On parle souvent du miracle brésilien du sucre et de l’éthanol, mais on oublie aussi les effets secondaires. Par exemple, le brûlage des champs de canne qui, avant chaque récolte, provoque d’épaisses fumées qui noircissent l’horizon et pourrissent la vie dans les villages voisins.
Dans l’Etat de Sao Paulo, grenier à canne brésilien, 60% de la récolte de canne sont encore manuels. Pour rendre le travail moins pénible, moins dangereux (le feuilles sont de véritables rasoirs) et améliorer la productivité des coupeurs, les champs sont incendiés tous les ans en septembre pour détruire les feuillages et les pailles. Seule la canne résiste, avant de tomber sous la machette du coupeur.
En principe, cette pratique sera interdite en 2031, selon une loi brésilienne. Mais le gouvernement de Lula tente de persuader les industriels de rapprocher l’échéance. Selon l’Union des industries de la canne (UNICA), une centaine d’exploitations auraient déjà signé le protocole d’accord passé avec le gouvernement, qui avance à 2017 l’arrêt du brûlage. Pour la première fois cette année, la superficie incendiée sera en baisse dans l’Etat de Sao Paulo, en dépit d’une hausse de 10% des surfaces plantées de canne à sucre.
La disparition du brûlage offre de nombreux avantages à priori: la qualité de l’air est très accrue, les matières récupérées peuvent être valorisées sous forme énergétique (biocarburant de seconde génération, à l’avenir) et le Brésil réduit fortement ses émissions de gaz à effet de serre.
Mais il y a un revers à la médaille écologique. Comme souvent. La généralisation de la mécanisation supprime des dizaines de milliers d’emplois de coupeur de canne. Ils sont deux cent mille, rien que dans l’Etat de Sao Paulo. Voilà qui calmera tous ceux qui auraient pu penser qu’attendre encore dix ans était absurde.
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