Monsanto et la vache aux hormones

Ce n’est pas souvent que ça arrive. Mais quand un article scientifique fait l’objet d’une mention en rouge “CONFLIT D’INTERET”, on y regarde à deux fois.

C’est ce qui se passe cette semaine dans la livraison hebdomadaire des Annales de l’Académies américaine des sciences. Deux des quatre auteurs d’une recherche sur le bénéfice environnemental d’une hormone destinée à stimuler la production des vaches laitières émargent chez Monsanto, le producteur de ladite hormone.

Loin de moi l’idée d’empêcher les chercheurs du privé de signer des papiers dans les grandes revues de science. Mais avouez qu’un papier sur les bienfaits de la somatotropine recombinée (rbST), une hormone de croissance interdite en Europe (et utilisée aux Etats-Unis), co-signé par Monsanto, ça ne manque pas de sel. Roger Cady est salarié et actionnaire de l’entreprise et l’universitaire Dale Bauman, émarge comme consultant.

Passé l’étonnement, que dit au juste ce papier? Qu’en donnant de la somatotropine recombinée (vendue par Monsanto sous la marque Posilac), on augmente de 15% la productivité des laitières. On réduit les pets de vache (le méthane), la quantité de purin et la consommation d’aliment. Par unité de lait produit, s’entend. Bref, un million de vaches de plus dopées avec cette hormone, ce seraient cent millions de kilowatt-heures économisés et l’équivalent du pétrole consommé par 1550 voitures qui roulent 20000 kilomètres par an, ou encore l’électricité et le chauffage pour plus de 15 000 maisons… Mais qu’est ce que tu attends, msieur Borloo? Faut arroser notre beau pays de cette verte hormone!

Là où on rigole, c’est bien sûr que nos amis sponsorisés par Monsanto ont comparé les rejets de leurs vaches hormonées aux bêtes bio. Et bien évidemment, le bio c’est crados, toujours par kilo de lait bien sûr. Mais curieusement, on ne parle plus ici que de purin, d’azote émis et de pet, en oubliant tout ce qui, en amont, est économisé quand on produit pour les bobos.

En attendant, petite déclaration solennelle. Si j’écris au milieu d’un conflit d’intérêt, je le signalerai en rouge! Mais comme vous le savez, Effets de terre, ce sont des idées 100% bio!

3 commentaires

  1. Merci Denis pour cet édifiant éclaircissement sur la corruption de la Science par les intérêts particuliers.
    Bon bah, on sait quoi faire maintenant des « études » commandées par Greenpeace & Co.

  2. Author

    Ce n’est pas pour défendre qui que ce soit. Mais il y a une nette différence entre confier une étude à ses salariés et la faire faire par des chercheurs indépendants. Ce qui n’est pas toujours le cas des rapports des ONG, je vous le concède, puisque chaque sphère d’influence dispose de ses cabinets d’études soit-disant indépendants.


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