Une bactérie au secours des pétroliers

Avec des idées comme celle-là, la chasse au pétrole n’est pas prête de s’arrêter. Une équipe anglo-canado-norvégienne croit avoir trouvé le graal de l’extraction des hydrocarbures, en transformant le pétrole en méthane, un combustible qui génère nettement moins de gaz à effet de serre. Une découverte qui lui vaut les honneurs de Nature qui, faute de place dans son édition de la semaine, l’a publiée en ligne en attendant de lui trouver un peu de papier dans une édition à venir.

Les treize chercheurs ont nourri —en laboratoire— des bactéries de toutes sortes de pétrole, en l’absence d’oxygène. Ils ont alors constaté que leurs hydrocarbures digérés présentaient les même paramètres géochimiques que le pétrole dégradé qui gênent les géologues qui exploitent les gisements de la planète. Un processus de dégradation naturelle, bactérien, qui rend les pétroles plus lourds, visqueux, et plus chargés en soufre. Pour résumer, certaines familles de bactéries cassent le pétrole et libèrent du méthane, tandis que d’autres recyclent le gaz carbonique, en produisant un hydrocarbure alourdi. L’hydrogène permettant de stimuler ces réactions serait apporté en injectant de l’eau dans le réservoir de pétrole, de même que les nutriments nécessaires à la croissance bactérienne: phosphore, azote, vitamines, etc. C’est en tous cas ce que je comprends du papier avec mes restes de chimie.

Du coup, l’Université canadienne de Calgary évoque une révolution dans l’exploitation pétrolière. En dopant les processus bactéries in situ, dans les puits, le mécanisme de dégradation du pétrole serait accéléré, ramené d’une échelle géologique (millions d’années) à une échelle humaine (dizaines d’années). Un puits de pétrole, un complexe de produits « fertilisants », et il n’y a plus qu’à attendre que les bébettes fassent le sale boulot… De quoi extraire les 175 milliards de tonnes d’huiles lourdes qui dorment dans les sous-sols de sable canadiens sans brûler de gaz, comme on le fait pour chauffer de l’eau et fluidifier le pétrole, et sans construire de centrales nucléaires dédiées…

Les chercheurs croient possible d’obtenir un fort taux de transformation dans les gisements en une dizaine d’années, notamment pour améliorer le taux de récupération des gisements classiques, et simplifier l’extraction dans les sables bitumeux. Ils annoncent leurs premiers essais sur le terrain pour 2009. En attendant que la démonstration de la viabilité économique à grande échelle de leur méthode —qui ne sera pas aisée—, les progrès dans la connaissance de la dégradation des hydrocarbures dans les gisements pourraient permettre aux géologues de mieux localiser les zones où le pétrole est le moins dégradé pour améliorer la rentabilité des puits. L’or noir continue de couler à flot…

Image: Exploitation de sable bitumeux au Canada. © Ian M. Head (Université de Newcastle, UK)

• Lire aussi: «Le nucléaire au secours du pétrole».

9 commentaires

  1. Denis, tu devrais reformuler la phrase suivante :
    « transformant le pétrole en méthane, un combustible qui génère nettement moins de gaz à effet de serre. »

    Ou alors j’ai pas tout compris, le méthane est 2x fois plus puissant pour l’effet de serre que le CO2 et tu le sais, j’en suis sur.

    Ta phrase prête donc à confusion.

  2. @Ddq, la dégradation du pétrole par les bactéries est un phénomène étudié et connu dans les détails depuis des dizaines d’années. Il y a des ouvrages entiers là-dessus. C’est d’ailleurs largement à cause de ce type de dégradation que les bitumes de l’Alberta sont devenus ce qu’ils sont…,et qu’il n’y a donc plus grand chose à dégrader. La dégradation bactérienne se fait essentiellement par l’utilisation d’une partie des hydrocarbures présents dans le pétrole, ceux dont les structures chimiques sont « comestibles ». Ces hydrocarbures représentent une faible partie du pétrole. Ce qui reste sont les hydrocarbures  » incomestibles » et des produits » lourds » contenant du soufre, de l’oxygène et de l’azote, qui sont des molécules lourdes présentes à l’origine dans le pétrole ou bien formées par oxydation des hydrocarbures du fait de l’invasion de ces gisements par des eaux de surface. Ces produits lourds constituent la plus grande partie des bitumes de l’Alberta et sont totalement incomestibles aux bactéries.
    Régulièrement, il y a une équipe de recherche qui nous refait le coup des bactéries! Ne comptez pas trop là-dessus! Mais je vois que vous avez des lectures tout azimuths, c’est bien!

    D’autre part, comme le fait remarquer Romu, le méthane a un pouvoir de réchauffement à 100 ans du méthane est de 23 fois celui du gaz carbonique et , on en parle moins, il est de 62 fois à 20 ans! C’est d’ailleurs pour çà que j’ai fait observer dans un post qu’utiliser du gaz naturel dans les centrales thermiques n’était pas forcément la bonne affaire pour l’effet de serre que l’on nous serine: une fuite de 5% le long de la chaîne d’approvisionnement qui va du puits à la combustion équivaut à 100 % de gaz carbonique!. M’en étant inquiété auprès d’autorités compétentes, j’ai eu la doulureuse surprise de constater qu’il n’en était tenu aucun compte, ce qui fait que j’émets des doutes sur la validité des calculs qui sont faits des émissions de GES par les centrales à gaz!

  3. pourquoi est-ce que la date ne figure pas sur le post sur la « home page »?
    Parce qu’il y a un post chaque jour donc on peut « deviner » que c’est le post du jour?
    OK la date apparaît quand on clique pour lire « la suite » mais sur la première partie on peut se demander de quelle date est le billet.
    Je préfère quand on peut immédiatement voir la date du billet 🙂
    Sans doute parce qu’il m’arrive parfois d’avoir la blog-fatigue et de ne pas publier régulièrement.

  4. Author

    Oui je pourrais mettre la date, j’y penserai. Mais ici, pas de flemme, c’est plusieurs posts par jour (moins le we, il faut bien se reposer un peu, non?)

  5. This copy of QuickMenu has not been purchased. (www.opencube.com)

    => message systématique depuis quelques temps

  6. Author

    Merci lecture. Pouvez-vous me donner des précisions par mail sur cet étrange message. J’ai tenté de vous joindre par email, mais celui que vaus avez indiqué est aussi anonyme que votre pseudo, mon message m’est revenu.

  7. Ok, vous pouvez maintenant m’écrire sur denisdelbecq[atheu]yahoo.fr …ça ne vous dérange pas que je vous empreinte votre pseudo?

    Tant qu’à faire un message destiné à la poubelle, petits tests de smiley

    🙂 🙂 😉 😉 :S: -;) :rig: :bravo: :eyesrolls: ,) ,-)

  8. Pas de quoi. Votre réaction ajoute à mon sourire. 🙂

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