L’autoroute, une arme de santé publique

L'autoroute Uriah Butler, à Trinidad © PLoS Neglected Tropical Diseases
L'autoroute Uriah Butler, à Trinidad © PLoS Neglected Tropical Diseases

Il faudra cesser d’accuser les autoroutes de tous les maux et dresser des statues aux rois de l’asphalte! Car cette barrière pour les animaux semble aussi gêner les déplacements d’un moustique tueur, le propagateur de la dengue. C’est ce que montrent des chercheurs qui se sont penché sur l’île caraïbe de Trinidad, et rapportent leurs travaux dans PLoS Neglected Tropical Diseases (NTD), une revue scientifique consacrée aux maladies qui n’intéressent pas grand monde, et surtout pas les labos pharmaceutiques.

Plus de deux milliards de personnes vivent dans des régions où sévit la dengue, cette meurtrière fièvre hémorragique. Cinq cent mille la contractent chaque année, avec un taux de décès qui peut atteindre 20%, suivant le degré de disponibilité des soins médicaux. La maladie grignote sans cesse du terrain, notamment aux Antilles et en Amérique du Sud. Elle est transportée par Aedes aegypti. Un moustique qui semble s’être adapté à la proximité avec l’homme il y a deux mille ans en Afrique du Nord, racontent les chercheurs dans PLoS NTD, avant d’être déplacé par les activités humaines. Et qui apprécie tout particulièrement la vie urbaine, dont l’importance démographique est en forte croissance dans le monde.

A Trinidad, il semble bien qu’Aedes aegypti n’apprécie pas beaucoup l’autoroute qui traverse la partie ouest l’île, du nord au sud. En prélevant des spécimen de part et d’autre de l’autoroute (2×2 voies séparées par un large terre-plein central), ils constatent avoir affaire à des populations de moustiques peu mélangées sur le plan génétique. Un signe indéniable que l’insecte rechigne à traverser le cordon asphalté. Pourtant, les abord d’autoroutes sont des habitats formidables: bidons abandonnés, pièces de plastique et autre détritus constituent autant de réservoirs d’eau croupie, le lieu de reproduction idéal du moustique.

Ces travaux confirment d’autres, conduits en Australie, qui montraient que le moustique-dengue traverse les petites routes peu fréquentées, mais semble stoppé dans sa progression par les routes plus larges et surtout plus fréquentées. Faudra-t-il appeler Vinci et la Sanef au secours de la lutte contre la dengue? Peut-être, mais à condition de doper le trafic, parce qu’une autoroute vierge n’arrêtera pas cet assassin. Vive la bagnole!

2 commentaires


  1. Géniale, cette utilité de l’automobile… Au moins, Trinidad a trouvé une solution qui la dispense d’entretenir comme Singapour une police des moustiques ! Celle-ci traque en effet tous les endroits décrits dans l’article et bien plus encore où les moustiques peuvent installer leurs nurseries. En général, là où il y a de l’eau courante.
    Mais bon Dieu, il me vient une fulgurance : et la nuit, ils dorment les moustiques, ou bien il y a toujours autant de voitures ? Ca voudrait dire que Trinidad est la nouvelle Reine de la Nuit !

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