Deux livres pour le meilleur des mondes

Les consommateurs et citoyens que nous sommes peuvent-ils agir pour un monde meilleur? A cette question, les éditions Eyrolles répondent deux fois oui. Elles publient deux ouvrages sous l’égide de la Fédération européenne pour l’éthique et le développement durable, sous la direction de Pierre Cadet, qui dirige la FEDD.

Dans Acheter pour un monde meilleur (1), la Fédération se penche sur un millier de marques qui nous servent les produits de grande consommation: alimentation, cosmétique, assurances, automobile, électroménager, informatique, etc. Tout y passe. Chaque entreprise est décortiquée en fonction des initiatives prises dans cinq domaines: gouvernance, social, environnement, qualité et citoyenneté. Il ne surprendra personne que les écarts sont considérables d’une entreprise à l’autre. Sans oublier que bien souvent, les données sont recueillies auprès des entreprises elle-même, et non d’observateurs indépendants, faute de moyens. Il reste que toutes ne jouent pas le jeu: trop souvent, les auteurs de l’ouvrage sont obligés de reconnaître qu’ils ne disposent pas d’éléments suffisants pour porter un jugement. Il ne reste qu’une solution: boycotter ces marques et le leur faire savoir pour qu’elles acceptent de se dévoiler un peu plus.

Dans Donner pour un monde meilleur (2), la FEDD a épluché les comptes de soixante-douze associations humanitaires. Certaines très connues (Fondation de France, Ligue nationale contre le cancer, etc.) et d’autres à peine connues. Pour chacune, les enquêteurs livrent des éléments sur les recettes, en affichant notamment combien elles claquent pour recueillir les dons du public (cela dépasse parfois 30% des dons), combien elles reçoivent de subventions, etc. On en apprend aussi sur la répartition des dépenses: certaines reversent 90% et plus de leurs recettes pour accomplir leur mission (Perce-Neige, Maison d’accueil l’Ilôt, ATD Quart-Monde etc.), d’autres, comme Intervida France à peine plus du quart…

Outre les aspects sociaux et de transparence, chaque ONG a été interrogée pour savoir ce qu’elle fait pour la préservation de l’environnement. Cela ne surprendra personne, rares sont les associations qui font dans le concret. Trop souvent, elles se bornent à souligner qu’elles font attention à ne pas consommer trop de papier, sans doute pour préserver leur portefeuille… Mais finalement, si chaque chapitre paraît trop court pour répondre à l’ensemble des questions qu’on peut se poser, le principal reproche qu’on pourrait faire, c’est le petit nombre des organisations passées au crible. Mais la critique est facile…

(1) Acheter pour un monde meilleur, Editions Eyrolles, 2007. 448 pages, 16 euros.

(2) Donner pour un monde meilleur, Editions Eyrolles, 2007. 352 pages, 16 euros.

5 commentaires

  1. Monsieur Delbecq,

    Vous comprendrez notre grand étonnement à la lecture de votre article concernant la parution du livre « Donner pour un monde meilleur », quand vous indiquez que l’association INTERVIDA ne reverse qu’un quart des dons provenant de la générosité du public sur le terrain. Cette information est totalement fausse et porte préjudice à notre action.
    INTERVIDA s’engage à reverser, chaque année, sur le terrain, un minimum de 80% des fonds provenant de la générosité du public. En 2004, l’association a reversé 93 % des fonds collectés, 95% en 2005 et 86% en 2006, soit une moyenne de 91% depuis la l’ouverture d’INTERVIDA en France.
    Comme indiqué dans le texte qui précède le tableau du compte d’exploitation d’INTERVIDA, dans le Guide « Donner pour un monde meilleur » et qui correspond au bilan financier de l’année 2005, les dépenses (missions sociales) sur le terrain, représentent près de 95% des fonds collectés auprès de la générosité du public. Il semble évident que vous n’avez pas lu le texte concernant les aspects financiers mais tout simplement pris en compte le chiffre indiqué dans la case des « autres fonds privés… » qui, comme indiqué dans le texte susmentionné, correspond aux dons de la Fondation INTERVIDA en Espagne pour l’implantation de l’association en France, apport qui diminue régulièrement et qui doit disparaître progressivement dans les prochaines années. Il s’agit de fonds propres et non pas de fonds collectés auprès de la générosité du public. Donc, vous auriez dû calculer : 418k€ destinés aux actions sociales, divisé par 441k€ provenant du produit de la générosité du public, soit un taux de 94,8% envoyé sur le terrain.
    Par conséquent, nous vous remercions de bien vouloir corriger votre article le plus rapidement possible, afin de refléter la réalité de notre budget, rassurer nos donateurs et respecter la vérité.
    Si vous avez des questions, tous nos comptes sont tenus à votre disposition, dans nos bureaux, sur simple rendez-vous avec notre Responsable Administratif et Financier.

    Anouchka Finker
    Directrice Nationale

  2. Author

    Merci de votre commentaire. Je n’ai pas fait de calculs, comme vous semblez le penser. Je me réfère au chiffre de 28% mentionné page 27 du guide « Donner pour un monde meilleur », sous la mention “Montant des dons affectés directement à la mission de l’association”. Si erreur il y a, elle se trouve dans le livre que j’ai chroniqué, ce qui est toujours possible.

  3. http://www.associationintervida.org/fr/Qui_Sommes_nous/Bilan_financier

    Application des resources Concept Fond Pourcentage
    Programmes (Missions sociales) 417 560 € 28.1%
    Frais d’appel de la générosité du public 86 162 € 5.8%
    Frais d’information et communication 310 268 € 20.9%
    Frais relevant des autres activités 194 € 0.013%
    Frais de fonctionnement 324 882 € 21.88%
    Charges exceptionnelles 338 792 € 22.82%
    Excédent de l’exercice 6 714 € 0.42%
    Total des emplois 1 484 572 € 100%

    On est effectivement à 28%, non ? (avec des frais de fonctionnement et de publicite deux fois plus élevés que l’argent dévolue à la mission sociale ! )

  4. En effet, à la lecture de vos commentaires j’admets que les chiffres peuvent prêter à confusion : ci-dessous je vous indique le détail des fonds collectés pour les 3 principaux pays bénéficiant de nos programmes et de leur affectation sur le terrain :

    – Sur les 101 265€ collectés à destination du Guatemala, 81 012 € ont financé nos programmes.
    – Les fonds collectés à destination du Pérou sont de 163 533 € et 130 826 € ont été transférés directement sur le terrain.
    – Pour le Mali, 85 032 € des 106 290 € collectés ont été envoyés sur le terrain
    Au total nous avons récolté 441 K€ auprès des donateurs français et transféré directement 418K€ sur le terrain.

    Par ailleurs pour financer l’implantation d’INTERVIDA en France (premier exercice clôturé en 2004) nous avons bénéficié d’une aide exceptionnelle de 1043 k€ de la fondation INTERVIDA en Espagne en 2005. Cette somme affectée en produits exceptionnels et approuvée par notre commissaire aux comptes est destinée à diminuer avec les années et disparaître lorsque INTERVIDA France pourra elle-même payer sa communication et ses frais de fonctionnement.
    Pour plus de détails je vous invite à consulter notre site Internet http://www.associationintervida.org et à suivre le lien donnant le détail de notre bilan financier 2005 : http://www.associationintervida.org/recursos/pdf/Bilan/Bilan_Financier_2005.pdf

  5. La question n’est pas de savoir si les sommes récoltées à destination d’une cause bien précise ont été utilisé pour cette même cause (encore heureux que c’est le cas vu qu’il s’agit d’une obligation légale).Mais plutot :: qu’est ce qui justifie d’avoir des frais de publicité et de fonctionnement (sans compter les « dépenses exceptionnelles ») aussi énormes… Après que ce soit le donateur français ou espagnol qui finance ces frais, ce n’est au fond qu’une question accessoire.

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