La fin de SVM ou la nostalgie de mes débuts.

Une page d’histoire se tourne. J’ai appris ce matin que le mensuel SVM (alias Science & Vie Micro) allait bientôt cesser de paraître, après vingt-six ans d’existence. Un canard qui, depuis fin 1983, avait accompagné la naissance de l’informatique grand public. A l’époque, les ordinateurs grand public stockaient les informations sur des cassettes, Microsoft était encore un nain, Google n’existait pas, et tout le monde se fichait du climat, c’est dire.

Si je vous parle de cela, c’est que c’est aussi une page de mon histoire qui se tourne. Car c’est à SVM que j’avais fait mes premières armes, en 1992. Je venais de défroquer après quelques années de sacerdoce scientifique, et ne savais pas faire grand chose d’autre qu’écrire les équations de Maxwell, faire léviter des poussières à coup de laser, coder des modèles informatique sur les nuages ou compter les photons un par un (si, si, ça marche!).

A SVM, j’ai assisté à —et accompagné— la naissance de l’internet grand public. Sans me douter une seconde de la tornade qui s’abattrait sur nos sociétés. A l’époque, avec un acolyte, Olivier Voizeux —aujourd’hui à Science & Vie Junior—, nous avions même réalisé l’un des premiers dossiers de la presse française sur le sujet. On accédait par modem « 1200 bits » —on parle en dizaines de millions aujourd’hui—, à 80 francs de l’heure, et faute d’outils adéquats, on récupérait les pages de l’embryon de web en adressant des emails bien formatés au serveur. Et je ne vous raconte pas le mal que je m’étais donné pour convaincre un rédacteur en chef pour le moins dubitatif. On avait commencé à bosser en douce, grâce au chéquier d’un complice, avant de convaincre le “chef” en lui montrant des images récupérées sur le Musée du Vatican, en lui faisant écouter une balade de Thelonious Monk glanée je ne sais où…

Un peu plus tard,  j’avais co-piloté la création d’«Autoroutes de l’information», puisque c’est comme ça que ça s’appelait, une invention d’Al Gore si je me rappelle. Puis créé mon premier site internet… sur CD-Rom, pour faire découvrir la magie du réseau à une époque où modem et web étaient réservés à une élite. J’avais eu la chance d’assister, presque en direct, à Palo Alto, à la naissance du premier moteur de recherches, Altavista, qui ne recensait alors que quelques dizaines de milliers de documents. Et chez France Télécom, assis sur le tas d’or du Minitel, on nous expliquait à longueur de journées que «cette mode passerait rapidement».

Cela a été une école formidable, sous l’autorité de Yann Garret, Seymour Dinnematin et Matthieu Villiers, aujourd’hui directeur de la rédaction de Science & Vie. SVM, c’était un journal de curieux, pour les curieux. Et un point commun avec mon confrère Hervé Kempf, du Monde, puisqu’il y a, lui aussi, fait ses premières armes, quelques années avant moi. Mon meilleur souvenir? Quand à la fin de 1994, je me suis retrouvé invité au 13h de RFI pour évoquer une longue enquête sur les puces d’Intel qui calculaient faux, publiée quelques jours plus tôt. Tout en répondant aux questions, je luttais désespérément contre un fou rire à me demander ce qu’on pouvait bien en penser à l’ombre d’une case africaine!

2 commentaires

  1. Et moi, j’y ai fait mes débuts quelques années plus tard, notamment avec toi comme guide. Jusqu’à m’occuper entre autres de la rubrique SVM.Net. J’ai la nostalgie qui remonte aussi…

    1. Et après c’est toi qui m’a accueilli dans cette même rubrique…

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