Agrocarburant, mauvais rendement

Les partisans des agrocarburants sont de doux rêveurs. C’est ce qui ressort de solides travaux publiés dans Environmental Research Letters par un quintette de chercheurs américains. Au lieu de se pencher sur les avantages hypothétiques des carburants végétaux en terme d’effet de serre, ils ont tenté d’évaluer leur réelle capacité de production. Au prix d’une revue de détail des données disponibles sur vingt types de cultures dans 238 pays, états et territoires de la planète. Le verdict: la capacité de production annoncée par les partisans des agrocarburants est largement surévaluée, parfois le double de ce qu’elle est réellement. De quoi faire réfléchir un certain Obama, qui a propulsé à la tête du Département de l’agriculture Tom Vilsack, l’un des artisans du boom de l’éthanol de maïs aux Etats-Unis.

Pas moins de 22000 sources de données ont été passées au crible par Matt Johnson et ses collègues (1). Ils ont pu dresser, culture par culture, une carte de l’ensemble des terres cultivées de la planète indiquant les rendements à l’hectare, avec une maille de cinq kilomètres seulement. Un travail de titan! Et le moins qu’on puisse dire, c’est que des mythes s’écroulent. Ainsi, les rendements en litre à l’hectare calculés par les cinq chercheurs sont parfois deux fois plus faible que ce qui était estimé jusqu’à présent. C’est le cas des alcool de maïs, de blé, de cassave et de sorgho. Pour le biodiesel, c’est à peu près la même chose pour la plupart des cultures, à l’exception des palmiers à huile. Et les écarts entre cultures sont spectaculaires: un hectare de soja produit en moyenne 500 litres de biodiesel, quand le même hectare planté de palmiers en produit 3700 litres… Il ressort que seulement trois productions permettent des rendements élevés: la canne à sucre, la betterave (pour l’éthanol) et l’huile de palme (biodiesel).

Au delà des agrocarburants, les chercheurs confirment si besoin en était les écarts extraordinaires de rendements agricoles d’une région à l’autre du monde. Ce qui ne manquera pas d’intéresser les experts de la FAO, l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture. Tout comme elle lira sans doute en détail le dernier rapport publié par Greenpeace USA qui pointe les raisons de la déforestation en Amazonie brésilienne: près de 80% des forêts rasées le sont pour faire paître des troupeaux et assouvir la soif mondiale de steak… Le Brésil a quintuplé ses exportations de viande entre 2000 et 2007, et rasé 150 000 kilomètres carrés de forêts anciennes dans le même temps. L’équivalent de la Grèce.

(1) Université du Wisconsin, Université du Minnesota et Université d’Etat d’Arizona.

11 commentaires

  1. Résumé de l’étude : dans les zones pauvres où on a pas d’argent pour se payer l’irrigation et l’électricité on a des récoltes moins grande que là où il y a des investissements dans l’agriculture… Mais bon quand le Zimbabwe avait un programme de biocarburant il avait des rendements de « grenier de l’afrique », pas les rendements sous Mugabé…

    La conclusion étant « les analyses qui prennent les chiffres des meilleurs techniques disponible ne donnent pas les mêmes chiffres que notre étude qui prend les rendements rachitiques de l’agriculture des pauvres »… Sachant que les études en question s’intéressaient à la production maximum théorique pour savoir quel était la part maximum de biocarburant qu’on pouvait faire (sous-entendu : si on avait trouvé des chiffres de plusieurs ordres de grandeur en-dessous de ce qui est nécessaires pour nos besoins ce n’aurait pas été la peine de s’intéresser à ça), c’est un peu enfoncer une porte ouverte… D’un autre coté vu la tripotée de consultants incapable de comprendre une étude qui traine de par le monde ça va peut être mieux en le disant.

    La question principale étant, quand un paysan voit ses marchés innondés de sacs de riz asiatique par cargo entier et de cuisses de poulets à prix cassé (parce que les industriel européens de l’alimentaire n’utilisent que le blanc dans leurs préparations) est-ce que vous croyez qu’il va réussir à obtenir un seul centime pour moderniser son exploitation ? Non que dalle…

    Résultat les zones rurales subissent le vieillissement de la population et l’exode rurale… Je vais peut être vous apprendre un truc mais la seule différence qui existent entre vous et les étrangers c’est leur façon d’être comme vous.. Donc dans les campagnes s’il n’y a pas d’argent, pas d’activité et pas de confort, et ben les gars ils se cassent tous vers la ville… Et comme il n’y a plus personne les rendements agricoles continuent à baisser. Donc vous voulez qu’ils fassent quoi les gens dans les campagnes ? De la bouffe ? On en produit déjà de quoi nourrir plusieurs fois l’humanité, alors comment vous voulez qu’ils la vendent quand ils doivent se battre avec des denrées vendues en-dessous du cout de production ? De l’éco-tourisme équitable solidaire et durable (TM) ? Se mettre en pagne et balancer des flêches sur des lézards pour faire des jolis photos pour le WWF ça nourrit pas son homme… Qu’ils crèvent ? Comme ça on pourra revendre un coin de nature vierge aux super riches ?

    Deuxièmement, toi le petit occidental bien en chair qui a passé l’année dernière à ronchonner parce qu’il a fallu que tu as sacrifié tes vacances au Maroc pour avoir de quoi remplir ta voiture d’essence, je te rappelle que pour la majorité des gens de ce monde le pétrole qui augmente ça veut dire des morts parce qu’il n’y a plus de lumière pour éviter les serpents et les scorpions, que la pompe à eau ne peut plus fonctionner pour avoir de l’eau propre, qu’on ne peut plus se déplacer pour aller chercher quoique ce soit et que les vaccins ne peuvent plus être gardé au frais… Comme me disait un responsable africain au sujet de leur programme de biocarburant : « We have no choice »…

    D’un coté les pays pauvres qui sont favorables au développement des biocarburants (Inde, Brésil, Afrique du Sud, Madagascar, Ghana…), de l’autre les agricultures riches et ultra subventionnées (UE + USA) et les pétroliers (Vénézuela) qui s’y opposent… Il y a pas un truc qui devrait tilter ? Et je ne parle même pas des géants agroalimentaire style Nestlé qui n’ont pas envie d’avoir une activité concurrente qui viendrait les empêcher de prendre à la gorge leurs fournisseurs…

  2. « D’un coté les pays pauvres qui sont favorables au développement des biocarburants (Inde, Brésil, Afrique du Sud, Madagascar, Ghana…), de l’autre les agricultures riches et ultra subventionnées (UE + USA) et les pétroliers (Vénézuela) qui s’y opposent… Il y a pas un truc qui devrait tilter ? Et je ne parle même pas des géants agroalimentaire style Nestlé qui n’ont pas envie d’avoir une activité concurrente qui viendrait les empêcher de prendre à la gorge leurs fournisseurs… »

    Bien vu mais est-ce que c’est tout à fait vrai? Les USA sont « pour », et leurs études sont souvent orientées pro-biocarburant. Pour l’UE, la position n’est pas claire… Pour le reste on ne peut pas exclure un fort lobbying en effet… Mouai….

  3. « Résultat les zones rurales subissent le vieillissement de la population et l’exode rurale »
    ——————————
    Ah oui, c’est affreux ça, se faire envahir par forêts et herbes folles.
    Vite, une loi pour obliger à la déforestation.

  4. Les USA ne développent pas les biocarburants puisque la quasi totalité de leur production est mélangé avec du pétrole.

    Tout ce qu’ils font c’est éponger les surproductions agricoles de leur producteur de maïs… Si les USA étaient pour ils accepteraient d’enlever la taxe qui frappe très fortement l’importation de biocarburants importés.

    Même chose pour la France : pourquoi est-ce qu’on utilise la betterave alors que c’est la pire culture pour faire de l’énergie : on doit attendre 3 ans avant de la cultiver sur le même champs, il faut l’extraire de terre ce qui nécessite plus d’énergie pour la cultiver, la récolte est sur une très courte période ce qui oblige à mettre en place des moyens de stockage pour être capable de faire tourner la raffinerie pendant une année, il n’y a aucun coproduit…

    Parce que la betterave n’est quasiment plus cultivé qu’en France vu que le sucre de canne est 5 fois moins cher et que l’UE ne veut plus subventionner une culture à perte… Comme pour les USA on a simplement trouvé un moyen de subventionner nos agriculteurs sans avoir à se faire taper sur les doigts par les grandes instances qui régissent le commerce international.

    Soutenir les biocarburants ça ne veut pas dire mélanger du carburant végétal avec du pétrocarburant : ça c’est plutot une subvention aux pétroliers. Au lieu d’investir dans des raffineries ils peuvent se permettre d’acheter de l’essence de moins bonne qualité à l’étranger et de l’améliorer en la mélangeant avec des biocarburants ce qui permet de faire passer le lot dans les normes européennes (de soufre notamment).

    Une politique de biocarburant ça veut dire qu’on a le choix entre remplir sa voiture avec des biocarburants ou avec des pétrocarburants.

    A ma connaissance dans l’UE le seul pays qui soutient les biocarburants c’est la Suède (qui a d’ailleurs accepté de retirer la taxe qui frappe les biocarburants étranger le mois dernier).

  5. @Tilleul, la Suède veut importer de l’éthanol du Brésil parce que çà coûte moins cher que les carburants pétroliers et que çà fait baisser leurs émissions de GES comptabilisées façon Kyoto!

  6. Et alors quel est le problème ? Si les brésiliens font du carburant à partir de la mélasse qui est un déchet de leur industrie sucrière et que les suédois ont les voitures et les pompes à essence capable d’utiliser ces carburants, ça gêne en quoi ?

  7. Il y a deux types d’agrocarburants.

    Ceux du nord qui ne servent qu’à subventionner massivement des filières agricoles : colza, betteraves et maïs par exemple. Ils n’ont strictement aucun intéret environnementaux (il faut plus d’énergie pour produire l’éthanol de maïs que ce que l’éthanol fournit en énergie !) et engloutissent des sommes énormes.

    Par contre certaines production comme le canne à sucre et le palmier à huile pourraient dans des conditions idéales être profitables aux populations qui les cultivent.

    La destruction de dizaines de millions d’hectares de forêts tropicales notamment en Indonésie mais aussi en Malaisie et en Amérique du Sud avec les énormes dégagement de gaz à effet de serre que cela provoque, anéantit pour des décennies d’éventuels bénéfices environnementaux.

    L’expulsion de millions d’humains, les conditions de travail souvent abjectes dans les canneraies rendent ces productions inacceptables socialement.

    Pourtant, partout dans le monde on assiste à une ruée sur les terres arables où des MILLIONS de KM2 sont accaparés par des firmes étrangères pour faire des agrocarburants.

    MH

  8. Même chose pour la France : pourquoi est-ce qu’on utilise la betterave alors que c’est la pire culture pour faire de l’énergie : on doit attendre 3 ans avant de la cultiver sur le même champs, il faut l’extraire de terre ce qui nécessite plus d’énergie pour la cultiver, la récolte est sur une très courte période ce qui oblige à mettre en place des moyens de stockage pour être capable de faire tourner la raffinerie pendant une année, il n’y a aucun coproduit…
    tu te fous de moi?
    la betterave est l’une des culture où il t a le plus de coproduit : la mélasse pour les éleveurs, la tare collée est récupérer pour remettre dans les terres, les écumes pour enrichir les terres.
    alors si tu dit kil n’y a pas de coproduit tu ment

  9. non non l’agri, Tilleul ne se fout pas de toi.
    Il croit vraiment à toutes les âneries qu’il invente à la volée.
    C’est un serial affabulator, l’homme qui crée des réalités virtuelles plus vite que son ombre.

  10. Le seul problème c’est que si on donne la mélasse aux éleveurs il ne nous reste plus rien pour faire de l’éthanol… Un petit peu embêtant quand le but c’est justement faire de l’éthanol, non ? Bref la mélasse n’est pas un coproduit de la betterave à biocarburant puisqu’on n’en produit pas dans ce cas.

    En comparaison une distillerie de canne à sucre produit plus d’énergie avec la bagasse qu’il n’en faut pour réaliser toute la conversion et exporte de l’électricité sur le réseau… Faire la même chose avec la pulpe de betterave est impossible.

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