Quand les présidents des Académies des sciences prennent leur plume, c’est qu’il y a urgence. Deux déclarations ont été adressées par les Académies des sciences des pays membres du G8 (Etats-Unis, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Grande-Bretagne) et de cinq grands pays en développement (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud et Mexique) avant la tenue d’un G8+5 au Japon, du 7 au 9 juillet.
L’urgence est double, ont tenu a rappeler les académiciens. Elle est d’abord sanitaire: potabilité de l’eau, traitement des eaux usées, sécurité alimentaire, accès aux soins et formations des personnels soignants. Les treize académies demandent aux grands de la planète qu’ils fassent un effort supplémentaire de coopération, d’échanges d’information, et de recherche scientifique. Et qu’ils travaillent mieux avec les grandes organisations internationales qui traitent de questions de santé: Organisation mondiale de la santé (OMS), Office international des épizooties (OIE) et Organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO).
Parallèlement, les treize académies demandent, dans un second texte, aux leaders des grands pays d’agir pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre, et contenir l’ampleur du réchauffement climatique, soulignant le rôle essentiel, selon elles, de la séquestration du gaz carbonique issu de la combustion du charbon. Les académies demandent également un effort de recherche et de coopération pour aider les pays du Sud à s’adapter au changement climatique. Il y a quelques jours, l’Agence internationale de l’énergie avait expliqué que 45 000 milliards de dollars seraient nécessaires pour diviser par deux les émissions de GES, une somme étalée sur plusieurs décennies qui est à la portée de nos sociétés.
Cette mise sur le même plan de la lutte sanitaire et de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre n’est pas anodine. C’est une manière de rappeler qu’on peut —et qu’on doit— à la fois améliorer la santé et l’accès aux soins, et éviter un réchauffement climatique majeur. Une adresse de plus aux nombreuses voix qui s’élèvent pour contester l’urgence climatique et réclamer que l’effort de la communauté internationale porte sur la seule question sanitaire. Les académiciens n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner que le climat a un impact majeur sur la sécurité alimentaire, la disponibilité de l’eau douce et la santé. Pour une fois, le G8 pourrait-il donc servir à quelque chose?