Quand Fred Pierce s’attaque aux idées reçues. Acte 1. L’électricité verte

J’avais failli oublier. Le Guardian a inauguré une nouvelle chronique «Greenwash», la semaine dernière. Tous les jeudis, le talentueux Fred Pierce s’attaquera aux idées reçues et racontera les petites vertus de certains industriels qui prétendent faire dans l’écolo.

Jeudi dernier, Pierce s’est attaqué aux tarifs de l’électricité verte. Il démontre comment, en Grande-Bretagne, le consommateur est transformé en dindon. D’abord il paie, par un prélèvement sur sa facture, pour financer les tarifs de rachat d’électricité d’origine renouvelable (éolien, solaire, etc). Et ensuite, on lui fait payer une seconde fois l’électricité britannique en lui proposant des électrons repeints en verts, à un tarif plus élevé que les électrons normaux…

Mais le pire n’est pas là. Le pire, c’est que cette électricité verte acquise par les consommateurs britanniques n’est souvent pas plus verte que Borloo est un éco-warrior. Car outre-Manche, les producteurs n’ont pas rempli leurs obligations fixées par la loi, qui les oblige à produire une partie de l’énergie avec des sources non polluantes. Ils ont donc vendu en masse de l’énergie verte qu’ils n’ont pas produite… (1) Et comme les électrons n’ont pas de saveur, les consommateurs n’y ont vu que du feu.

Bref, nos voisins paient deux fois, pour une électricité dont ils ne peuvent connaître la couleur… En France, le flou est à peu près équivalent, à l’exception d’Enercoop qui vend du 100% vert, et entend le faire certifier.

Je profite de l’occasion pour dire tout le bien de Fred Pierce. Ce journaliste, donc je connaissais les articles dans New Scientist, m’a fait vivre un passionnant voyage dans son dernier livre Confession of an eco-sinner (2). Il a parcouru le monde et remonté toute la chaîne de production des produits de consommation courante qu’on trouve outre-Manche, du jean à la banane, et raconte les travers et les (parfois) bienfaits de la mondialisation, tordant bien des idées reçues, notamment en terme d’impact social.

Deux exemples. Le coton équitable en prend pour son grade: il voyage autant que le coton ordinaire avant d’atterrir dans les échoppes. Surtout, seuls les producteurs bénéficient de conditions «équitables». Les autres ouvriers et entreprises se font presser le citron pour la fabrication des vêtements, et là c’est plus du tout équitable. Plus surprenant, Pierce redore le blason des haricots verts du Kenya (ce qui suit est valable pour ceux qu’on trouve en Grande-Bretagne, faut pas tout prendre pour argent comptant). Certes, ils ont nécessité un peu plus d’énergie que ceux produits en Europe (quand ces derniers ne sont pas sous serres chauffées), mais la rémunération et les conditions de travail des petits producteurs kenyans sont un vrai plus pour la population du pays. Comme quoi…

(1) Pierce souligne qu’EDF est un des plus vertueux, outre-Manche, qui remplit presque ses obligations, et utilise la surprime des tarifs verts pour financer des toits solaires.

(2) Edité par Eden Project Books (non traduit en français)

25 commentaires

  1. Non, intox… Lorsque des gaz fluorés sont utilisés dans la fabrication des cellules photovoltaïques (ce n’est pas toujours le cas) ils sont comptabilisés dans le bilan environnemental qui est très positif comparé à toutes les autres énergies (éolien et petite hydro excepté). Donc le photovoltaïque lutte bel et bien contre l’effet de serre.

    Il y a une task force chargé de traquer les moindres émissions des cellules photovoltaïques et d’identifier quelles sont les solutions les plus écologiques et qui fait ça très bien.

    Sur ce sujet voir par exemple :

    http://igitur-archive.library.uu.nl/chem/2008-0506-201313/NWS-E-2007-156.pdf

    A noter que ce genre de recherche sur l’analyse du cycle de vie n’existe pas du coté des énergies conventionnelles…

    Cette parenthèse fermée, ce n’est pas un process lié spécifiquement à la production de cellules photovoltaïques mais quelque chose de commun avec les écrans LCD, les semi-conducteurs… Donc en fait toutes les activités humaines modernes… C’est d’ailleurs aussi un rappel que le web et tout autre solutions « virtuelles » ont quand même un impact écologique bien réel.

    L’article du monde est un peu à coté de la plaque puisque le NF3 est arrivé en substitution au SF6 qui est un gaz à effet de serre plus puissant avec une durée de vie plus longue et moins efficace dans son utilisation. Donc qu’on utilise plus de NF3 c’est une bonne nouvelle. Par contre ce qui est préoccupant c’est que les mesures ne correspondent pas à ce qui est indiqué par les industriels, il faudrait donc identifier s’il s’agit d’une diffusion d’ordre générale ou si la responsabilité de cette augmentation est imputable à quelques sites très polluants, d’où la nécessité de rendre obligatoire l’inventaire et la régulation de ces gaz puisque les solutions existent (voir le papier que j’ai mis en lien, modulo le fait qu’on peut peut être se permettre plus de frais pour aller dans des solutions écologiques dans le domaine des cleantech que dans le domaine de la high-tech et qu’il est plus facile de justifier un impact environnemental pour la création d’un panneau PV qui produit de l’énergie et qu’on fait fonctionner 30 ans avant d’être recyclé par le constructeur, que d’une télévision qui en utilise et qu’on change au bout de 2 ans pour l’envoyer en Inde…).

  2. @Tilleul, pourquoi prétendez-vous que les ACV ne sont pas pratiqués pour les énergies conventionnelles? C’est parfaitement faux. Un exemple récent est le travail réalisé à l’Institut Paul Scherrer que vous trouverez sur http://www.sauvonsleclimat.org. A moins que vous ne pensiez qu’il s’agisse d’un mauvais travail?Il est vrai que vous nous avez cité en exemple les travaux pourtant délicieusement tendancieux de Storm et Smith sur le nucléaire.
    Quant au solaire PV, peut-être est-il utile, avant de disserter sur le NF3, de rappeler que le silicium des panneaux est produit par réduction de silice avec du coke métallurgique, dans des fours électriques utilisant de l’électricité produite avec du charbon: Résultat de 40 à 140 grammes de CO2 par kWh d’électricité photovoltaïque produite, selon l’insolation( combien en Allemagne?)

  3. Non je dis que les énergies conventionnelles n’ont pas adopté de démarche visant à réduire leur ACV… Si Exxon dépensait la moitié de ce qu’il dépense en lobbying en R&D (ou même en rachat d’actions…).

    Vous savez je peux même vous trouvez des panneaux solaires qui font l’infini en production de CO2/kWh, il suffit que je l’enferme dans une cave au lieu de le mettre au soleil… Ou alors il suffit que je prenne comme référence les méthodes de production des années 90 qui sont forcément un peu moins rodé que ce qui se fait 20 ans plus tard (c’était le cas pour la base ExternE, qui a été réalisé il y a déjà quelque temps et qui en plus n’est pas très complète, il y a des pollutions qui manquent y compris pour le PV, http://www.ecn.nl/docs/library/report/2004/rx04071.pdf et http://www.nrel.gov/pv/thin_film/docs/fthenakis_alsema_dewild_ieee_pvsc_2005.pdf )… Les valeurs pour le solaire sont d’ailleurs updaté au fur et à mesure que les techniques s’améliorent, la dernière en date vient du projet Cristal Clear ( http://www.ipcrystalclear.info/default.aspx )… On est autour de 20 à 40 g_eqCO2 / kWh

    On s’attend à ce que ça diminue encore un peu puisque ça n’inclut pas les mesures de mitigations des gaz F, il reste encore pas mal de points sur lesquels on peut jouer…

    Voir par exemple :
    http://www.ipcrystalclear.info/Shared%20Documents/Project%20publications/SP6%20paper%20for%20EUPVSEC22%20(UU,%20Alsema%20et%20al).pdf

    Maintenant j’attends une étude subventionné par Atomprom, Exxon, Gaz de France ou Peabody qui ferait une analyse poussée des pollutions liés à l’uranium/pétrole/gaz/charbon et les moyens de les baisser… Mais peut-être que vous en avez, vous avez l’air de plus vous y connaitre en énergies sales que moi…

    Pour le silicium, vous oubliez surtout de dire que pour tout ce qui est couche mince on se passe de cette étape (voir carrément du silicium qui n’est pas le seul semiconducteur qui est utilisé pour faire des panneaux solaires je vous signale), et ensuite dans les panneaux cristalins on en utilise pas non plus des tonnes… La production de silicium utilisé dans un m² de panneaux solaires en 2007 ça représentait entre 200 et 350 kWh/m² (après on a la fabrication des galettes qui s’ajoute mais là aussi ça reste dans le même ordre)… C’est à dire que c’est moins que la consommation annuelle d’un réfrigérateur…

  4. Oups 200 à 330 kWh_primaire donc en fait c’est plutot 3 fois moins qu’un réfrigérateur…

  5. @ Tilleul, à nouveau vous exagérez. Votre passion nuit à votre objectivité. Les rendements des nouvelles centrales à combustibles fossiles sont plus importants que celui des anciennes, tandis que les pollutions atmosphériques qu’elles entraînent sont plus faibles.Le rendement et le taux d’utilisation du combustible seront plus importants pour l’EPR que pour Fessenheim.

    Les pétroliers, que vous critiquez à travers Exxon, se sont fixés des procédures de plus en plus rigoureuses pour leurs opérations , qu’ils n’appliquent pas toujours, je le reconnais,dans certains pays à la réglementation défaillante. Et la désulfuration des fuels, c’est efficace!

    Les constructeurs automobiles ont fixé des normes telles que si la flotte européenne était complètement remplacée par les nouveaux véhicules, la pollution automobile dans les villes d’Europe serait insignifiante! ( je ne parle pas du CO2, où les progrès sont insensibles car le consommateur moyen veut de la grosse voiture climatisée pleine de gadgets et qui roule vite!)

    Quant à votre image des panneaux solaires à la cave, peut-être pensez-vous à l’Allemagne, où il n’y a guère de soleil?

    Maintenant, expliquez moi comment on peut se passer de la réduction de la silice pour fabriquer du silicium?

  6. Si j’étais passionné j’irais parler d’un monde merveilleux ou l’on aurait 35 millions de voitures électrique en France qui serait alimenté par de l’électricité solaire géostationnaire et des éoliennes exploitant les vent géostrophiques… Mais comme je connais les limites industrielles, je me contente de regarder ce qu’il est possible de faire dans les 10 prochaines années à grande échelle.

    Essayer de vous intéresser à des personnes un peu plus au fait des réalités du monde que « sauvons le CEA » qui s’imagine qu’une centrale nucléaire se construit aussi rapidement qu’une usine de bonbons… Quand vous regardez le discours de personnes qui s’intéresse un peu plus aux solutions comme Burton Richter (prix Nobel de physique) ils sont les premiers à reconnaitre que le nucléaire n’est qu’une petite partie des efforts qu’il y a à faire… Le keystone report
    ( http://www.keystone.org/spp/documents/FinalReport_NJFF6_12_2007(1).pdf ) indique aussi qu’une contribution du nucléaire à hauter de 10% de l’effort à faire se fera avec des difficultés techniques considérables, un cout significatif et une fréquence d’installation sans précédents. Et c’est un rapport qui donne l’avis de personne qui travaillent dans la recherche nucléaire, qui construisent ou qui utilisent ces centrales…

    Quand Joseph Romm regarde en détail le potentiel de réductions des gaz à effet de serre,
    ( http://climateprogress.org/2008/04/22/is-450-ppm-or-less-politically-possible-part-2-the-solution/ ), il est bien obligé de constater que ce sont les renouvelables qui devront porter l’essentiel de la charge.

    Alors puisque comme vous le faites remarquer : en Allemagne il y a peu de soleil, pourquoi voudriez vous interdire l’exploitation des énergies renouvelables là où elles sont présentes, c’est à dire en France qui possède l’un des premiers gisement d’Europe ? A ce que je sache on mine l’uranium dans les gisements d’uranium et le pétrole là où il y a des gisements de pétrole… pas en côte d’azur…

    « Maintenant, expliquez moi comment on peut se passer de la réduction de la silice pour fabriquer du silicium? »

    En vivant sur la poubelle de la société de consommation. Pour fabriquer des cellules en silicium amorphe on procède décomposition du silane sur un support, ce qui donne la possibilité d’exploiter les rejets de l’industrie électronique.

    « Les pétroliers, que vous critiquez à travers Exxon, se sont fixés des procédures de plus en plus rigoureuses pour leurs opérations , qu’ils n’appliquent pas toujours, je le reconnais,dans certains pays à la réglementation défaillante. Et la désulfuration des fuels, c’est efficace! »

    Dans les années 50, le smog tuait alors on a mis des cheminées plus haute. Avec les cheminées plus haute les polluants ont voyagé et ça a donné les plus acides alors on a mis des décrasseurs. Avec les décrasseurs l’efficacité baisse alors on rejette plus de CO2 qui déstabilise le climat alors on va séquestrer le CO2, etc… Excusez-moi mais ça ressemble beaucoup plus à une fuite en avant pour répondre aux loix environnementales promulgués au fur et à mesure que les problèmes arrivent qu’à une rélle volonté d’etre pro-actif… La preuve, la rubrique de Fred Pierce…

  7. Et je réponds au post dans l’autre discussion, il ne s’agit pas d’une critique de la méthode ExternE, il s’agit du constat comme quoi la base ExternE avait besoin d’être updaté… Update qui a été réalisé puisque ce constat était partagé. Sinon Fthenakis c’est un scientifique de renommée mondiale qui contribue depuis 20 ans à la maitrise des rejets des industries chimiques, donc évidemment que les émissions de CO2 et de polluants provenant de l’électricité utilisé pour la fabrication du silicium sont présentes dans le bilan actuel (il existe d’ailleurs plusieurs bilans pour l’Europe, le Japon et les USA)… Vous en avez pas marre de faire de l’intox ?

  8. @Tilleul, çà n’empêche pas Fthenakis de mélanger des choux et des carottes, comme vous.

    Et le potentiel de réduction des GES est en premier lieu dans la diminution de la consommation de combustibles fossiles, charbon allemand entre autres, bien avant les renouvelables.

  9. @Tilleul, à propos, pourquoi n’expliqueriez-vous pas comment on fait pour produire du silicium amorphe à partir de silanes , la quantité d’énergie qui est nécessaire pour cela et d’où provient cette énergie?

  10. Vous bottez en touche là… Par quoi vous remplacez les fossiles et le charbon puisque ce n’est pas possible de le faire avec le nucléaire ?

  11. @Tilleul, dans les pays de l’OCDE, les plus consommateurs, je les remplace en premier lieu par une forte diminution de leur consommation, tout à fait possible si on y arrête la course à l’échalotte, et en second lieu par un développement du nucléaire, tout à fait possible car ces pays en dominent la technologie ( et ce développement va commencer, quoique vous en disiez), et par un développement corrélatif des voitures électriques et hybrides rechargeables.

    Je développe aussi le renouvelable durable, biomasse essentiellement. Je mets la pédale douce pour l’instant sur le renouvelable non durable, l’éolien en particulier, qui n’est pas durable à fortes doses parce qu’il aura alors besoin de l’assistance de turbines à gaz tant que les capacités de stockage de l’électricité seront ce qu’elles sont. Je fonce sur l’éolien et le solaire photovoltaïque ou à concentration dès que ce stockage devient possible.

    Et je n’inonde pas les pigeons verts par une marée de contre-vérités et d’à peu-près sur le nucléaire et sur les possibilités miraculeuses des énergies renouvelables actuellement non durables.

    Et notez bien que je ne parle pas de l’Inde ou du Zimbabwé.

    Puisque vous ne dites rien des siloxanes, je précise qu’il s’agit de molécules de formule générale (SiO) R, R étant un radical organique, que l’on trouve par exemple en traces dans le biogaz issu des décharges. Il faut s’en débarrasser à grands frais si l’on veut utiliser ce biogaz dans les moteurs de voiture, parce qu’ils y déposent de la silice, qui est un abrasif.Comme dans la silice,le silicium est lié dans ces molécules à de l’oxygène, et il s’agit d’une liaison très forte. Il faut donc beaucoup d’énergie pour la rompre! Et d’où vient cette énergie?

    Je doute que l’on récupère les siloxanes des déchets pour faire du silicium amorphe en couches minces. Je pense plutôt qu’on les prépare, comme les chlorosilanes, par réaction de la silice avec des produits chimiques (polluants). Mais n’hésitez pas à me détromper.

  12. BMD : sur le stockage de l’éolien et du solaire (qui je le rappelle est inutile puisque le réseau agit comme un stockage et c’est d’ailleurs pour ça qu’on a connecté les générateurs) je vous rappelle que vous imaginez qu’on peut produire assez de batterie lithium pour remplacer toutes les voitures individuelles en France (soit un bon 700 GWh de batteries) en un claquement de doigt… Donc vous vous contredisez d’un point sur l’autre…

    La biomasse ça s’utilise dans le même type de centrales que les fossiles : si vous développer la biomasse et l’hydroélectricité vous pouvez gérer toutes les variations du photovoltaïque et de l’éolien… Deuxième contradiction.

    Pour le nucléaire : vous avez déjà 400 réacteurs qu’il faut remplacer… (c’est ça la so called « nuclear renaissance », un simple renouvellement du matériel). Tous les projets de centrales en construction, planifié ou en considération jusqu’en 2012 sont connus. Donc pour l’instant la capacité nucléaire va baisser, parce qu’on en ferme en plus qu’on en construit.

    Ensuite le nombre de fermeture va aller croissant… Ca va déjà être un défi industriel de NE PAS faire la capacité de production nucléaire. Si vous voulez que le nucléaire contribue à la stabilisation du climat à hauteur de 10% il va falloir construire dès maintenant 21,4 GWe par an pendant 50 ans ! C’est un planning totalement délirant sur lequel on est déjà très en retard… Et ça coutera très très cher.

    Et ça ce n’est que pour un dixième de l’effort… Donc là vous demandez à avoir une efficacité énergétique qui approche le facteur 10 ! Vous comptez faire ça comment ? En nous faisant retomber à l’âge de la bougie et des calèches ? Parce que ce que vous proposez ça veut dire qu’on se retrouve au niveau vie de l’Ethiopie…

    Et sinon j’ai dit silane (SiH4), pas silOXane… Typiquement vous prenez les déchets de silicium qui sont rejetés par l’industrie semi conducteur et vous faites réagir avec de l’acide chlorhydrique mais il existe tout un tas d’autres techniques propriétaires… Les cellules PV produites de cette façon sont moins cher mais nécessite plus de surface pour une même puissance (c’est ce qu’on trouve typiquement associée à une membrane d’étanchéité).

    Maintenant échange d’information : donnez moi la quantité d’énergie nécessaire au chantier de 5 ans qu’est la construction d’une centrale nucléaire.

  13. de Karva à Tilleul,

    désolé, je n’ai pas lu ce qui précède, mais c’est évident, il faut construire bien plus que 21 GWe par an! Que 21 GWe coûtent à peu près 45 GEuros n’est pas le problème: cette somme est à mettre en rapport avec les profits annuels de EXXON; de l’ordre de 50 Gdollars et elle investit à peu près la moitié de cette somme.

    Je vous rappelle que la France a construit à un moment plus de 3 GW/an, sans aucun problème. Comme la France est 1% de la population mondiale.

    Non, vraiment, je ne vois pas où est le problème, à partir du moment où un pays prend une décision aussi intelligente que la décision francaise des années 70, beaucoup de choses peuvent se faire!

    Faisons confiance au progrès au lieu de nous enfermer dans un catastrophisme motifère!

    Karva

  14. Pour un pays qui ne fait que 1% de la consommation, la France consomme 16% de l’uranium mondial…

    « Faisons confiance au progrès au lieu de nous enfermer dans un catastrophisme motifère! »

    Ce que vous dites là c’est un acte de foi, c’est à dire un argument religieux. Permettez moi de me positionner plutot sur le terrain de la raison, si votre seul argument c’est de dire « d’ici quelque temps tout va s’arranger », je vous rappelerais que c’est justement le temps qui est ce qui nous manque le plus, l’argument de Keynes « sur le long terme nous sommes tous morts » utilisés pour critiquer ce genre de prédictions totalement vague n’a jamais été aussi valide.

    Dans les années 1965, il y a eu un rapport à l’administration américaine qui avertissait déjà des dangers de laisser filer la concentration en CO2 dans l’atmosphère (Restoring the Quality of Our Environment), à ce moment là on a considéré que c’était du catastrophisme de s’inquiéter de ça et que le progrès allait bien évidemment nous donner des solutions de géoingénierie pour régler le problème : on en paye le prix maintenant. Dans le même temps on a cédé au « catastrophisme mortifère » en ce qui concerne la protection de la couche d’ozone et on a réussi à inverser la tendance et à mettre en place des solutions de remplacement au CFC…

    Le progrès c’est quelque chose qui a toujours été provoqué et qui par définition est une rupture avec l’ordre existant, si vous dites « faites confiance au progrès », vous vous retirez de fait toute possibilité au progrés d’agir puisque vous vous placez dans une position conservatrice qui consiste à ne rien faire.

    Quand le programme nucléaire français a construit 3GW/an c’était après 10 ans de constructions de centrales… (et 20 ans de développement). C’était financé par un état en excédent budgétaire (et pas avec 1200 milliards de dettes) et dans une période de faible inflation et de faible cout des matières premières. Tout le contraire de la situation actuelle ou puisqu’en plus il n’y a plus le savoir faire :

    « At a recent nuclear industry conference, some key pinch points were described. Two decades ago, the U.S. had about 400 suppliers and 900 nuclear or Nstamp certificate holders (sub-suppliers) licensed by the American Society of Mechanical Engineers. Today those numbers are 80 and 200. »
    (keystone report)

    et ajouter à ça qu’une grande partie du personnel va devoir être utilisé sur les opérations de démantellement…

    Il va falloir revoir l’échelle de cout du kW nucléaire,

    « Based on this study, Florida Power & Light in February 2008 released projected figures for two new AP1000 reactors at its proposed Turkey Point site. These took into account increases of some 50% in material, equipment and labour since 2004. The new figures for overnight capital cost ranged from $2444 to $3582 /kW, or when grossed up to include cooling towers, site works, land costs, transmission costs and risk management, the total cost came to $3108 to $4540 per kilowatt. Adding in finance charges almost doubled the overall figures at $5780 to $8071 /kW. »

    (http://www.world-nuclear.org/info/inf02.html : au passage je note que la world nuclear association doit aussi faire partie des « greenwashers pour pigeon vert » chers à BMD puisqu’elle cite des études qui donne un cout du kWh éolien comparable à celui du nucléaire…)

    Faut pas se baser sur le cout d’une centrale nucléaire seule il y a 30 ans… Les conditions de constructions ne sont plus les mêmes (acier béton cuivre…) et surtout on oublie la moitié des dépenses qui concerne le terrain, le système de réfrigération, les dépenses de chantiers, et encore après on a les dépenses de financement… C’est ce cout projet qu’il faut débourser…

    Deuxièmement il faut débourser cet argent avant même d’avoir le premier kWh… On commence à payer les 15 premiers % pendant 3 ans, ensuite tout le reste pendant 5 ans, c’est seulement après avoir continuer à payer pendant 8 ans que la centrale produit son premier kWh et qui rembourse l’investissement. Ca veut dire que toute relance nucléaire implique de s’appauvrir continuellement pendant 8 ans sans en tirer aucun bénéfice…

    Troisièmement si vous ne faites que ces dépenses vous ne pouvez toujours pas produire un seul kWh parce qu’il faut doubler (ou tripler) le nombre de mines d’uranium. On parle de 25 milliards de $ rien que pour Olympic Dam ( http://www.stockhouse.com/Community-News/2008/October/21/When-is-the-uranium-price-going-up- ), on ne sait toujours pas quand Cigar Lake va pouvoir être exploiter vu les problèmes d’inondation qui ne sont toujours pas résolu, la Russie a obtenu l’exclusivité des mines du Kazakhstan et l’Inde qui devait arrêter ses centrales faute de carburant a maintenant l’autorisation d’en acheter à l’international… Tout ça alors que l’offre (40,000 t) est très inférieure à la demande (60,000t)…

    Quatrièmement il faut doubler également le nombre d’installation d’enrichissement d’uranium (sachant que le bilan CFC des plus anciennes est pas glorieux glorieux et qu’en tout état de cause il va falloir trouver une solution à ce problème). Ca aussi il va falloir le financer avant même de faire quoi que ce soit…

    Et tout ça c’est pas dans 20 ou 50 ans… C’est maintenant, tout de suite… Alors le couplet « Tout va très bien madame la marquise! » il va peut être falloir le relativiser, non ?

  15. @Tilleul,
    Prétendre que le seul réseau a les capacités d’amortissement suffisantes pour régulariser l’électricité éolienne, il y a vraiment de quoi rire. On se demande alors pourquoi les partisans de l’éolien affirment partout ce qu’ils ont toujours été parfaitement incapables de démontrer, que les différents régimes de vent décorrélés en Europe permettront de résoudre le problème posé au réseau par l’intermittence.Je suppose que vous voulez dire qu’on régule l’éolien avec des turbines à gaz branchées sur le réseau? Alors là je suis d’accord.Eolien= gaz naturel ( non durable et cher).Plus il y aura d’éolien, et plus les actions des compagnies gazières monteront!
    La biomasse utilisée à faire de l’électricité avec des centrales classiques à combustibles fossiles à chaudière ne peut pas plus régulariser l’éolien que ne peuvent le faire les dites centrales. La biomasse doit être soit gazéifiée, soit transformée en biogaz, puis le gaz produit est utilisé dans une turbine à gaz. Etant donné le très médiocre rendement énergétique de telles filières, toute la biomasse d’Europe ne suffirait pas à régulariser les seules éoliennes allemandes actuelles!
    Il y a d’ailleurs bien mieux à faire avec de la biomasse que de produire de l’électricité.
    Quand je parle de développer la biomasse, c’est essentiellement pour faire de la chaleur,et des biocarburants de deuxième génération, avec l’appoint d’hydrogène produit par des centrales nucléaires.
    Quant à l’hydroélectricité, on est déjà au taquet. Quelques STEP supplémentaires seraient bienvenues, mais les mouvements écologistes n’en veulent pas! C’est incohérent!

    Quand au développement du nucléaire, je vous sens découragé. Il est tout à fait vrai que les combats retardateurs qui ont été mené avec assiduité depuis 20 ans ont considérablement ralenti les activités. Mais quand je vois les développements en cours en Asie et au Brésil, aux Etats-Unis et en Angleterre, je me dis que vous ne devriez pas vous désespérer. Et quand les Allemands en auront marre de payer leur électricité trop cher, tandis qu’EDF s’enrichira ( si des petits malins ne lui piquent pas sa rente sous le regard bienveillant du gouvernement français),et quand ils auront enfin réalisé qu’ils sont avec leur charbon les plus grands pollueurs d’Europe, ils s’y mettront peut-être aussi?
    Notez bien que si les pays de l’OCDE divisent leur consommation de combustibles fossiles par deux, cela multiplie par presque deux les proportions chez eux de renouvelables et de nucléaire, sans qu’il y ait besoin de construire une seule centrale supplémentaire!

  16. http://www.world-nuclear.org/info/reactors.html

    En construction (fin de chantier prévu entre 2008 et 2015) : 29 GWe / 36 centrales

    Nombre de réacteur arrivant en fin de vie (40 ans hypothèse optimiste) en 2015 : 61 GWe / 93 réacteurs

    capacité nucléaire planifiée (2015 – 2025) : 108 GWe / 99 réacteurs
    capacité nucléaire retirée du réseau en 2015-2025 : 192 GWe / 168 réacteurs

    capacité électrique envisagée : 211 GWe
    (y compris dans les pays qui n’ont aucune autorité de sureté nucléaire, ce qui veut dire au moins 10 ans de procédure administratives qui ne sont pas certaines d’aboutir si l’administration du pays est trop corrompue…)
    capacité nucléaire retirée du réseau entre 2025-2050 : 163 GWe/ 177 réacteurs

    Le compte n’y est pas… Vous avez pas l’air de vous rendre compte que la construction des centrales nucléaires a été en forme de cloche et pas de façon linéaire et de ce que ça implique…

    Sur l’éolien, la preuve du pudding c’est qu’on le mange… Il y a eu l’année dernière 20 GW de vent installé (la croissance nécessaire pour 1 wedge est de 40GW/an…). Même les pays Africain installent de l’éolien pour stabiliser leur réseau, Vergnet a d’ailleurs récemment signé un contrat pour livrer 120 MW en Ethiopie… Vous êtes resté bloqué sur l’idée qu’une éolienne fonctionne avec du gaz alors qu’elle fonctionne avec du vent, que c’est le gaz qui régule le réseau européen alors que c’est l’hydroélectricité et vous avez prouvé à maintes occasions que vous ne saviez comment fonctionner un réseau électrique, à partir de ce moment là on est dans la superstition la plus primaire… A la limite je préfère encore que vous vous défouliez sur un forum internet plutôt que d’aller prendre une ceinture explosive et vous faire sauter au milieu d’une ferme éolienne ( la charge à cheval c’est un peu has been il parait…)

    Sur la théorie du complot contre le nucléaire je cite Al Gore qui était quand même vice président des Etats-Unis (premier producteur d’énergie nucléaire au monde) :

    « En fait, les principales raisons de l’annulation de certains projets de centrales nucléaires ne furent pas tant l’appréhension croissante de l’opinion publique à cause d’accidents comme Three Mile Island ou Tchernobyl, mais plutôt les incertitudes sur la demande future d’énergie et les problèmes économiques liés aux dépassements de devis de construction. »

    Vous ne trouverez personne de sérieux qui croit à votre théorie du complot mondial… Le commentaire le plus cruel envers l’énergie nucléaire que j’ai jamais lu il vient de The Economist : « Since the 1970s, far from being “too cheap to meter”—as it proponents once blithely claimed—nuclear power has proved too expensive to matter ». Vous pouvez pas en toute honnêteté dire que ce journal est un repère de militants de Earth First!

    Vous m’avez toujours pas répondu : combien faut-il d’énergie pour réaliser les 5 ans de construction de centrale nucléaire ?



    1. Bizarre de poster cela ici et maintenant.
      Il est pourtant bien établi que Fred n’a pas écouté quand Mojib Latif a parlé. Il avait dit qu’il fallait faire attention, sinon les journalistes allaient dire qu’on aurait 20 ans de refroidissement. Le pauvre Fred n’a entendu que la fin, et c’est qu’il a écrit. Et c’est tout faux.
      Je rappelle: la température mondiale, pour autant qu’un tel objet puisse exister, possède une tendance climatique à la hausse, et une (forte) variabilité inter-annuelle. Pour des périodes ‘courtes’ (moins de 20 ans), cette variabilité est du même ordre de grandeur que la tendance à long terme. Donc sur une telle période courte, les observations peuvent être stables, à la hausse ou à la baisse, mais ne signalent en aucun cas un changement de la tendance climatique.
      Mojif Latif a exprimé cela dans un congrès dédié à la recherche sur cette variabilité. On sait que des circulations océaniques jouent un rôle, que l’ENSO joue un rôle etc mais il manque les moyens de caractériser et de prévoir ces impacts.

      1. Encore un qui sait tout, qui trouve bizarre, qui épingle les autres, les qui ne font pas attention, les qui n’écoutent pas, les qui ont pas compris, les qui ont tout faux, les menteurs,

        On a un bol pas croyable d’avoir un type comme ça qui nous dit ce qu’il faut penser sur le nucléaire, sur les vélos, sur le climat, sur les déplacements avec des patates, sur les éoliennes,
        J’en ai oublié ? oui sûrement !

      2. Personne ne vous dit quoi penser mais si vous avez des arguments sur tous ces sujets n’hésitez pas à en parler, moi ça m’intéresse.

      3. « Personne ne vous dit quoi penser »
        vous n’avez-rien compris vous !


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