Cétacé, dit cette fois l’Australie

Décidément, Tokyo doit regretter le bon vieux gouvernement conservateur chassé du pouvoir par les Australiens l’an dernier. Car finalement, ce ne sont pas les écologistes qui ont fait le plus de bruit depuis le début de la saison de chasse « scientifique » à la baleine. C’est bien le gouvernement Australien qui a mis ses menaces à exécution: après avoir envoyé un navire des douanes surveiller la flotte baleinière japonaise dans l’Antarctique, il a rendu public des images prises par ses « espions », qui ont été publiées en une des journaux Australiens. On voit notamment deux cétacés, des baleines Minke, être hissés à bord d’un navire, présentés par l’Australie comme une femelle et son petit. Et une vidéo montrant l’agonie d’un animal harponné, se vidant de son sang tandis qu’il est hissé à l’arrière d’un navire.

Evidemment, Tokyo n’apprécie pas, qui crie à la désinformation et nie tout lien de sang entre les deux animaux. La différence de taille s’expliquerait par la méthode, scientifique bien sûr, de prises d’échantillons de tailles variables. Et les chercheurs japonais sont assez balèzes en chasse scientifique. A les entendre, ils savent détecter à distance si une femelle est allaitante ou pas. Moi, je dis chapeau.

Jusqu’à présent, Tokyo et Canberra étaient tombés d’accord sur la nécessité de ne pas laisser la chasse à la baleine pourrir leurs relations diplomatiques. Désormais, après les interventions publiques de deux ministres qui se sont déclarés scandalisés par cette chasse, ça va être dur. D’autant plus que la visite du ministre des affaires étrangères chinois en Australie la semaine dernière a marqué un net réchauffement des relations entre les deux pays, ce qui n’est pas pour plaire au Japon.

Image © Douanes australiennes

14 commentaires

  1. Et les chercheurs japonais sont assez balèzes en chasse scientifique. A les entendre, ils savent détecter à distance si une femelle est allaitante ou pas.

    Les chercheurs japonais n’ont pas besoin de détecter à distance si une femelle est allaitante puisqu’ils ont disséqué les deux animaux en question à bord du Nisshin-maru. Donc en théorie, ils sont les mieux placés pour juger de ces deux animaux. Par contre, les douaniers australiens, ils doivent être méchamment calés en cétologie pour affirmer qu’il s’agit d’une femelle allaitante et de son petit.

    Et vous, M. Delbecq, vous avez tendance à oublier de traiter les informations de manière impartiale et semblez bien perdu sur ce sujet de la chasse à la baleine. Vous êtes journaliste ?

  2. Author

    J’imagine que les douaniers ont assisté à la capture des deux baleines. Ils doivent donc avoir une petite idée sur la proximité des deux animaux. En revanche, si elle est efficace pour déterminer l’état d’une femelle, la dissection suppose de disposer d’un cadavre. Et donc de prendre le risque de tuer un animal dont la population ne semble pas en si bonne santé que cela AVANT de savoir s’il s’agissait d’une femelle allaitante.

    Quand à vos remarques sur ma compétence, je vous rappellerai simplement que j’ai mentionné les deux interprétations de cette image, ce qui ne m’empêche pas de me forger des opinions. C’est toute la différence entre un blog et un site d’informations, non?

  3. J’habite au Japon et je ne comprends pas ce débat. D’un coté, une frange de plus en plus réduite de Japonais qui s’arqueboute sur cette question, comme si la survie du pays en dépendait, et de l’autre des cinglés qui abordent des bateaux (ils vont se faire tuer la prochaine fois) ou qui gagnent deux points de popularité en venant faire « justicier du monde, option animaux » (parce que « justicier du monde, option humain », c’est beaucoup plus compliqué).
    La vérité, c’est qu’au Japon, la viande de baleine, on s’en fout, elle est de moins en moins consommée, et c’est pas des gens comme isanatori qui commente des sondages de façon retors (65% des Japonais sont favorables à la consommation de viande de baleine, pas « 65% supportent la chasse scientifique ») qui vont changer grand chose. De l’autre coté, ça m’énerverait qu’un Australien aborde un tracteur dans le Gers pour protester comme le foie-gras.
    Tout ça pour dire que c’est, à mon avis, un combat d’arrière-garde, symbolique, moralisateur au plus haut point, complétement deconnecté de la réalité et j’espère qu’on en parlera plus dans dix ans.

    PS: le coup de la Chine opposée au Japon, M Delbecq, c’est une grille de lecture trop simpliste, nous ne sommes plus au temps de la guerre froide. Ce sont des partenaires qui ne s’aiment pas trop, une sorte de mariage forcé, mais qui travaillent ensemble sur beaucoup de sujets. Merci pour votre blog.

  4. « la dissection suppose de disposer d’un cadavre. Et donc de prendre le risque de tuer un animal dont la population ne semble pas en si bonne santé que cela AVANT de savoir s’il s’agissait d’une femelle allaitante. »

    M. Delbecq, les photos publiees par le gouvernement australien sont celles de rorquals de Minke antarctiques (balaenoptera bonaerensis). Bien que le comite scientifique de la CBI ne donne pas d’estimation actuelle des populations de cette espece (en 1990, le chiffre etait de 761.000 animaux), on considere qu’il y a plusieurs centaines de milliers de ces animaux dans les mers de l’hemisphere sud. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une « population ne semble pas en si bonne santé que cela« .

    Le programmes scientifique japonais inclut la capture de 850 (+/-10%) rorquals de Minke. Les individus preleves sont determines aleatoirement. Cela veut dire que les Japonais capture des animaux de divers ages et tailles de facon a obtenir des donnees valables statistiquement. S’il s’agissait de chasse commerciale, ils ne captureraient que les plus gros animaux.

    Matthieu, moi aussi j’habite au Japon. La quantite de viande de baleine etant limitee, notamment du fait que la chasse a la baleine n’est pas conduite de maniere commerciale et que les quotas actuels sont bien moindres qu’avant l’entree en vigueur du moratoire, il est difficile de se faire une idee de la consommation de viande de baleine des Japonais. Tu sais sans doute egalement que les coutumes alimentaires varient en fonction des regions dans ce pays. La consommation de viande de baleine est bien plus frequente dans les communautes ou la chasse baleiniere est ou a ete pratiquee, notamment dans l’ouest du pays (Osaka, Kyushu).

    Mon commentaire du sondage de l’Asahi n’est aucunement retors. Tu as du mal lire la traduction que j’ai mise sur mon blog. 56% des Japonais sont favorables a la consommation alimentaire de viande de baleine et 65% sont pour que leur pays poursuive la chasse scientifique en Antarctique. Si tu peux lire le japonais, tu verras qu’il y a un lien vers l’article de l’Asahi.

  5. Isanatori, OK pour le sondage, au temps pour moi, j’ai lu trop vite.
    Mon impression sur la consommation, c’est que sur Tokyo, les gens courent pas apres. C’est peut etre different sur Osaka et Kyushu (a la campagne 😉 )

  6. M. Delbecq, les photos publiees par le gouvernement australien sont celles de rorquals de Minke antarctiques (balaenoptera bonaerensis). Bien que le comite scientifique de la CBI ne donne pas d’estimation actuelle des populations de cette espece (en 1990, le chiffre etait de 761.000 animaux), on considere qu’il y a plusieurs centaines de milliers de ces animaux dans les mers de l’hemisphere sud. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une “population ne semble pas en si bonne santé que cela.
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    Balaenoptera bonaerensis est sur la liste rouge de la World Conservation Union avec la classification LR-cd, c’est à dire qu’il suffirait d’enlever une partie des programmes de conservation de l’espèce actuellement en place pour que l’espèce passe dans une des catégories supérieures (c’est à dire menacée d’extinction).

    http://www.iucnredlist.org/search/details.php/2480/all

    C’est la définition même d’une espèce dont la population n’est « pas en si bonne santé que ça »… Quelques centaines de milliers d’individus peut être, mais sur des centaines de millions de km²…

    Sachant que moins les chercheurs japonais font preuve de cruauté envers les animaux et moins ils ont de ressources pour leurs labos (vu que ça leur fait moins de « déchets » à vendre…), j’ai quand même des doutes sur les fait que toutes ces prises soient bien nécessaires…

  7. Défendre les animaux n’empêche pas de défendre les Hommes ! Tout le monde sait que la Baleine est un animal protégé et fragile (malgré sa grande taille …), pourquoi toujours tergiverser et chercher des explications aux agissements des Japonais. On leur a dit de ne plus chasser la baleine, surtout dans les eaux d’un autre pays, ils n’ont pas à le faire, c’est tout ! L’Australie n’est peut être pas toute blanche écologiquement, mais elle a au moins le mérite de filer sur la bonne pente depuis le nouveau premier ministre. Les Japonais en revanche, avec leurs manipulations génétiques (les grenouilles fluorescentes … ) et leur chasse à la Baleine feraient bien se de tenir à carreau. Le peuple Japonais est respectueux de la nature, notamment de part leur religion shintoïste, bien sure qu’ils sont une minorité a consommer et cautionner cela, nous le savons …
    Merci pour l’info Denis

  8. Nathalie J: ton commentaire reflete ce que je disais precedemment. Quand je disais que le combat pour/contre la chasse a la baleine est intrinsequement moralisateur, tu le demontres avec ton discours un brin manicheiste bien/mal, « la bonne pente », « on leur a dit », « tenir a carreau ».
    Je passe sur les contradictions a l’interieur du commentaire meme, les erreurs factuelles (« les eaux des autres pays » au lieu des eaux internationales), voire grossieres (le rapport entre les grenouilles fluorescentes, utilisees dans la recherche medicale, et la peche ?) et les idees europeanocentrees sur un pays que tu ne connais pas.
    Je te conseille de respirer un coup et d’affuter tes arguments pour mettre en valeur tes idees que je partage en grande partie.

  9. Balaenoptera bonaerensis est sur la liste rouge de la World Conservation Union avec la classification LR-cd, c’est à dire qu’il suffirait d’enlever une partie des programmes de conservation de l’espèce actuellement en place pour que l’espèce passe dans une des catégories supérieures (c’est à dire menacée d’extinction).

    http://www.iucnredlist.org/search/details.php/2480/all

    C’est la définition même d’une espèce dont la population n’est “pas en si bonne santé que ça”… Quelques centaines de milliers d’individus peut être, mais sur des centaines de millions de km²…

    Sachant que moins les chercheurs japonais font preuve de cruauté envers les animaux et moins ils ont de ressources pour leurs labos (vu que ça leur fait moins de “déchets” à vendre…), j’ai quand même des doutes sur les fait que toutes ces prises soient bien nécessaires…
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    Avant de citer la liste rouge de l’IUCN, il est important de prendre en compte que la classification pour le rorqual de Minke antarctique (balaenoptera bonaerensis) date de 1996 et est annote « out of date » (depassee).
    Si certes la conservation des animaux classes LR-cd est dependante de programmes specifiques, on notera qu’aucune precision n’est donnee quant a ces programmes de conservation pour le rorqual de Minke antarctique sur le site de l’IUCN.
    Il faut egalement rappeler que l’IUCN n’est pas en charge de la gestion des programmes dont cette espece ferait l’objet. Par consequent, on ne peut vraiment se baser uniquement sur cette source pour juger de l’etat de conservation des rorquals de Minke, et ce d’autant plus que l’IUCN considere l’integralite de l’espece et non les diverses populations qui la composent, a la difference de la CBI.

    Les programmes de recherche japonais sur cet animal ont en fait demontre l’existence de deux populations differentes dans les zones de recherche concernees. Ils ont egalement permis d’emettre l’hypothese que cette espece serait en leger declin du fait d’un net regain des populations de baleines a bosse (megaptera novaeangliae) et de rorquals communs (balaenoptera physalus) dans les memes zones, et par consequent d’une possible concurrence entre ces especes pour les memes ressources en krill.

    Je laisse a chacun de juger du serieux des travaux des chercheurs japonais sur ces especes, mais il serait probablement bon d’eviter de trop se baser sur les declarations d’ONG qui profitent de la popularite des baleines pour recolter des fonds (et qui d’ailleurs ne depensent pas beaucoup pour la recherche sur ces animaux) et des sources qui ne sont pas toujours a jour.

    Je rappellerai cependant a l’auteur de ce blog que les programmes japonais de recherche sur les cetaces sont parfaitement legaux, contrairement a ce qu’il a pu ecrire par le passe, et qu’aucun pays ou organisation n’a encore a ce jour lance d’action en justice aupres d’un tribunal international contre lesdits programmes.

  10. >les programmes japonais de recherche sur les cetaces sont parfaitement legaux

    Absolument. Et parfaitement honteux. Honteux pour les chercheurs japonais, qui salissent le nom de la science en lui permettant de servir de prétexte odieux à cette exploitation. Honteux pour les japonais en général, qui démontrent par leur indifférence qu’ils se foutent de la biodiversité comme de la souffrance d’espèces au cerveau fort développé. Honteux pour vous en particulier, petit propagandiste de merde.
    [img]http://yelims2.free.fr/Forum/Forum51.gif[/img]

  11. Cher Lecture,

    Je ne pense pas etre un propagandiste, mais au moins nous semblons d’accord sur le fait que les programmes japonais de recherche sur les cetaces sont parfaitement legaux.
    Les quotas preleves dans le cadre de ces programmes representant moins d’un pourcent des populations des especes concernees, je doute qu’il y ait le moindre risque pour la biodiversite comme vous semblez vouloir le dire. D’autant plus que la principale espece chassee, le rorqual de Minke n’est pas en danger de disparition, loin de la.

    En ce qui concerne la souffrance des animaux, les baleiniers japonais font tout leur possible pour la reduire au minimum. Il faut cependant reconnaitre qu’il n’est pas possible de l’eradiquer completement. Je voudrais egalement souligner le fait que les peuples qui pratiquent ce qui est defini par la CBI comme chasse aborigene de subsistance, ne disposant pas des memes technologies que les baleiniers japonais ou norvegiens, les baleines qu’ils capturent souffrent bien plus. La, etrangement, les opposants a la chasse a la baleine « commerciale » jouent sur les criteres en invoquant la necessite de ces peuples pour leur survie.
    A ce niveau, la chasse a la baleine n’est plus une question ecologiaue, mais un probleme d’ethique. Dans quelles circonstances/conditions la chasse a la baleine est-elle acceptable ? Qui definit les criteres de ces circonstances/conditions ? Et de quel droit ?

    D’un point de vue ecologique, ce qui importe c’est la durabilite de l’activite. Autrement dit, la capacite a gerer la chasse de maniere a ce que les ressources baleinieres ne soit pas menacees d’extinction. Ceci devrait s’appliquer non seulement a la chasse a la baleine, mais egalement aux autres formes de peche. Et c’est la que le probleme de la CBI prend toute son importance. Cette organisation a desormais les moyens de gerer de facon durable et controlee la chasse a la baleine, mais ne peut pas mettre en oeuvre ces moyens parce que certains Etats et ONG la bloquent pour des raisons diverses et sans aucune relation avec la protection de l’environnement.
    C’est dommage parce que la CBI pourrait devenir un tres bon exemple de regime international de gestion durable d’une ressource marine et ainsi influencer les autres formes de peche – et nul n’ignore que de nombreuses ressources pelagiques ont fortement besoin d’etre mieux gerees a un niveau international.

  12. Les petits rorquals ( minke whale) ne sont pas en disparition non, selon les critères de je ne sais trop qui. Par contre il y en a trente fois moins qu’en 1850. La niche écologique ouverte est occupée par des méduses gigantesques qui contribuent fortement à l’acidification des océans… Les humains non plus ne sont pas en voie de disparition (quoique…) alors je m’accorderai le droit d’en tuer le plus grand nombre pour savoir ce qu’ils ont dans le ventre?

  13. Anthropomorphisme, insultes, quand je disais que cette question etait polemique, symbolique et au dela du debat raisonne… (oui, j’aime avoir raison).
    En tout cas, bravo a isanatori pour tenter de developper un argumentaire construit (tout en se faisant insulter par la police de la pensee), c’est tres interessant. J’attends des arguments de l’autre cote pour me faire une opinion, mais pour l’instant je n’en vois pas beaucoup.

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