Assez de silences sur les projets nucléaires russes!

C’est tout simplement incroyable. Pas un document sur l’Internet ne mentionne en français l’existence de ce rapport du physicien russe Vladislav Larin pour l’organisation écologiste norvégienne Bellona. J’avais eu vent mi-décembre de l’existence de ce document explosif par un mail reçu de l’ONG, et j’avais pris immédiatement contact avec Larin, qui m’a fait parvenir une version imprimée de son étude (1). J’attendais d’avoir un peu de temps pour m’y plonger avant de vous en parler. Larin dénonce les projets russes d’exploitation de pétrole sous la banquise Arctique avec des engins nucléaires. Son rapport a été présenté le 12 novembre dernier au parlement européen, mais rares sont les medias qui en ont fait état. A ma connaissance, aucun en France. (2)

Vladislav Larin n’est pas un inconnu. C’est un spécialiste du nucléaire de l’ère soviétique. Il a beaucoup écrit sur l’atome soviétique, sur les essais de bombes nucléaires, et sur le délabrement de la flotte de dizaines de sous-marins à propulsion nucléaire héritée de la guerre froide. Il avait notamment décrit la manière dont l’empire soviétique utilisait des essais nucléaires souterrains pour chercher du pétrole.

Conditions climatiques démentielles. Depuis les années quatre-vingt dix, la Russie cherche le moyen de recycler son armada de sous-marins nucléaires et de valoriser son savoir-faire dans leur fabrication. La première idée qui a jailli dans les cerveaux fertiles des chantiers de construction a été de transformer leurs engins en cargos sous-marins. Et comme plusieurs sous-marins Typhoon presque neufs étaient à l’abandon, ils ont imaginé de les modifier pour transporter jusqu’à dix-mille tonnes de fret. Mais le projet a rapidement été abandonné en raison des coûts d’entretien faramineux de cette flotte, et des risques nucléaires.

En parallèle, d’importants gisements de pétrole et de gaz ont été découverts sous les mers de Barents et de Kara, mais la plupart au nord du cercle Polaire. Les conditions climatiques démentielles de cette région empêchent l’érection de plate-formes ordinaires, et les coûts de production estimés seraient quatre fois plus élevés que ceux des forages offshore sous des latitudes plus favorables. De plus, à deux milliards de dollars la plate-forme (valeur 2000, selon Larin), pas question d’en perdre une à cause des conditions météo souvent démentielles (3). D’où l’idée de transformer les submersibles nucléaires en plate-formes sous-marine de forage et d’exploitation du pétrole et du gaz, qui pourraient pomper les hydrocarbures sans se soucier du climat. (4)

C’est en 2003 que les premiers projets ont pris forme sur des tables à dessin. L’idée est de fixer une station d’accueil sur le fond de l’océan. L’Aquadrill, l’engin de forage imaginé par les ingénieurs russes, peut percer huit puits de trois mille cinq cent mètres de profondeur, et intervenir par quatre cents mètres de fond. Après avoir imaginé alimenter le tout en énergie à l’aide de câbles électriques depuis la côte, puis avec le gaz sorti des puits, le recours au nucléaire a été préféré. Le vaisseau nucléaire afficherait une durée de vie de trente ans (à raison d’un an de révision tous les quatre ans d’utilisation opérationnelle). D’une longueur de 99 mètres de long, il accueillerait 60 hommes d’équipage qui ne verraient pas le jour pendant quatre ans…

Rêve d’ingénieur. Vladislav Larin décrit en détail ce que que propose la firme Lazurit pour exploiter les champs de Rusanovskoye et Leningradskoye, dans la mer de Kara. Pour produire 86 milliards de mètres cubes de gaz par an (à peu près deux fois ce que consomme la France), il faudrait percer 96 puits, à une profondeur moyenne de 2500 mètres sous le fond de la mer. Avec une logistique impressionnante: trois foreuses nucléaires, douze plate-formes sous-marines, deux brise-glace, une centrale nucléaire flottante, une centrale nucléaire sous-marine et j’en passe. Ces centrales nucléaires flottantes ne sont pas un rêve d’ingénieur. Rosatom prévoit de démarrer la construction de la première l’an prochain (si la crise financière se calme d’ici là, en tous cas) et en a prévu sept d’ici 2015. Des navires de 144 mètres de long capables de produire 77MW d’électricité ou 300MW de chaleur pendant trois ans, délai prévu entre les rechargement des réacteurs.

Larin estime que la température de l’eau autour des puits nucléarisés pourrait atteindre 40 degrés, attirant sans doute une foule d’organismes marins qui viendraient se fixer sur les infrastructures sans qu’on sache les dégâts que ces dernières pourraient subir.

Vladislav Larin consacre d’ailleurs un long chapitre aux risques posés par ce type d’exploitation de pétrole et de gaz. Risques d’explosion, fumées toxique, fuites de gaz foré et de ciment liquide qui menacent les équipages travaillant dans les installations sous-marines, accidents et fuites sur les réacteurs nucléaires, naufrage des installations. En bon connaisseur des goûts de ses compatriotes pour l’alcool, Larin mentionne aussi les problèmes éventuels liés à l’ébriété des équipages! Le physicien mentionne aussi l’impressionnant histoire des fuites et rejets nucléaires dans la mer de Kara et de Barents, qui sont aujourd’hui de véritables poubelles nucléaires. Il cite enfin les dizaines d’accidents survenus à bord des sous-marins nucléaires soviétiques dont on connaît l’existence, sans oublier ceux dont personne n’a jamais fait état.

Au moins dix milliards, peut-être le double ou le triple. Autre question de taille pour ceux qui se soucient peu de l’environnement et des futurs ouvriers de ces drôles de pompes à pétrole: une telle exploitation est-elle rentable? Un préalable: en produisant à la cadence espérée, les deux principaux champs de pétrole nucléaire russes seraient épuisés en seulement dix et huit ans… Pour tirer le maximum de ces champs, il faut compter 3,5 milliards de dollars pour les forages, 1,2 milliards pour les plate-formes, 2,3 milliards pour les navires de surface, etc. Au total, dix milliards de dollars… Un chiffre qu’il faudra doubler ou tripler vu la dérive de coûts sur des projets d’une telle complexité. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Cela reste dérisoire alors que le prix de l’énergie devrait s’envoler à nouveau sitôt les premiers signes de sortie de crise. Après le pétrole canadien extrait du sable par la chaleur nucléaire (5), le gaz russe continuerait donc à couler dans les conduites de gaz européennes grâce à l’atome. Ça fait froid dans le dos.

(1) J’en ai depuis trouvé une version en ligne sur le site de Bellona.
(2) J’ai trouvé une seule dépêche en français, du 17 janvier 2009, mais signée de l’agence russe d’information Ria Novosti.
(3) Température de l’air de -50°C en hiver, 70 à 400 mètres de fond, deux mètres de banquise (qui recouvre l’océan dix mois par an), des vents de 25 m/s (90 km/h).
(4) Selon Vladislav Larin, c’est l’académicien Evgeny Velikhov qui est le plus ardent défenseur de cette idée. Ce physicien est une pointure: il a dirigé les opérations de nettoyage à Tchernobyl et participé aux négociations sur les traités nucléaires entre son pays et les Etats-Unis dans les années quatre-vingt et quatre-vingt dix. Avant son entrée en scène, c’est le gaz qui devait alimenter en énergie les projets russes dans l’Arctique. Désormais, c’est l’atome.
(5) Lire «Le nucléaire au secours du pétrole», du même auteur, le 26 novembre 2007.

50 commentaires

  1. Sauf erreur de ma part, le documentaire « Demain un monde sans glaces » (2 x 52′ de Thierry Piantanida, avec Jean-Louis Etienne et Christine Causse) produit par Gédéon et France5 évoque cette question. A vérifier.

  2. Qui, tout comme moi, pense que la récession actuelle résulte du passage du pic pétrolier ?

    Si tel est le cas, le diagnostic de nos dirgeants sur la crise actuelle est foireux !

    « La récession mondiale a une odeur de pétrole »
    http://www.ledevoir.com/2008/11/04/214043.html

    « Pétrole, population et pic de production »
    http://www.dani2989.com/matier…..112006.htm

    « le point de bascule entre l’offre et la demande »
    http://www.terredebrut.org/article-10659556.html

    « Peak oil and the global economy »
    http://www.energybulletin.net/node/47970

    « Peak oil demand theory in vogue »
    http://www.nationalpost.com/sc…..id=1217473

  3. Author

    C’est drôle combien les nucléocrates qui fréquentent ce site, si bavards d’habitude, restent muet sur ce papier…

  4. Tu connais ma position: je suis pour la production d’électricité nucléaire (tu trouves pas que « nucléocrate » sonne injurieux?) parce que je pense que c’est une des seules armes anti-réchauffement à disposition, et contre le cauchemar que serait du nucléaire thermique pour doper le bitume des sables et des schistes, du charbon, de la tourbe ou des hydrates.

    Et c’est une menace que je prend très au sérieux, comme le montrent mes commentaires sur tes articles précédents. Pourtant, cet article ci me laisse assez froid. Tu ne trouves pas que cette histoire sent l’avion renifleur? J’ai du mal à prendre ça au sérieux en fait.

  5. Author

    Non, pour mes lecteurs, le termes serait presque affectueux. Vu les gens qui travaillent sur la question, ça me parait bien loin des frasques d’Elf Aquitaine…

  6. Pas sérieux ? Faut se tenir au courant alors ! Ca fait déjà plusieurs années qu’ils ont mis en chantier ce projet de centrale nucléaire flottante ! Il me semble même que j’ai du faire un commentaire ici il y a quelque temps ici qui indiquait que cette installation était le seul projet qui pouvait permettre de faire entrer le nucléaire dans les solutions déployables rapidement à grande échelle (ce qu’il n’est pas à l’heure d’aujourd’hui).

    http://www.bellona.org/articles/articles_2008/floatingNPPs_oil
    http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/europe/5080732.stm
    http://edition.cnn.com/2006/TECH/10/13/floating.nuke.plant/index.html

    C’est écrit en toute lettre sur le site d’Energoatom :

    http://www.rosenergoatom.ru/eng/development

    « Among the scientific-technical achievements of Energoatom Concern is at least two projects of strategic importance: NPP-2006 and floating NPP.

    Floating NPP – floating nuclear power plant is a flush decked non-self-propelled ship with two KLT-40S reactors manufactured by Nizhniy Novgorod Machine Building Plant. The length of the vessel is 144 meters, the width – 30 meters, the tonnage – 21,500 tons.

    Floating NPP can be used for production of electric and thermal energy and can desalinate water (from 40,000 to 240,000 cubic meters of fresh water).

    The electric capacity of each reactor is 35MW, thermal capacity is 140 Gcal. The service life is 38 years (3 12-year cycles with repairs in between). Floating NPPs are good for remote regions where it is economically inexpedient to build power transmission lines, deliver organic fuel or build big NPPs.

    The construction of the first such plant was started in Severodvonsk. In the summer 2008 the construction was transferred to Baltiyskiy Zavod in St.Petersburg. The reactors for the plant are being designed by Afrikantov OKBM. The first plants will be stationed in Pevek (Chukotka) and Viluchinsk (Kamchatka). The first NPP is to be launched in 2011. Presently, Energoatom Concern are working on new generation of floating NPPs with a capacity of 300-400MW. »

  7. @DDq, ce papier est un salmigondis mal digéré d’informations sans queue ni tête. Il y a bien longtemps que sont installées des têtes de puits sous-marines pour le pompage du pétrole. Il y en a plein en Mer du Nord. Les problèmes en zone arctique sont le forage à partir de plateformes de forages, la difficulté d’installer les têtes de puits et l’évacuation du pétrole produit. Nul besoin de nucléaire pour cela.
    Quant aux centrales nucléaires flottantes de rosatom, elles ne sont pas destinées à ce genre de travail, mais elles permettraient par leur petites dimensions d’approvisionner des pays qui n’ont pas ( encore) d’énormes besoins d’électricité. Mais il est exact que le réacteur d’un sous-marin a à peu près la taille qu’il faut.

  8. Author

    Merci du compliment, je n’en atendais pas moins de vous. Nul besoin de nucléaire, dites-vous, mais pourquoi donc une filiale de Gasprom travaille-t-elle sur ce concept depuis plusieurs années?

  9. Denis a écrit : « C’est drôle combien les nucléocrates qui fréquentent ce site, si bavards d’habitude, restent muet sur ce papier… »
    ———————————-
    Oui mais bon, Denis, s’il faut répondre à toutes les inepties anti-nucléaires des ONG écolo, on n’est pas rendu.
    J’attendais que vous nous faites un billet bien couillu sur la Suède, pays phare en matière de respect de l’envionnement (médiatiquement en tout cas) qui vient d’annoncer qu’elle veut de nouveau du nucléaire.
    Ca nous changera de la non-nouvelle sur le non-événement ci-dessus. Je trépigne d’impatience rien qu’à l’idée de voir la réaction de Tilleul.
    Mais bon, si vous tardez en attendant de récupérer du choc de la nouvelle, je comprends aussi 😉

  10. Euh ? La réaction à quoi ? Au fait qu’il y a eu un accord entre les partis au pouvoir en Suède qui consiste à bloquer à 10 le nombre de centrales nucléaires dans le pays (aucune centrale ne peut être construite à moins qu’une des centrales existantes soient en fin de vie) et de passer à 50% de l’énergie totale (pas qu’électricité mais aussi chaleur, transport…) la part d’énergie renouvelable dans le pays en 2020 tout en diminuant de 40% les émissions de gaz à effet de serre ?

    ( http://www.stockholmnews.com/more.aspx?NID=2636 )

  11. @DDq OK, j’ai été un peu vif, mais vous sembliez attendre des réactions des nucléocrates, catégorie dans laquelle vous semblez m’avoir rangé, et qui semble dans votre esprit représenter l’abomination suprême. Est-ce que je vous ai traité d’écolocrate?
    La capacité de la société Russe à créer des désastres écologiques a longtemps été très grande. La grande majorité des lieux que nous a cités Tilleul se trouve en ex-Union Soviétique ou dans sa zone d’influence. Il est fort possible que cette capacité existe encore aujourd’hui, et l’alerte de Larin est salutaire.

    Les techniques de mise en production des gisements situés en mer, par des tranches d’eau qui peuvent atteindre 2000 mètres, sont très élaborées,et n’ont nul besoin de faire appel à l’énergie nucléaire. En zone arctique, la difficulté est accrue, mais le nucléaire ne donne pas d’avantage particulier.

    Faire l’amalgame avec les projets de Rosatom est abusif. Rosatom veut réaliser des centrales électriques déplaçables et de petite puissance, qui peuvent être amenées par mer là où l’on a besoin d’électricité en quantités modérées, par exemple non loin d’une ville portuaire dans un pays en voie de développement. De plus elle pourront fonctionner en cogénération.Il s’agit en somme de la décentralisation chère à Tilleul.

    Je rappelle qu’un certain nombre de brise-glaces russes sont nucléaires. Ils polluent certainement moins les zones arctiques que ne le font les cargos fonctionnant au fuel!

  12. Author

    Donc salmigondis pour moi et alerte salutaire pour Larin. J’apprécie le compliment.
    Sur la nécessité d’utiliser le nucléaire pour exploiter le gaz de Barents: bien sûr qu’une autre source d’énergie peut être utilisée. Mais expliquez moi pourquoi c’est un physicien nucléaire de renom qui dirige la filiale de Gasprom qui possède les permis d’exploiter sur cette zone. Tout comme au Canada, où le gaz pourrait être rapidement remplacé par de petits réacteurs nucléaires « portables » (Hyperion) que j’ai évoqué à plusieurs reprises.

    Enfin il n’y a pas d’amalgame entre ce que fait Rosatom aujourd’hui et les études dénoncées par Larin. Je mentionnait l’existence de ces centrales nucléaires flottantes destinée à la production d’énergie (et non à la propulsion) pour dire que la Russie semble maîtriser cette technique.

  13. d2q, si on fait le ratio nucléaire_in/fossile_out dans le cadre des sables bitumineux, ça doit tourner autour de 0.5 (au pifomètre -si quelqu’un a un estimé plus fiable ce serait bienvenue). Autrement dit le nucléaire, dans ces projets, permettrait d’exploiter le pétrole sans grand égard pour son contenu énergétique*.

    A vue de pif toujours, le ratio pour les projets Lazurit me semble plutôt tourner autour de 0.001. Autrement dit le recours au nucléaire n’y change pas grand chose d’un point de vue énergétique. Ton estimé est-il significativement différent?

    *Peak oil et big global warming sont sur un bateau. Peak oil tombe à l’eau. Qu’est-ce qui reste?

  14. @Tilleul, le remplacement des centrales Suédoises en fin de vie est déjà un changement considérable de politique, parce que les tabous viennet d’être brisés. L’Angleterre vient aussi de briser les tabous. On parle de 7 EPR aux Etats-Unis. Le Brésil va entreprendre la construction de 4 Centrales. L’Inde négocie avec AREVA pour 6 EPR et a des ambitions considérables. Elle a compris qu’elle allait être à court de charbon d’ici peu, que son charbon était particulièrement sale, et que ses possibilités en renouvelables étaient très insuffisantes, étant donné sa densité de population. La Chine veut également développer rapidement le nucléaire.

    Mais le nucléaire est en voie d’extinction n’est-ce pas.

    La Suède est un pays qui peut passer à 50 % d’énergies renouvelables, étant données ses possibilités en hydroélectricité et en biomasse et sa faible densité de population. Il peut même développer considérablement l’éolien sans produire de CO2 puisqu’il peut en assurer la régulation avec son hydroélectricité, ce que ne peut pas faire le Danemark, sauf à se faire assister comme actuellement par la Norvège et la Suède. Mais ce ne sera que 50 %, malgré ses possibilités exceptionnelles.

    Quand la Suède aura fini de briser les tabous antinucléaires, il lui suffira de remplacer ses centrales par des centrales plus puissantes, genre EPR, ou mieux des sugénérateurs, pour produire assez d’électricité pour rouler avec des véhicules électriques ou des véhicules hybrides rechargeables. Ce sera sans doute le premier pays à pouvoir alors se passer des combustibles fossiles, et le moins émetteur de CO2. C’est le modèle à suivre pour l’ensemble des pays européens, dans la mesure du possible, car très peu de pays en Europe ont un potentiel aussi grand en renouvelables. Je ne vois que la Norvège, la Suisse et l’Autriche.
    L’Autriche préfère les centrales à charbon et à gaz aux centrales nucléaires. Tant pis pour elle. Mais elle importe en douce de l’électricité de ce qui reste de Tchernobyl. La Suisse a décidé par référendum de continuer le nucléaire.

  15. On parle de 7 EPR aux Etats-Unis. Le Brésil va entreprendre la construction de 4 Centrales. L’Inde négocie avec AREVA pour 6 EPR et a des ambitions considérables.

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    Et ça ne vous choque pas ? Qu’il n’y ait pas un seul réacteur EPR prototype en fonctionnement dans le monde et qu’on se lance à tout va là dedans, ne choque en rien ?

    Whaou ! Moi qui pensais naïvement que les éminents posteurs de ce blog étaient des gens rationnels. J’ai pas de religion contre le nucléaire, mais ce qui se passe autour de l’EPR me hérisse un peu le poil quand même.

    Au fait, petite question, qui va payer les pénalités de retard de l’EPR finlandais ? Tilleul a donné une réponse, j’aimerais bien avoir celle des chevaliers blancs de l’atome…(humour à 2 balles du matin, n’y voyez aucune insulte).

  16. Romu, des compagnies aériennes ont commandé des Airbus A380 depuis 2001, alors que l’avion n’a effectué son premier vol qu’en 2005. Avez-vous été choqué à l’époque ?

  17. Abitbol : il y avait plus d’une centaine de commande pour le concorde à la construction mais au moment de signer le chèque plus personne n’était là et tous les avions ont du être acheté avec l’argent de l’état… au passage c’est aussi ce qui s’est passé pour le premier programme de nucléaire civil en France.

  18. @Abitbol : pour être honnête, je ne me suis jamais posé la question, pour la bonne et simple raison que je m’en fous totalement. Là nous parlons de politique énergétique, dans un pays soi disant démocratique et d’une technologie au moins très sensible sinon dangeureuse.

    De plus, on peut être certain (je l’ai vu moi même) qu’Airbus a construit et testé des prototypes avant de vendre son bouzin, là, ben c’est pas le cas. On avance à l’aveugle.

  19. @Romu, le retard de l’EPR Finlandais est dû pour au moins autant à la façon dont les Finlandais ont géré le dossier, avec des délais administratifs extrêmement longs, qu’à des problèmes techniques.La façon dont les dépassements seront financés dépend du contrat qui a été signé.
    Je vous rappelle que 2 EPR sont en cours de construction en Chine. Avec celui de Finlande et celui de Flamanville, cela fait 4 qui devraient entrer en fonctionnement avant 2015. Cela devrait suffire me semble-t-il pour une présérie!

    On construit à tout va dans le monde des centrales à charbon qui ne sont pas équipées de systèmes de captage de CO2, ni de filtres à cendres volantes. Il en existe avec des filtres: ils sont incapables d’arrêter le mercure et le radon! Même chez notre voisine l’Allemagne, qui va en construire à elle seule 30. Le problème est ici différent: on ne s’est même pas donné la peine de construire un seul prototype de centrale propre. Quand elles sont filtrées, Les cendres volantes chargées en produits toxiques sont stockées en milieu humide dans des réservoirs qui empoisonnent la nappe phréatique et dont les barrages se rompent.Tilleul nous assure que les écologistes protestent. Leurs clameurs étaient-elles parvenues jusqu’à vous?Tandis que l’EPR!

    Qu’en pensez-vous?

  20. @ Romu. Oui, je vous parle de la même chose ou presque. L’aviation civile s’appuie sur une technologie très sensible et dangereuse, comme nous le rappelle les quelques milliers de morts dans les différents crashs depuis 40 ans. A ce que je sache, le nucléaire n’a jamais tué autant de monde pour l’instant.
    Bien sûr que Airbus a testé des protos de son avion avant de le vendre. Cela n’a pas empêché les éventuels clients de passer des pré-commandes (qu’ils peuvent ou non confirmer par la suite).
    Vous nous parlez de projets dans votre post, n’est-ce pas ? Il n’y a pas de centrale EPR en construction en ce moment aux USA, Brésil et Inde…
    Maintenant, si vous avez personnellement quelque chose à vendre à ses pays dans l’ordre des montants représentés par le nucléaire, il faut nous le dire. Si vous avez des boulots de substitution à proposer à nos ingénieurs et chercheurs, on vous écoute…

  21. @BMD : des retards administratifs, je veux bien vous l’accorder, mais ça n’explique pas tous les problèmes techniques (sous-traitance, béton…) qui n’ont rien à voir avec la bureaucratie. Quant aux pénalités, Tilleul nous dit qu’ils seront payés par le contribuable français…la belle affaire que voilà. Bien sur que le charbon est dégueulasse, et alors ? Que ce que ça vient faire ici ? Encore une fois, je n’ai aucune religion contre le nucléaire, tant qu’on en a besoin, faisons avec. Mais tout aussi pro-nucléaire que vous soyez, vous m’avez l’air d’une personne raisonnable, en toute franchise, dans ces derniers jours, 7 constructions d’EPR ont été annoncées (6 en Inde et 1 en France) et on ne sait toujours pas si ça marche correctement, vraiment, entre nous, y a pas un truc qui cloche là dedans ?

    @Abitbol : Non, c’est la presse qui a parlé des projets d’EPR et j’ai réagi sur un commentaire de BMD, désolé je n’ai rien à vendre. Sauf qu’on m’a juste enseigné que dans un process industriel, on fait un design, un prototype, on teste, on valide, on fait une pré-série…Là, rien de tout ça. Mais si ça ne vous gêne pas, très bien pour vous, je n’ai rien contre. On est encore dans un pays libre, bien que de moins en moins.

  22. @Romu Je suis sûr que tout a été testé virtuellement, et de toute façon la techno nucléaire française a un passé et une valeur qui ne sont plus a prouver.
    Vos doutes et peurs montrent seulement que ce qu’on vous a enseigné ne s’applique pas à certains domaines et / ou qu’on ne vous a pas tout enseigné.
    Et tant que les verts-rouges-bruns ne seront pas au pouvoir, on sera toujours dans un pays libre. C’est à dire un pays que l’on peut quitter, par exemple.

  23. @Romu, ce que le charbon vient faire là-dedans, c’est que c’est l’alternative au nucléaire. Je suis d’accord avec votre raisonnement, mais je trouve qu’on arrête pas d’en faire des tonnes avec le nucléaire, et que cela se cristallise sur l’EPR, alors que le charbon, dont il est démontré qu’il est bien plus dangereux que le nucléaire, ne fait pas et de très loin l’objet de la même attention. Connaissez-vous l’histoire de Gribouille, qui se jette à l’eau pour éviter la pluie?

  24. Non le charbon ne peut pas être une alternative au nucléaire dans l’union européenne… Simplement parce que les années 2000 ont vu la mise en place de directive européennes (directives Best Available Technology, Large Combustion Plants…) qui augmentent de façon drastique les contraintes sur les rejets des centrales ce qui rend de facto beaucoup plus onéreux les centrales à charbon. En 2013 on aura sur le marché la totalité des droits d’émissions pour les centrales des pays riches et 30% pour les centrales des pays pauvres (en gros de la Pologne…). L’application du De plus le parlement européen a voté pour mettre en place la Schwarzenegger clause dès 2015. Ca veut dire que toute centrale au charbon construit après 2015 ne pourra émettre qu’au maximum 500 g_eqC02/kWh… Ca c’est pas possible sans séquestration du carbone et la séquestration du carbone ça n’existe pas…

    RWE a récemment indiqué qu’ils abandonnaient le charbon et la lignite pour l’Europe de l’Ouest parce que ça reviendrait trop cher avec la législation actuelle. Si eux abandonnent, c’est que personne ne va être capable de trouver une rentabilité au charbon…

    Le remplacement de la flotte nucléaire européenne c’est en 2020 que ça se pose, de plus un projet nucléaire ça met 10 ans à se concrétiser donc il n’y a aucune centrale nucléaire qui peut entrer en concurrence avec les centrales à charbon qui pourraient se construire dans les prochaines années.

    Bref le chantage : nucléaire ou charbon c’est de l’intox en Europe…

    C’est de l’intox aussi dans les pays en développement qui n’ont pour leur plus grande majorité pas la possibilité de passer au nucléaire pour des raisons structurelles.

    Il n’y a qu’aux Etats Unis que cette question se pose au vu des subventions que reçoit cette industrie… Mais on est pas aux Etats Unis, on est en Europe qu’est-ce que vous allez croire sur la situation européenne : vos yeux ou ce que les agences de lobbying américaines inventent ?

    Dans l’UE, le nucléaire n’est pas en concurrence avec les énergies renouvelables, parce que les énergies renouvelables lui sont très supérieure (économique, propre, à cout fixe) et qu’elles sont beaucoup plus acceptées que le nucléaire… Et de toute façon les objectifs EnR de l’Union Européennes ont été voté donc le pays qui n’en ferait pas serait obligé de payer des amendes…

    Donc en fait le nucléaire est en concurrence pour ce qui est de tout ce qui ne pourra pas être remplie par les énergies renouvelables. En théorie les EnR ont le potentiel de tout faire mais en pratique on est limité par la croissance des capacités de production.

    Les concurrents du nucléaire c’est donc : le gaz naturel et l’efficacité énergétique.

    Si c’est le gaz naturel ce sera en cogénération, voire mini cogénération en remplacement des chaudières individuelle parce que le gaz sans exploiter la chaleur serait trop cher. D’un point de vue CO2 ce serait équivalent au nucléaire.

    Pour l’efficacité énergétique c’est évidemment beaucoup plus intéressant que le gaz et le nucléaire sachant que ça ne veut pas dire « revenir à la bougie » ou alors il va falloir qu’expliquer en quoi il y a une quelconque régression à passer d’un réfrigérateur A à un réfrigérateur A++, de mettre des brise-soleil sur les vitres ou encore de réguler la ventilation en fonction de l’occupation des lieux…

    Après on fait son choix en connaissance de cause…

  25. Ah oui et pour le nucléaire finlandais, l’excuse des délais administratifs c’est de l’intox de la part d’Areva… J’ai pu discuté il y a pas longtemps avec un chercheur du VTT (institut technique qui agit en soutien de l’autorité de surveillance nucléaire finlandaise), la réalité c’est qu’Areva a mal fait son boulot et il y avait quantité de problème qui n’aurait pas eu d’impact sur la sécurité de la centrale mais auraient sévèrement limité sa durée de vie… Or quand on débourse plusieurs milliards d’euros on a un peu envie d’avoir ce qui est prévu dans le contrat et pas un truc vite fait de seconde zone qui vous plante avant que vous ayez rentabilisé votre investissement…

  26. c’est de l’intox de la part d’Areva… J’ai pu discuté il y a pas longtemps avec un chercheur du VTT
    ===

    Tu as discuté avec un employé qui fait partie de l’organisme responsable des délais selon AREVA, et non non c’est pas de leur faute. J’adore 🙂

  27. Author

    Donc Lecture accuse VTT d’être responsable en s’appuyant sur les dires d’Areva. Tilleul accuse Areva en s’appuyant sur les dires de VTT. Il n’y a plus qu’à consulter Dieu le père, non?

  28. Je n’accuse pas, je met simplement le doigt sur un biais rigolo dans le discours de Tilleul -le même qui te fait sourire, d’ailleurs 😉

  29. Le biais c’est surtout de ne même pas se renseigner pour savoir que ceux qui sont accusés d’être responsables des délais administratifs c’est l’autorité de sureté nucléaire finlandaise (STUK)…

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