Faudra-t-il aller au pôle nord à la nage?

Il n’y aura pas de record cette année de fonte des glaces Arctiques. Le Centre américain de données sur la neige et la glace a rendu son verdict: en principe, l’étendue de la banquise a atteint son minimum, même si une évolution de dernière minute est encore possible. Le cas s’était présenté en 1985, mais, avec un soleil déjà très bas sur l’horizon qui n’apporte plus beaucoup d’énergie, toute évolution sera minime. Le minimum de cette année, le second le plus faible depuis le début du suivi des glaces arctiques en 1979, s’établit à 4,52 millions de kilomètres carrés, se situe 9,4% au dessus du record absolu, établi l’an dernier. Mais aussi, 33% en dessous de la moyenne relevée entre 1979 et 2000.

En août, un débat avait surgi, sur la méthode de comptage des surfaces de banquise du NSIDC. Steven Goddard, un sceptique du réchauffement climatique, avait ouvert la charge. Dans une violente charge titrée « La glace Arctique refuse de fondre comme on le lui a ordonné » publiée par The Register, Goddard affirmait que les données de l’Université d’Illinois montrent une nette amélioration de la banquise entre 2007 et 2008, et qu’elles prouvent que les données du NSIDC sont fausses. Un chercheur du Centre américain, Walt Meier a répondu aux accusations du Register, qui a publié ses remarques. Et Goddard s’est excusé.

Cela paraîtra peut-être ésotérique à certains, mais il est bon de rappeler quelques principes de méthodologie. D’abord, il est indispensable de comparer ce qui est comparable. Et donc de s’assurer que, d’une année à l’autre, la méthode de mesure n’a pas changé. Quand on la change, il convient de reprendre les données des années précédentes et de les passer au nouveau crible. L’Université d’Illinois n’aurait pas fait ce travail indispensable, laisse entendre Goddard pour se dédouaner. Il relève que cette année l’écart entre ses données et celles de la Nasa a disparu, entraînant une hausse de la surface mesurée de banquise plus importante que dans la réalité. Que Goddard ait raison ou pas sur ce point est secondaire, l’essentiel est qu’il reconnaît son erreur, qualifiant désormais la méthode du NSIDC de « solide ».

Pour ceux que cela intéresse, le NSIDC compte, dans les images satellites, le nombre de points où il y a de la glace, en pondérant chaque pixel par la surface terrestre équivalente. Quand on projette une sphère sur un plan, les pixels représentent une surface d’autant plus importante qu’ils sont loin du pôle.

Pour finir, le WWF a tenté d’ouvrir une autre brèche, mais dans un sens inverse à Goddard. L’organisation écologiste estime que, comme la glace qui reste est plus mince que l’an dernier, le record du plus petit Volume de banquise pourrait avoir été battu cette année. N’ayant pas pris mon pied à coulisse et un canot brise-glace, et même si la Nasa relève une baisse inquiétante des glaces épaisses à la fin de l’hiver dernier, je m’abstiendrai de commenter cette affirmation. Ce qui est sûr, c’est que l’état de la banquise relevé par le NSIDC s’inscrit dans la tendance à long terme de disparition des glaces de mer dans l’Arctique constatée depuis 1979. Ce qui correspond à ce que prédisent les modèles dans un climat réchauffé.

13 commentaires

  1. Finalement le fait que le dirigeable de Jean Louis Étienne soit parti en fumée est peut être une bonne chose s’il n’y a plus de banquise à mesurer ! hihi

  2. Author

    Pas sûr que JLE en rirait. Mais moi si. Vous avez de l’humour au milieu de votre désabusement, Ratmanoff

  3. @1 tout à fait.
    Le dirigeable de JL. Etienne est sensé aller mesurer l’épaisseur de la banquise, que PERSONNE ne connaît (les satellites ne mesurent que l’étendue, et encore, pas très bien puisque 30% de banquise peuvent fondre sans prévenir… dans les ordinateurs de Cryosphere Today, cf http://skyfal.free.fr/?p=258 )

    Mais voilà qu’on apprend, [mode lèche on] par l’intermédiaire de notre blogueur bien-aimé qui dans son infinie sagesse ne s’en est pas laissé conter quand même [mode lèche off], que la WWF connaît cette fameuse épaisseur de la banquise puisqu’elle en connaît le **volume** et qu’elle prétend même qu’on en serait au plus bas, sans doute grâce à un réseau d’ours blancs qui opèrent en sous-ma(r)in pour lui remplir sa base de données. Donc la mission de notre hélicologiste aurait été superflue.

    La prochaine fois, si vous ne trouvez pas de données scientifiques chez les scientifiques, inutile de monter une expédition coûteuse et risquée, allez demander à la WWF, ils vous donneront tout ce qui est bon à savoir.

  4. Author

    Euh, miniTAX. Il y a eu quand même des données, parcellaires, certes, qui font état d’une réduction de l’épaisseur des glaces. Et la communauté scientifique attend beaucoup du satellite Cryosat-2 qui sera lancé l’an prochain pour mesurer les épaisseurs.

  5. Nous pouvons donc nous donner rendez-vous en 2040 sans plus de spéculation…
    En effet, on pourra bientôt calculer l’épaisseur de la banquise grâce aux satellites dédiés, en 2010. Cette première année deviendra la référence et il faudra 30 ans de mesures pour commencer à parler de tendance.
    Personne n’a jamais mesuré l’épaisseur de la banquise sérieusement, et ce ne sont pas quelques données « parcellaires » qui peuvent nous donner une quelconque indication. Sauf pour les alarmistes les plus crasses (type WWF) dont le raisonnement tient plus du dogme que de l’observation.

  6. Author

    Je crains que le rendez-vous n’ait lieu bien avant 2040. Car ça fond vite dans le grand Nord. Les paris sont pris pour la date du premier été d’eaux libres dans l’océan Arctique!

  7. Il est bien connu qu’avant le lancement des satellites on a jamais su donner d’estimation de la circonférence de la Terre, ou de la distance entre la Terre et la Lune, ou de la hauteur des montages, ou de la profondeur des océans, on a même jamais été capable de réaliser une quelconque carte du monde avec les quelques données « parcellaire » que nous avions… Si on a pas été capable de faire des estimations pour tous ces trucs qui tenaient la route vous imaginez bien qu’on a vraiment aucun moyen d’avoir ne serait-ce qu’une seule petite idée sur ce qui se passe au niveau de la surface de la banquise…

    Et puis, c’est bien connu que pour n’importe quelle observation il faut toujours lancer un satellite spécialement dédié, voyons il est totalement inconcevable que des données d’autres satellites croisée avec des observation locales puissent nous permettre de connaitre des ordres de grandeur générale qu’un nouveau satellite ne ferait qu’affiner. Est-ce que les scientifiques ont jamais procédé comme ça ? Non, d’ailleurs ils ont toujours donner des résultats qui étaient tous le temps en dehors des marges d’incertitudes des précédentes observations, c’est d’ailleurs pour ça que tous les ponts qu’on construit s’écroulent dans les 20 ans qui suivent parce que les lois de la physique sont changées au grès de l’agenda politique conspirationiste du moment.

    Et puis ça doit être sympa les discussion de machine à café :  » – bon alors Jim on dit qu’elle fait combien la banquise, j’ai des bateaux qui voudraient bien savoir quelle route commerciale prendre ? – Attends je lance les dés et je te dis ça ! « …

  8. Oui c’est vrai qu’on a souvent besoin de comparer la distance de la terre à la lune d’une année sur l’autre. Et puis, qu’il est très utile de voir si la circonférence de notre planète évolue dans le temps. J’oubliais les nombreux ponts reliants les icebergs dans le grand Nord…
    Tu prends une autre bière ?
    Pour faire de la bonne ironie, il faut avoir un argument en fin de compte…

  9. Les paris sur la comète et les observations à vue de nez…
    Je croyais qu’il était question de science, d’observation des phénomènes, de raisonnements et de rigueur intellectuelle…

  10. @4
    Denis, les données sur l’épaisseur de la banquise n’existent PAS ! Si elles existaient, il vous suffit de montrer un lien sur sa base de données au lieu de faire de long discours.

    Les seules « données » qui existent, c’est celles pondues par les modèles à partir de quelques malheureux trous de forages en périphérie ou de mesures sur une vingtaine de points par des sous-marins et encore, sur des périodes courtes et discontinues. Et vu la pertinence de ces modèle (qui ne sont pas d’accord entre eux-même) sur lesquels les « experts » se sont basés pour prédire il y a encore tout juste 6 mois que le record du minimum en 2007 allait être battu (souvenez-vous les histoires de « glace jeune qui ne permet pas à la banquise de résister à l’été » et autres âneries prononcées sans vergogne il y a encore peu), vous ne devriez pas miser un kopek dessus.

  11. Les Romains ont construit de beaux viaduc comme celui qui enjambe le Gard. Je pense qu’ils avaient déjà des outils et des instruments de mesure… La construction du pont de Millau est une autre histoire. La technologie fait avancer, non ?
    Un examen des anciennes cartes du monde peut être très instructif, il n’est pas impossible que nous ayons gagner en précision depuis Christophe Colomb…
    On peut tout faire à l’estime… même soigner les cancers. Les malades préfèrent en général qu’on utilise un scanner, un microcoscope et de la chimio-thérapie pour les soigner.

    Un satellite n’est jamais qu’un outil très performant pouvant embarquer des instruments de mesure très performants, ce dont nous avons besoin pour récolter dans le cas qui nous intéresse des données sur l’épaisseur de la banquise.

  12. Hier tout le monde était spécialiste de la physique des particules et des trous noirs, aujourd’hui tout le monde est spécialiste de la banquise… J’adore Internet…

  13. Ah sinon totalement par hasard j’ai lu l’explication des données sur l’épaisseur de la banquise, nul besoin d’envoyer des trucs au dessus de la glace quand on a des gens qui passent en dessous : les données des sonars des sous-marins de l’US navy ont été mis à la disposition des scientifiques depuis déjà quelques temps…

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