Du cul du poulet à l’auge des vaches, vive la fiente!

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Décidément, il vaut mieux parfois ne pas savoir de quoi sont nourries les bêtes à viande qu’on mange. Un papier du Los Angeles Times racontait la semaine dernière que plusieurs organisations de consommateurs américaines font le siège de la toute puissante Food and Drug Administration (FDA) pour lui demander d’interdire de nourrir les vaches avec les fèces de poulet…

Selon les associations, relayées par le LA Times, entre un et deux millions de tonnes de litières de poulet sont introduites chaque année dans l’alimentation du bétail américain (1). Un savoureux mélange de copeaux, de fientes, de plumes et j’en passe. Selon les organisations de consommateurs, il contiendrait aussi des tissus de ruminants, faisant planer à nouveau le spectre de la maladie de la vache folle. Une hypothèse évacuée par des études de la FDA et réfutée aussi par la principale association d’éleveurs de bétail qui rappelle que l’agence américaine a interdit cette année l’usage de tout tissu à risque (cerveau, moelle épinière, etc.) dans l’alimentation animale, poulets compris. Une interdiction que les associations de consommateurs trouvent insuffisante.

Bien évidemment, ces organisations ne se battent pas seulement sur le pseudo-front de la vache folle (qui a quasiment épargné les Etats-Unis quand l’Europe était touchée). Elles craignent aussi la transmission de pathogènes, de métaux lourds, et des médicaments, antibiotiques en tête, dont on abreuve les poulets dès la sortie de l’œuf.

Aux dernières nouvelles, McDonald’s verrait cette action des consommateurs d’un œil bienveillant. Mais après tout, rien ne l’empêche d’imposer à ses fournisseurs de nourrir leurs bêtes avec 100% de végétaux… En attendant, ce soir, c’est soupe à la citrouille de mon potager. Garanti sans fèces de poulet!

(1) D’après les chiffres que j’ai trouvés, il y avait 97 millions de têtes de bétail aux Etats-Unis en 2006, dont 10% de vaches laitières. Ça ferait donc entre 10 et 20kg de merde par an et par tête, en moyenne.

(2) Au passage, l’usage de ces déchets pour l’alimentation semble aussi être courant dans certains élevages de poisson en Asie: la grippe aviaire passera-t-elle au poisson?

8 commentaires

  1. J’apprends avec plaisir que vous avez un potager. Ainsi, vous êtes une vraie personne. L’entretenez-vous vous-même ?

    Dans leur livre, « Le sol, la terre et les champs », Claude et Lydia Bourguignon consacrent un chapitre aux animaux d’élevage. Ils démontrent que le système monstrueux de l’élevage industriel de masse ne pourra pas durer. En attendant, les dégâts – obésité d’un côté, malnutrition de l’autre, vaches folles, pandémie de grippe porcine, etc – sont là et le pire n’est probablement pas encore arrivé.

    1. Author

      Oui. Minuscule, et loin de chez moi, donc plutôt livré à lui-même, il ne consomme même pas d’huile de coude. Un potager à CO2 très négatif en quelque sorte. Mais on en profite bien l’été quand même…

  2. Bonjour,

    il y a plus de 20 ans déjà, un film documentaires « this is America » montrait les US dans toute sa gloire, et surtout dans tous ses travers.
    Déjà à à l’époque ils montraient que les fientes des poules, les bêtes mortes et tous les autres déchets étaient broyés, mélangés avec de la nourriture et re-servi aux poules. Pas étonnant que cela n’a pas de goût.
    Et pour les costauds, une photo de la première étape de la préparation des nuggets McDo.

    Rien de neuf sous le soleil. Tout est bon pour faire baisser les coûts.

  3. Bonjour,
    vous écrivez « l’usage de ces déchets pour l’alimentation semble aussi être courant dans certains élevages de poisson en Asie » mais savez-vous que c’est une pratique courante dans certains étangs en France pour engraisser carpes, gardons etc…. Une enquête intéressante à mener !
    Merci pour vos articles originaux et toujours très intéressants.

  4. Excusez-moi mais j’ai une fois de plus du mal à comprendre: comment des matières fécales peuvent-elles nourrir des mammifères? Il y a vraiment des matières nutritives la-dedans?, où est-ce question d’apport de minéraux, de volume, enfin, je ne sais pas mais ça m’intrigue. Merci

    1. Author

      Il y a plein de choses dans les fientes. La preuve, on peut même les faire fermenter pour produire du biogaz et un engrais de bonne qualité.

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