour le futile et l’inutile plutot que sans discernement. En effet quand on est un particulier qui ne peut pas changer sa situation, la seule chose qu’entraine une hausse c’est un transfert vers le propriètaire du pétrole qui s’en met plein les poches et se paye un beau jet privé avec le bénéfice.

  5. D’accord avec Fab, le prix n’empéchera pas la consommation de la dernière goutte et va provoquer un report sur d’autres sources d’énergie. En fait le probleme vient de la quantité d’humains sur Terre et de leur système économique capitaliste libéral. Si nous ne réduisons pas la quantité d’humains et leur ambition d’enrichissement sans limite, la Terre y passera tout entière.

  6. Arg, j’ai oublié un troisième probleme. Les humains sont pour la plupart des croyants irrationnels qui vont espèrer vainement la venue du sauveur.
    En résumé, on est foutus

  7. Arg, votre vision des choses est pessimiste Jean-Christophe 🙁
    Nous avons nos défauts mais aussi la qualité de réfléchir est donc potentiellement de changer. Si certains s’évertuent à sensibiliser, à lancer des campagnes de transports alternatifs ( pédibus, velos …), à promouvoir le covoiturage et à suggérer à leurs semblables de consommer différemment c’est parce que c’est un premier pas vers un changement plus général des mentalités.

    Le pétrole cher, c’est bien , mais n’est-ce pas une bonne raison pour s’enfermer dans l’immobilisme ou dans les réponses facile comme le nucléaire ? Au delà du débat pour ou contre le nucléaire, comme le souligne Denis nous devons consommer mieux et donc moins.

    Bonne journée

  8. Nathalie-J
    Désolé, mais je ne suis que réaliste

  9. Comme disait Guillaume d’Orange « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer »… Je n’ai que ça à dire…

  10. Et aussi cette comparaison qui apporte un éclairage nécessaire afin d’éviter certaines divaguations : Le prix du pétrole en dollars et en euros, avec et sans l’inflation, avec indication du taux de change euros/dollars selon les années.

    Fait aussi la comparaison en heures de travail au SMIC, ce qui est plus concret et réaliste.

  11. @Thomas, j’ai regardé la page de futura sur les quantités d’électricité qui seraient nécessaires pour remplacer les véhicules actuels par des véhicules électriques. La méthode utilisée conduit à des erreurs très importantes: tout d’abord, sur les 49 Mtep de carburants que nous consommons, seuls 40 Mtep sont utilisés par les véhicules routiers, soit 470 TWh. D’autre part, ce n’est pas seulement le rendement moteur, environ 20 % qu’il faut considérer, mais le rendement en énergie utile transmise aux roues,qui n’est que de 10 %, du fait qu’une voiture à moteur thermique consomme à l’arrêt aux feux rouges, ne récupère pas d’énergie dans les descentes ni au freinage, etc..Comparé à cela, le rendement utile d’une voiture équipée d’un moteur électrique est d’environ 70 %, soit 7 fois plus. La demande en énergie électrique n’est donc que de 70 TWh environ; Il faut bien entendu tenir compte des pertes dues au chargeur,à la batterie, aux pertes en ligne.J’accepte une perte de 40 %, bien que je pense que c’est plutôt 30 avec les nouvelles batteries au lithium et un bon chargeur ( on n’est pas forcé d’en acheter un médiocre!). Le résultat des courses est 120 TWhe et non plus de 400 comme il est indiqué! Ce n’est quand même pas pareil !!!

  12. A prendre en compte également le fait qu’un parc automobile se renouvelle en 20 ans.

    Proposition alternative : on prend tout les grands boulevards qui font 2*4 voies (voir 2*5 voies!) dans les grandes villes on les rase et à la place on construit 1/4 logements, 1/4 usines,1/4 commerces, 1/4 espaces verts… Plus besoin de voitures en ville : problème réglé en 2 fois moins de temps et la durée de vie de la solution est de l’ordre du demi-siècle.

  13. Pour Jancovici c’est 200 à 300 TWh d’énergie finale dont on aurait besoin pour électrifier le parc de voitures. Ce qui l’amène à dire qu’il nous faut de 400 à 500 TWh d’énergie primaire.

    A noter que son calcul date de 2003, mais c’est cohérent avec le site de Futura24, qui a, peut être pompé sur JMJ…peut être pas.

    Le refonte de l’urbanisation étant, pour lui, la meilleure solution.

    http://www.manicore.com/documentation/voit_elect.html

  14. @Romu, vous n’avez pas bien lu ce qu’a écrit Jancovici. Les 200 à 300 TWh dont il parle représentent la consommation d’électricité des véhicules et il dit que cela représente 40 à 60% de notre production d’électricité. Mais il base ses calculs, comme il le dit explicitement, sur une efficacité de la filière électrique qui n’est que de 2 à 3 fois supérieure à celle de la filière thermique. Lui aussi, il commet l’erreur de faire ses calculs à partir du rendement moteur, et dans ce cas son calcul est à peu près exact, alors que le calcul doit être fait à partir du rendement utile. Le rendement du moteur thermique d’une Prius n’est guère supérieur à celui d’un moteur à essence classique, et on s’en rend compte sur autoroute où sa consommation aux 100 km n’est guère inférieure. Par contre, l’usage d’un moteur électrique et d’une batterie, pour servir de régulateur au moteur thermique et récupérer de l’énergie au freinage et dans les descentes, lui donne un avantage énorme dans les trajets heurtés qui représentent la plupart de nos trajets. Un véhicule électrique pur aurait un avantage encore plus grand.
    Evidemment, en énergie primaire il faut multiplier les valeurs de la consommation électrique par presque 3. Si l’on fabrique l’électricité avec des combustibles fossiles comme en Allemagne et au Danemark, cela entraîne une consommation de ceux-ci qui est rédhibitoire! Mais quand ils produiront toute leur électricité avec de l’éolien et du solaire comme nous le promet Tilleul, il n’y aura plus ce problème. Mais ce n’est pas le sujet traité par futura, ni par Jancovici.

    Je ne pense pas que futura ait pompé sur JMC, au vu des détails du calcul.

    Grâce à Thomas, j’ai pu regarder, un peu superficiellement je l’avoue, les discours de cette organisation. Ils soulèvent de bons lièvres, mais la plupart de leurs calculs sont des calculs de coin de table qui révèlent qu’ils n’ont pas une connaissance suffisante des problèmes qu’ils traitent. Leur article sur le charbon par exemple montre qu’ils sont bien au courant des statistiques, mais qu’ils ne connaissent pas grand chose de la géologie du charbon et de ses méthodes d’exploitation. Et indiquer des dates précises sur la fin du charbon, c’est un non sens. Les articles sur le nucléaire montrent qu’ils n’ont pas les idées bien claires sur les notions d’énergie primaire, d’énergie finale et d’énergie utile, etc… C’est du travail d’élève-ingénieur…Il leur faut prendre de la bouteille et moins mettre les faits au service de conclusions préétablies.

  15. Mein Gott si on m’avait dit un jour que j’en serais réduit à défendre un calcul de Jancovici…

    10% c’est en cycle urbain (moteur froid, stop & go, sous-régime…) mais la moitié du kilométrage se fait aussi en cycle route ou le moteur est plus à son aise (28% pour une essence et 32% pour un diesel). C’est d’ailleurs le grand avantage d’une hybride que de pouvoir faire tourner le moteur au maximum de ses capacités en lançant le rechargement des batteries au moment où le moteur est en sous-régime… (google image me donne des bonnes ilustration ici : http://www.mit.jyu.fi/mweber/consommation/ ). Je dirais donc plutot 15% en moyenne (13 à 18% selon le conducteur).

    Dans le rendement aux roues il y a tout un tas de paramètre qui ne dépendent pas du moteur électrique : transmission, électronique de bord, climatisation, sans oublier le chauffage qui va plomber méchamment le rendement : dans une voiture essence on chauffe d’abord à l’électrique et ensuite on utilise la chaleur du liquide de refroidissement, pour une voiture électrique sur batterie il faut utiliser une source extérieure (pas le cas d’une pile à combustible cependant).

    Autre point qui va plomber le rendement : le poids.

    Même avec l’augmentation du rendement électrique on a jamais trouvé mieux qu’un hydrocarbure pour la mobilité (vu qu’on triche en utilisant l’oxygène de l’air)…

    D’un coté on a une densité énergétique de 42000 kJ/kg de l’autre une densité énergétique de 800 kJ/kg

    Pour le thermique 42 000 kJ/kg * 0,15 = 6 300 kJ/kg
    Pour l’électrique 800 kJ/kg * 0,7 (efficacité du cycle charche décharge) * 0,9 (efficacité du moteur électrique) = 500 kJ/kg…

    En gros on passe d’un réservoir de 40 kg à un banc de batteries qui en fait 450 (c’est le poids des batteries dans la Tesla motors qui est obligé de tout faire en carbone pour arriver arriver à un poids de 1300 kg).

    A ça il faut ajouter le poids d’un super condensateur pour récupérer l’énergie du freinage, de mémoire un bon 20 kg pour la Prius… (et pour ceux qui n’ont jamais conduit une voiture électrique je peux vous dire un truc : ça se fait pas tout seul la récupération d’énergie, ça marche bien chez l’écolo peace & love qui conduit en souplesse mais c’est pas terrible chez les guerriers du bitume qui pilent aux feux rouges…)

    En conclusion on utilise bien 7 fois moins d’énergie à partir du moment ou on accepte d’avoir une voiture qui ne dépasse pas les 120 km/h, qui accélère aussi bien qu’une voiturette de golf, qui a 10 fois moins d’autonomie (5 fois sur les trajets pendulaire si les infrastructures existent), qui n’a aucun accessoire et qu’on conduit avec des mouffles en hiver…

    PS: le danemark ne développe pas le solaire électrique mais le solaire thermique en stockage de chaleur saisonnier associé à des réseaux de chaleurs, il serait plus juste de dire « quand ils produiront l’essentiel de leur électricité avec de l’éolien et de la biomasse ») 😉

    PS2: Avec la Nouvelle Zélande, le Danemark est le seul pays au monde à avoir déclaré un moratoire interdisant la construction de nouvelles centrales à charbon, donc ils n’ont pas tellement le choix (et leur réseau électrique n’est pas capable d’accueillir une centrale nucléaire).

    PS3: l’efficacité des centrales thermiques danoises les plus importantes est de 80 à 95% (cogénération avec utilisation de chaleur industrielle donc utilisée toute l’année… )

  16. Ah et puis j’oubliais, plutot que de perdre du temps avec Jancovici, une tribune d’Amory Lovins sur les possibilité de diminuer la facture énergétique dans les transports.

    http://usinfo.state.gov/journals/ites/0706/ijef/lovins.htm

    J’adore ce passage :

    « Le moteur d’une voiture moderne, son régime de ralenti, sa transmission et ses accessoires dissipent les sept huitièmes de l’énergie que lui apporte son carburant. Un huitième seulement (environ 12 %) atteint les roues. Sur cette quantité, la moitié chauffe les pneus et la route, ou l’air que le véhicule chasse sur les côtés. Les 6 % restants, c’est tout, servent à l’accélération du véhicule (avant de chauffer les freins quand on les actionne). Et comme environ 95 % de la masse qui fait l’objet de l’accélération concernent la voiture, et non son conducteur, c’est moins de 1 % de l’énergie provenant du carburant qui sert à transporter le conducteur – il n’y a pas de quoi s’émerveiller quand on pense que c’est le fruit de cent vingt années de travaux d’ingénierie. »

  17. @ 7 fois, ce n’est pas Jancovici, c’est moi. Heureux de voir que vous confirmez. Lui, il dit 2 ou 3. Quand au poids, vous oubliez de déduire le poids considérable du moteur thermique. Accepter de respecter les limites de vitesse, c’est aussi accepter de respecter son prochain. Et quant à l’accélération, à bientôt sur les pistes! L’autonomie, bien évidememnt, d’où l’intérêt des VHR!
    A noter qu’une bonne partie de l’énergie dépensée à accélérer est récupérable à la décélération.

    Quant à Lovins, il a mille fois raison, mais il ne nous dit pas la marque de sa voiture.

    Comment fonctionne le solaire thermique en stockage saisonnier?

  18. Poids d’un moteur thermique dans la voiture de monsieur lambda 100 kg à 150 kg, la tesla motors à un moteur d’un peu moins de 100 kg (mais c’est du 250 chevaux)

    Maintenant si on considère que toutes les limitations que j’ai donné ne sont pas importantes alors il faut comparer la consommation avec une voiture équivalent à la voiture électrique : pas plus de 110 km/h, autonomie réduite, puissance réduite, etc… Et là la voiture va être deux fois moins lourde que l’équivalent électrique ce qui donnera un coup dans l’aile à son efficacité supérieure… De plus les labos de recherche sur les moteurs thermiques ne vont pas se tourner les pouces pendant que les nouveaux venus de l’électrique vont leur piquer leurs parts de marché… Il va se passer la même chose que ce qui s’est passé avec l’arrivée des bateaux à vapeur qui a vu les voiliers gagner en efficacité et faire jeu égal avec eux pendant un bon moment.

  19. Merci pour le lien Tilleul, de la lecture en perspective.

    Je vous livre à mon tour 2 liens vers le blog de l’ancien PDG d’Apple France, Jean-Louis Gassee, qui parle de la Toyota Prius :
    http://gassee.20minutes-blogs.fr/archive/2006/03/05/folie-des-hybrides.html
    http://gassee.20minutes-blogs.fr/archive/2006/03/13/hybrides-deuxieme-service-et-on-n-en-parle-plus.html

    Je vous avoue que je n’ai plus le contenu des billets en tête (ça remonte à loin déjà), mais j’avais bien aimé son hypothèse que la majeure partie de la performance énergétique de la Prius vient de son aérodynamique particulière étudiée.

    Concernant l’évolution des moteurs thermiques, la voie du « downsizing » semble toute tracée. L’objectif affiché par certains est d’avoir des moteurs de 800 cm3 turbocompressé pour développer environ 100 CV, mais on y est pas encore.

  20. @Tilleul, à propos quelle est l’accélération de la Tesla Motors?

    Pour la compétition de la voiture électrique avec la voiture thermique, bien évidemment les constructeurs classiques vont réagir, mais la disponibilité de plus en plus faible des carburants( – 30 % d’ici 15 ans d’après les rumeurs!) et leur prix de plus en plus élevé va inviter les consommateurs à réfléchir.

    Quid de la chaleur solaire en stockage saisonnier.

  21. Pour le stockage de chaleur au Danemark ils en parlent ici : http://www.preheat.org/fileadmin/preheat/documents/reports/Solar_heat_storages_in_district_heating_networks.pdf

    Pas mal de truc ici : http://www.preheat.org/downloads-links/downloads/

    Par contre avec tout ça j’ai totalement oublié de donner mon avis sur cette idée jamais discuté que l’augmentation du prix du pétrole amène à moins consommer de pétrole…

    Si j’ai bien compris le raisonnement est celui-ci : les pays qui ont un pétrole cher consomme moins que les pays qui ont un pétrole pas cher…

    Bon je veux bien, mais que le coq chante à chaque fois que le soleil se lève ne permet pas de conclure que c’est le chant du coq qui fait lever cet astre…

    Il y a deux façon de faire une politique sociale : soit redistribuer les richesses, soit assurer un prix bas des biens et des services les plus utilisées. Est-ce que personne ici n’a jamais envisagé que la relation entre le prix du pétrole et sa consommation soit l’inverse : c’est à dire que le prix du pétrole est bas parce qu’il y a beaucoup de consommation et donc que l’état se retrouve obligé de ne pas le taxer, voir de le subventionner (cas de l’Indonésie dont une bonne partie de la population dépend de générateur diesel) ; et que le prix du pétrole est haut car les faibles consommations permettent à l’état de le taxer sans avoir de crises sociales…

    Parce que quand je vois les réponses au choc pétrolier, ça ressemble plutôt à des pays du G7 qui se rencontrent et décide entre eux de financer des recherches massives dans le charbon et le nucléaire pour remplacer le pétrole dans les centrales électriques et des politiques nationales d’économies d’énergie décidées là aussi au plus haut de l’état avec beaucoup d’investissements. Pas vraiment à une génération spontanée de mesures liés aux mécanismes du marché. Le secteur de l’énergie c’est quelque chose de très lourd et pas réactif qui demande énormément de capitaux et des investissements à long terme… c’est pas vraiment la net économie ou il suffit d’un garage pour conquérir le monde ou l’économie de l’image et de la sous-traitance où il est possible de devenir le premier équipementier mondial sans posséder une seule usine…

    Suivant cette hypothèse une hausse notable du cout de l’énergie dans ce ne serait pas du tout une chance , bien au contraire puisque cela voudrait dire une crise budgétaire qui empêcherait de libérer les ressources matérielles et humaines nécessaires aux projets à long terme car tout serait consacrer à la gestion du court terme…

  22. J’ai tendance à vous dire que l’histoire très récente ne vous donne pas raison, puisque la consommation de pétrole de 2008 est de 10% inférieure à celle de 2007 en France :
    http://fr.biz.yahoo.com/24072008/155/la-flambee-du-petrole-fait-chuter-la-consommation-de-carburants.html

    Donc le coût a bien un impact sur la consommation. Et si aucun pays industrialisé ne veut mettre en place la taxe carbone, c’est parce que le courage politique n’est plus depuis longtemps en occident. On préfère aller attaquer un pays que de dire la vérité aux gens.

    Cela dit, les chantres de la taxe carbone n’ont jamais dit « +50% tout de suite », ils précaunisent tous d’expliquer, de publier un planning des hausses précis pour, par exemple, « +100% en 10 ans ». C’est dommage que tous ceux qui parlent contre cette taxe (je ne vous compte pas forcément dedans Tilleul) en parle en terme très négatifs sans mentionner une seule fois qu’elle a toujours été recommandée « de faible au départ, mais en augmentation constante ».

    J’en profite pour signaler que je suis tombé sur ce papier par hasard, la production de l’Opep a baissé pour la première fois depuis 2002 :
    http://www.france24.com/fr/20080611-bp-baisse-production-petrole-energie-production

  23. @ Tilleul, vraiment pas claire, cette histoire de stockage saisonnier de la chaleur solaire. Impossible de trouver la performance en fonction de la durée de stockage. çà me paraît beaucoup plus être un moyen de régulation à court terme que d’une saison sur l’autre. Mais beaucoup d’idées intéressantes

  24. Le stockage saisonnier de chaleur c’est un truc qu’on utilise depuis les années 70 alors ça va être difficile de dire que ça ne marche pas ! ^_^ Par exemple les suisses utilisent un stockage dans les aquifères pour ensuite utiliser la chaleur stocké en été pour empêcher des ponts de geler en hiver, les scandinaves ont plusieurs systèmes reliés à des réseaux de chaleur. Vous avez aussi des exemples de bâtiments où on fait passer l’eau dans un bâtiment en été pour le rafraichir et où on utilise l’eau chauffé ainsi en hiver. Pour connaitre la performance sur la durée c’est pas ce qu’il y a de plus dur, c’est un simple bilan thermal vous prenez une grosse cuve d’eau soit enterré soit bien isolée et vous rentrez tout ça dans une feuille excel… Maintenant vu que tout ça dépend de l’isolation, du volume de stockage, de la surface, du type de panneau solaire, des températures, ce serait totalement incohérent de donner des valeurs comme si on parlait d’une chaudière…

    Mais en fait je viens de vérifier et la performance est bien indiqué p12/50, la colonne « solar fraction » c’est le pourcentage des besoins qui sont couverts par l’énergie solaire (ça va de 4% à 50%).

    C’est rentable comme installation à partir du moment ou le réseau de chaleur est déjà en place (mais vu que ça coute cher d’installer un réseau de chaleur…). Vu que la quantité de chaleur stockée dépend du volume et que les déperditions de chaleur sont fonction de la surface il faut un rapport V/S le plus élevé possible ce qui nécessite de le faire à l’échelle d’une zone résidentielle. Ces installations existent dans les pays scandinaves mais comme en France on préfère mettre des chauffages individuels électriques parce que ça coute moins cher au promoteur, c’est pas prêt d’arriver dans le pays…

    Dans les avancées des années 2000 qui ont permis de passer d’une fraction solaire de l’ordre de 10% à 50% on a la meilleure isolation des logements, les progrès dans le solaire thermique : auparavant on ne chauffait qu’en été puisqu’on prenait ce qu’il y avait de moins cher (genre une surface noire entre deux vitres), maintenant avec les surfaces sélectives, les tubes à vide et toutes ces sortes de chose on peut aussi continuer à utiliser les capteurs solaires en saison de chauffe, etc.

    @Romu : l’histoire très récente ce n’est pas l’histoire, c’est le bruit médiatique. Ce qui est important c’est pas la consommation en France, c’est la consommation mondiale…

  25. @Tilleul, je n’ai pas prétendu que cela ne marchait pas. Les pompes à chaleur utilisent aussi la chaleur solaire accumulée dans les sols, et les bâtiments dont les murs ont une forte inertie thermique amortissent les variations de température. Ce que je cherche, c’est la perte de chaleur en fonction du temps, non pas d’un système théorique, mais des systèmes qui sont décrits dans les documents que vous avez cités, de manière à savoir si le terme de stockage saisonnier est bien adapté. La proportion des besoins couverts par la chaleur solaire, c’est autre chose.

  26. @Tilleul, un article récent, dans Libé je crois bien, disait que le nombre de km parcourus aux USA avait baissé de 13 milliards en une seule année. Ce n’est pas du bruit médiatique, mais le problème est que le pétrole est en train de baisser, il aurait fallu qu’il reste haut pour voir si c’était un phénomène isolé ou pas. Mais j’ai tendance à croire que non, quand on touche au porte monnaie, c’est en général assez efficace.

    Concernant le stockage saisonnier, ça se pratique en France avec, par exemple, un lit de galets dans le soubassement des bâtiments. Un réseau de canalisation amène la chaleur dans le sous sol durant l’été afin de chauffer les galets, que ceux-ci re-émettent à la saison froide. C’est la technique utilisée récemment dans un bâtiment fort réussi de Perpignan, je crois que c’est l’école d’agriculture, mais c’est à vérifier. Mais certaines maisons des années 70 sont équipées de tels dispositifs. L’air chaud vient de la toiture. Un exemple récent avec Herakles, un des architectes qui interviennent souvent sur le forum de Futura Science :
    http://forums.futura-sciences.com/thread224819.html

    Tout ça participe à ce qu’on redécouvre, la gestion de l’inertie thermique des bâtiments, même si certains architectes n’ont jamais oublié ces concepts, heureusement d’ailleurs.

  27.  » La proportion des besoins couverts par la chaleur solaire, c’est autre chose. »

    Si c’est exactement ça… En été on ne chauffe pas, c’est quand il fait froid et qu’il y a des gens dans le batiment qu’on a besoin de chaleur. C’est le seul paramètre qui permet de comparer l’efficacité d’un système de récupération d’énergie et de stockage en fonction de l’usage des habitants et du système de production de chaleur complémentaire tout le reste va vous donner des informations moins pertinentes.

    Pour Studsvik en Suède (système des années 70) on a un une période de charge de Mars à Aout qui fait passer le stockage de 40 -> 30 (stratification) à 70 -> 70 et une période de décharge de Aout à Mars qui fait passer le stockage de 70 -> 70 à 40 -> 30.

    @Romu:

    Marrant en lisant le descriptif j’ai eu la même réflexion que les gens de l’ADEME « intéressant d’un point de vue financier et excellentes performances thermiques mais système trop atypique pour être reproduit en série » 😉 Maintenant c’est vrai que quand il y a du vent autant mettre une éolienne, alors pour quelqu’un qui fait construire sa maison et qui a le sol qui va bien (l’eau ça aime bien piquer les calories…), c’est une option à considérer. Mais faut voir aussi qu’en utilisation en puit canadien ça fait généralement double emploi avec la ventilation double flux vu que le récupérateur de chaleur a son efficacité qui baisse quand l’air qui rentre est plus chaud…

    Et puis le but ultime c’est d’économiser sur la place est surtout l’argent nécessaire à la chaudière, sinon ça commence à chiffrer dans le capital nécessaire et les banques ont plus trop envie de prêter beaucoup d’argent ces derniers temps…

    Il y a plusieurs projets en Allemagne où la maison est construite autour du réservoir, je ne sais pas si ça va devenir un standard mais moi j’aime bien :

    http://www.energetikhaus100.de/tagebuch.html

  28. Whowwww !! Ca doit douiller comme baraque ! Je serais curieux de voir le budget.

    Y a quand même un peu plus simple sur le même principe. Dans le bouquin « La conception bioclimatique » de JP Oliva (le pape du bioclimatisme en France), il y a une photo d’une maison avec un serre/véranda dans laquelle il y a une gros réservoir de flotte qui sert de stockage. Mais dans ce cas, ce n’est plus vraiment du stockage saisonnier, il n’y a que 4/5 m3, mais un ajout d’inertie à un bâtiment existant.

    Votre remarque concernant le rendement des VMC double flux est certainement judicieuse, mais, pourtant, les experts du bio-climatisme, comme Oliva ou d’autres, n’hésitent pas à préconiser d’associer des VMC avec des puits canadiens, ou de prendre l’air frais dans une serre/véranda, ce que j’ai fait chez moi d’ailleurs.

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