En Allemagne, des “riches” réclament l’ISF

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Drôle de coïncidence. Alors qu’en France on a instauré le bouclier fiscal et que les partisans de la suppression de l’ISF ressortent du bois, une poignée d’allemands aisés demandent à Angela Merkel de taxer à 5% pendant deux ans les fortunes supérieures à 500 000 euros, avant de ramener le prélèvement à 1%, le taux d’imposition sur la fortune qui prévalait jusqu’en 1997 en Allemagne. De cette manière, soulignent les pétitionnaires, le gouvernement allemand disposerait en deux ans d’une manne de cent milliards d’euros qui pourrait être mise à profit pour financer des actions de protection de l’environnement, dans l’éducation et des services sociaux.

Au dernier pointage, 44 des 2,2 millions d’allemands en bonne santé financière (1) auraient déjà signé la pétition lancée par Dieter Lehmkuhl, un médecin retraité, qui s’offusque du gouffre creusé entre riches et pauvres en Allemagne depuis 15 ans. Qui s’offusque aussi que l’état fédéral a trouvé des milliards pour renflouer les banques alors qu’ils font défaut pour financer des programmes d’éduction et de préservation de l’environnement. Une dépêche AFP cite l’un des signataires qui a rejoint le mouvement parce qu’il a «hérité de beaucoup d’argent dont [il] n’a pas besoin».

Pour le moment, les pétitionnaires sont ignorés par la chancelière. Mais d’abord pourraient-ils créer un fonds et s’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils prônent, en espérant faire boule de neige. A une quarantaine, ils pourraient disposer rapidement d’une paire de millions. Ce n’est pas rien pour déclencher une avalanche.

(1) Disposant, selon Lehmkuhl, d’un patrimoine supérieur à un demi million d’euros. Pas franchement la richesse, mais une certaine aisance, non?

9 commentaires

  1. 44 sur 2,2 millions.

    L’AFP publie n’importe quoi.

    Pourquoi la suivre ?

  2. Author

    Et pourquoi une initiative amusante et plutôt utile, aussi petite soit-elle, ne mériterait-elle pas d’être mentionnée dans ces colonnes? Pour info, l’AFP n’a fait que relayer une info de la presse allemande.


  3. Je crains que le « sens civique » de ces bons citoyens ne soit jamais entendu.

    Le nouveau gouvernement, sous la forte influence des Libéraux de Westerwelle, prévoit 24 milliards d’euros de baisse d’impôts, alors que tout le monde se demande comment ils vont combler un déficit qui n’a jamais été aussi important… !

    Par contre, on entend beaucoup parler de hausse des cotisations santé, etc…

    Les collectivités locales déjà fortement endettées, voire au bord de la faillite pour certaines, vont devoir s’endetter encore plus, pour essayer de maintenir un minimum de cohésion sociale dans un pays où 17% de la population vit déjà endessous du seuil de pauvreté, tendance croissante…

    MH

  4. Soyez contents, au moins vos impôts diminuent.

    Chez nous :
    impôts augmentent
    cotisations santé augmentent
    remboursements diminuent

    Quant à l’histoire du seuil de pauvreté, ça n’a aucun sens si vous ne dites pas comment il est défini.

    En plus c’est une mesure relative et pas absolue.

  5. Ce n’est pas tant le montant, de l’ISF, qui est conspué, mais la nécessité afférente de déclarer le contenu du patrimoine dans ses moindres détails, ce qui constitue une atteinte à la vie privée. Qu’est-ce que ça peut foutre à qui, ce que je possède ? Le politburo veut-il savoir si j’ai toujours la montre gousset en zinc d’un arrirèe-grand-père marin pêcheur, au cas où ce machin sans valeur de marché intéresserait un de ses membres, prompt à la confiscation ?

    Vous voulez taper là où est l’argent ? Vous voulez imposer une éthique économique ? Vous voulez que les responsables de la crise soient mis à contribution ? C’est dans la taxation des profits spéculatifs, que se trouve la solution.

    Mettons en place un impôt progressif sur les profits : au-delà de 5% de profit sur un capital dormant, taxons dru. Au passage, vous limiterez alors la formation des oligopoles, plus que souvent, sans foi ni loi (ceci étant aidé, quand un président bling-bling apprécie fort l’absence totale de limites que procure le statut de magnat d’oligopole), qui sont un succédané de fief médiéval pour ceux qui font fortune (trop) rapidement.

    Et plutôt que de vouloir retirer l’argent des mains de ceux qui en ont (car ils créent, par leurs dépenses et leurs activités, de l’emploi), évitons aussi d’en donner trop aux héritiers (qui n’ont trop souvent guère plus de talent que d’être bien nés), en taxant leur héritage qui, entre deux eaux lors de la succession, n’appartient pas vraiment à qui que ce soit.

  6. Désolé, le président de la république a déjà limité le seuil max d’imposition, donc il doit revenir sur ses propos (chose impensable) pour réaliser ce souhait concret.

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