Paradoxalement, l’accident de pollution provoqué par la rupture d’un bassin de stockage de cendres de charbon aux Etats-Unis est peut-être une bonne nouvelle. Car il devrait renforcer la prise de conscience outre-Atlantique de la dangerosité de cette source d’énergie qui, rappelons-le, tue des dizaines de milliers de personnes dans le monde chaque année: dans les mines, et ensuite en raison des fumées qui empoisonnent l’atmosphère et réchauffent la planète plus que n’importe quelle autre source d’énergie.
Un petit rappel pour ceux qui n’auraient pas suivi l’affaire. Aux Etats-Unis, les cendres de charbon sont stockées dans des étangs artificiels. L’eau permet d’éviter la dispersion aérienne de la pollution. Il y a une semaine, le New York Times rappelait qu’il existe 1300 sites de stockage à travers les Etats-Unis. Ces décharges ne servent à rien d’autre qu’à se débarrasser des millions de tonnes de cette infâme soupe noire (1). Les exploitants ne font qu’attendre le déluge… En essayant de faire croire que le «charbon propre» est pour demain.
Dans le Tennessee, le déluge s’est produit le 22 décembre dernier. Plusieurs millions de mètres cubes se sont échappés dans la nature, après la rupture d’une digue de confinement. Avec les cendres, ce sont aussi d’importantes quantités de toxiques qui se sont répandus: arsenic, plomb, mercure, sélénium… Un joli cocktail pour les nappes et rivières! En moyenne, une centrale rejette chaque année 20 tonnes d’arsenic, 25 tonnes de plomb, 40 tonnes de chrome, etc. Et grâce à un efficace lobbying des industriels, les cendres de charbon ne sont toujours pas considérées comme des déchets dangereux. Près de la moitié des sites de stockage ne sont pas isolés de l’environnement… Les Etats-Unis tirent 40% de leur électricité du charbon.
Cet accident grave aux Etats-Unis ne doit pas nous faire oublier que le charbon reste une source importante d’énergie chez nos voisins. A commencer par l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui restent très discrets sur ce qu’il advient des résidus de combustion. Outre-Manche, le charbon reste même très utilisé par les particuliers et dans les pubs pour réchauffer l’atmosphère quand la bise fut venue.
(1) 131 millions de tonnes aux Etats-Unis en 2007, contre 90 millions de tonnes en 1990.
Pour le charbon propre, un site montre très bien comment ça marche, avec en introduction une vidéo qui explique le mécanisme qui rend le charbon propre : http://www.thisisreality.org/
Les images parlent d’elles-mêmes et c’est assez impressionnant, en tout cas ça m’a convaincu.
C’est peut-être aussi une bonne nouvelle pour nos deux villages nivernais, Lucenay les Aix et Cossaye, menacés d’une pollution majeure par des projets d’ouverture d’une mine de charbon couplée à une centrale thermique… Les demandes de concession sont en cours d’examen. Puisse un tel accident entraîner aussi chez nos décideurs une prise de conscience pour les amener à refuser cette abomination.
Dr Escaravage Lucenay les Aix.
Euh ouais… Sur la séquestration du carbone, deux trois chiffrens à avoir en tête…
http://www.renewableenergyworld.com/rea/news/reinsider/story?id=54316
Ca c’est un exemple de ce qui existe…
« The Huaneng Beijing Co-Generation plant is a very impressive and clean looking 845-megawatt (MW) coal-fired plant. It features sulfur removal, water recycling and dust control. Efficiency is improved by selling excess heat for district heating. I was particularly interested to see the separate building, where an Australian carbon capture system collects and compresses 3300 tons/year of CO2 for sale to soft drink manufacturers.
At the end of the tour there was a presentation, which gave the impression that the CO2 capture solved the global warming problems of coal. I knew that a coal plant of this size emits about 6 million tons of CO2 per year, so capturing only 3300 tons means that 99.9% of the CO2 must be released to the atmosphere! When I asked the guide about this he was very embarrassed and had to admit that this was just a test and would have to be expanded. Looking at the large CO2 capture building, I would estimate that to capture all six million tons would take a building larger than the whole complex. The CO2 is now delivered in heavy steel cylinders. Hauling away and selling six million tons this way will obviously be impractical. »
Et c’est ridicule comparé à ce qui doit être fait :
« Unfortunately, even Obama seems determined to spend billions more on the dream of « clean coal. » The political stranglehold of the coal lobby worldwide is the biggest threat to our climate today. Supporters of sequestration conveniently ignore the staggering volume of the CO2 that must be disposed of: 10 billion tons/yr worldwide! The largest sequestration project in the world so far is an Algerian plant that stores 1.2 million tons per year in four gas wells. It will be full when 17 million tons have been stored. Many U.S. coal plants emit more than 20 million tons every year! »
L’abomination dans l’histoire, ce n’est pas le charbon. C’est de trouver le moindre prétexte pour diaboliser le charbon dans l’objectif de priver une grande partie de l’humanité de la source d’énergie et d’électricité la moins chère pour mieux la confiner à la misère, la maladie, la faim et le froid, c’est d’encourager des milliards de gens à continuer à se chauffer et à cuisiner au bois alors qu’on sait pertinemment que c’est une des causes principales de la déforestation et de morts prématurées par inhalations de particules fines, c’est d’utiliser de la science subprime pour colporter une dystopie des énergies renouvelables qui heureusement n’existe pas même dans les pays riches.
C’est ça la vrai abomination et j’espère bien que ceux qui en sont complices, soit par cynisme, soit par bêtise ne puissent jamais payer assez pour leur méfait quand la vaste arnaque planétaire du réchauffement anthropique explosera en plein vol comme les hystéries collectives précédentes telles que le refroidissement global, la bombe démographique et autres croyances millénaristes.
J’espère même si je n’ai pas trop d’espoir…
@ Le charbon a été aussi distribué aux Turcs qui n’avaient pas les moyens de se chauffer au gaz ou au fuel, avec comme résultat une énorme pollution atmosphérique dans les villes ( attention, le chauffage au bois individuel mal contrôlé aura à peu près le même résultat!).
Les quantités de poussières (cendres volantes) à filtrer par les installations de « charbon propre » sont considérables, sans doute de l’ordre de 10 000 tonnes par an et par centrale, et l’article sur le « stockage » de ces poussières par les Américains (quid des Allemands, mystère pour l’instant, mais patience, Green Peace Allemagne va finir par nous le dire, c’est promis) met en lumière que d’énormes quantités en ont été accumulées sous formes de boues derrière des digues instables. De toutes façons, l’eau de ces boues, chargée en contaminants, se retrouve un jour dans les rivières et dans les prés,particulièrement à l’occasion des orages, puis dans les nappes phréatiques. Et il y en aurait déjà 130 millions de tonnes!
La dangerosité des substances toxiques trouvées dans ces boues peut être très grande pour peu qu’elles soient concentrées par un phénomène ou par un autre, comme par exemple une accumulation dans les boues peu oxygénées des fonds de rivière ou des marécages. Un bon exemple est celui du cadmium qui a empoisonné les boues de la Gironde depuis des années, et qui provenait d’une ancienne fonderie de zinc située sur les bords du Lot. Je connais également un exemple d’alimentation animale contaminé par du plomb qui a eu des conséquences catastrophiques.
Un autre aspect dont il faudra bien parler un jour est ce qu’on fait de la quantité de cendres qui résultent de la combustion du charbon et qui ne sont pas des cendres volantes. Moins dangereuses que ces dernières, car celles-ci ont le mauvais goût de concentrer les saletés, elles sont beaucoup plus abondantes: une centrale moderne de 1 GW,qui utilise chaque année 2,5 millions de tonnes de charbon, produit 500 000 tonnes de ces cendres.Je pense qu’elles se retrouvent pour l’instant en bonne partie dans nos maisons, mélangées au béton de nos parpaings, ou dans le revêtement des routes. Sont-elles plus ou moins dangereuses que des déchets FA-VL, Tilleul ne manquera pas de nous le dire!
Quant à la capture et la séquestration du gaz carbonique produit par ces centrales, il est techniquement possible d’y arriver, mais il n’y a aucune garantie que l’on trouvera les stockages ayant les dimensions nécessaires à l’endroit le plus approprié. Il faudra donc faire des conduites de transport sur des distances qui pourront être considérables. Cela, joint au fait qu’une installation de capture coûte autant que la centrale,et qu’il faudra réaliser le stockage,fera que les investissements à réaliser et les coûts de maintenance seront supérieurs à celui des centrales nucléaires les plus coûteuses, alors que la part du combustible dans le prix de l’électricité sera bien supérieure. Et il faut encore ajouter à tout çà le coût de stockages sécurisés pour les cendres volantes, où l’on entassera pendant au moins un siècle des déchets de durée de vie infinie, puisqu’il s’agit d’éléments stables.
Mais pour l’instant, les organisations écologiques ne nous parlent guère que du nucléaire. C’est comme les dinosaures. Attention, il paraît qu’ils ont disparu parce que on leur marchait sur la queue, l’information mettait trop de temps pour parvenir au cerveau.
BMD: je croirais à votre baratin quand les producteurs d’électricité nucléaire feront des campagnes contre le charbon et abandonneront ces centrales (y compris EDF)… Pour l’instant les seuls qui font des campagnes actives anti-charbon sont les producteurs d’énergies vertes. Forcément les gens qui gagnent de l’argent avec le fossile sont les mêmes que ceux qui en gagnent avec le fissile…
Tenez par exemple RWE, Vattenfal et E.on font du lobbying en Allemagne pour continuer le nucléaire mais c’est pas du tout pour remplacer un seul de leur projet de centrales charbon, c’est pour faire du charbon ET du nucléaire parce qu’ils assurent qu’il va y avoir un power gap en Allemagne même après avoir fait des centrales charbon…
D’un autre coté… Il va vraiment y avoir un power gap en Allemagne vu qu’aucune des centrales de charbon ne va se réaliser. D’ailleurs Sigmar Gabriel a accusé die grünen et les associations écologistes (y compris Greenpeace j’imagine) de préparer le retour du nucléaire en annulant autant de projets de centrale à charbon (mais ça vous oubliez de le dire parce qu’en fait vous vivez dans votre monde avec des gentils nucléocrates et des méchants écologistes ce qui est totalement déconnecté de ce qui se passe dans la réalité)… Ceci dit même si les électriciens vont dire que c’est à cause des mobilisations qu’ils annulent leur projet, la vraie raison c’est que la crise financière leur enlève tout financement et que ça ferait beaucoup moins bien d’écrire qu’ils abandonnent leur projet de centrale parce que l’électricité n’est pas assez cher…
Mais en fait au final ça va être très marrant : les gens ne veulent pas de charbon parce ce que ça pollue et c’est dangereux, veulent pas de nucléaire parce que ça pollue et c’est dangereux, veulent bien des renouvelables mais ne veulent pas les investissements sur le réseau (« I don’t know whether this is ironic or absurd. But, I mean, if we cannot put solar power plants in the Mojave Desert, I don’t know where the hell we can put it » ma citation favorite du gov Schwarzenegger), ne veulent pas de gaz parce que ça pollue c’est dangereux et que ça vient de Russie, ne veulent pas de pétrole parce que ça pollue c’est dangereux et ça vient d’Arabie Saoudie et du Venezuela…
Au final gràce au Not In My Backyard le réchauffement climatique va se résoudre de lui-même puisqu’on va se retrouver avec la consommation énergétique des années 50 par la force des choses, alors faudra bien faire avec… :p
Hé sinon bon courage à la Nièvre ! C’est totalement hallucinant le silence médiatique qui entoure ce projet, peut être une bonne occasion d’organiser un climate camp en France…
ELEMENTS A JOINDRE AU DOSSIER
I) Rapport de l’Académie des Sciences : ÉNERGIE 2007-205-LES CHOIX ET LES PIÈGES, où l’on peut lire:
« On voit clairement que, vu le nombre d’incertitudes qu’il faudra maîtriser, les valeurs numériques, qui circulent sur les volumes offerts au stockage géologique du gaz carbonique, n’ont guère de fondement dans l’état actuel des connaissances. De toute manière, le stockage du CO2 ne peut être raisonnablement envisagé qu’àl’échéance de 2030 et la division par 4 des émissions de CO2 à l’horizon 2050 paraît très incertaine. En particulier, cet espoir ne doit pas être utilisé comme un alibi permettant de relancer dès maintenant la construction de nouvelles centrales thermiques de type ancien, en remettant à plus tard le difficile problème de l’élimination du CO2 ».
II) On peut aussi citer AL GORE déclarant : « Le charbon propre est une illusion. N’investissez pas là-dedans. »
III) Peu de gens savent que les centrales au charbon émettent d’énormes quantités de radioactivité. Le charbon contient en moyenne 1.3 ppm d’uranium et 3,2 ppm de thorium. En 1982 les centrales thermiques au charbon des Etats-Unis on émis dans l’air 801 tonnes d’uranium et 1907 tonnes de thorium sous formes de poussières, alors que les centrales nucléaires de ce pays n’ont produit que 130 tonnes de déchets radioactifs, non pas émis dans l’air mais contenus dans des fûts ou dans du béton. L’uranium-238 émis par les centrales thermiques est transformé par le rayonnement solaire et cosmique en plutonium-239 qui est éminemment toxique par inhalation. Il est donc beaucoup plus dangereux de vivre dans le voisinage d’une centrale thermique au charbon que près d’une centrale nucléaire.
Plusieurs centrales thermiques au charbon en Grande-Bretagne ont du fermer parce que leurs environs étaient devenus trop radioactifs. En plus les centrales au charbon émettent de grandes quantités de radon, gaz qu’il est difficile de capter par des filtres. Comme sont difficiles à capter les dioxines émises par les centrales thermiques. Les eaux usées des centrales au charbon sont également radioactives. L’Environmental Protection Agency des Etats-Unis calcule que toutes les centrales au charbon du monde émettent chaque année 6 630 tonnes d’uranium (Chernobyl avait mis 5 tonnes de substances radioactives dans l’air) et 16 320 tonnes de thorium dans la biosphère, soit un demi kilo pour chaque habitant de la terre. (Pierre Lutgen Docteur es Sciences. Luxembourg.).
Encore moi…
Au sujet du silence médiatique:
1) Ancien parisien, vivant sur le site depuis 52 ans, je sais d’expérience que, vu de la capitale, le sort d’un coin de « cambrousse » ne compte guère.
2) Curieusement les quelques journalistes qui nous avaient manifesté un peu d’intérêt se sont rapidement tus. Le lobby charbonnier y est peut-être pour quelque chose…
3) S’il s’agissait d’une centrale nucléaire la mobilisation écologique aurait été d’une toute autre ampleur.
D’un autre coté si ça avait été une centrale nucléaire on vous l’aurait imposé pour raison d’état et vous seriez en ce moment en cellule d’isolement avec réveil toutes les deux heures pour attendrir la viande… L’un dans l’autre…
Par contre les centrales thermiques ça peut être possible…
http://www.lesechos.fr/info/energie/4818089.htm?xtor=RSS-2007
@escaravage: pourrais-tu donner les sources de tes données sur les émissions de radioactivité du charbon, STP?
La citation était tirée de l’article suivant : Energies et climat « Pierre’s Weblog
Le charbon, source de contamination radioactive Les centrales thermiques au …. Jean BosselerNorbert FriobJean GeorgesJean HeinenPierre Lutgen
En tapant sur GOOGLE : « Radioactivité charbon » vous trouverait de nombreux autres articles.
L’association : Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland e.V., BUND -: http://www.bund.net) apporte de très nombreux documents mais c’est uniquement en allemand. On peut y lire :
« Aujourd’hui le Bund et les associations attirent l’attention sur le danger jusque là caché des micropoussières et de la radioactivité issues des mines à ciel ouvert. On a trouvé des isotopes radioactifs au niveau des bases pulmonaires avec un risque incalculable pour la population. Bien que la problématique des micropoussières soit un objet de débat en Australie, USA et Grande Bretagne, les autorités dissimulent leur danger ».
Ou : « Les micropoussières en tant que vecteurs d’isotopes radioactifs:
Dans les rapports officiels, on ne tient pas compte du danger des particules radioactives. Le danger de ces particules reste aujourd’hui largement occulté: par exemple la fixation des produits de désintégration du radon 222 sur les poussières de charbon en 4 jours. Elles agissent ainsi sur l’organisme des travailleurs de la mine, mais aussi des riverains ».
Si vous me passez votre adresse je peux vous passer un de leurs documents que j’ai traduit. En Allemagne le lobby charbonnier exerce une censure évidente. Il en est de même chez nous où un rapport demandé par le conseil régional de Bourgogne à la Société Sofrémines a été dissimulé parce que défavorable à la mine nivernaise…
Chine : toutes les 30 secondes, un bébé naît avec une malformation
PEKIN (AFP) – 02/02/2009 10h01
En Chine, toutes les 30 secondes, un bébé naît avec une malformation en partie explicable par la pollution qui frappe NOTAMMENT DANS LES ZONES CHARBONIERES du pays, a indiqué dimanche le journal China Daily, citant des hauts responsables du planning familial.
CQFD: Tout comme son action cancérigène l’action mutagène de la radioactivité est liée à son impact sur l’ADN. Tous ceux qui invoquent la pollution radioactive de Tchernobyl pour s’opposer au nucléaire devraient encore plus se soucier de celle des centrales thermiques au charbon.
@escaravage. Vous avez oublié le papier le papier du 2 février publié dans ces colonnes. http://effetsdeterre.fr/2009/02/02/la-vie-quotidienne-de-lennemi-numero-un/