e vous ai déjà parlé ici de l’épineuse question des transports maritimes. Et notamment du combat mené par Schwartzenegger pour imposer une baisse drastique de la pollution crachée par les navires dans les grands ports californiens. Après avoir feint d’ignorer le problème, l’industrie du transport maritime se met en mouvement. Le principal syndicat d’armateurs, Intertanko, vient de publier une étude assez fine des problèmes de pollution engendrés par les navires, signale la BBC ce matin.
Sans doute la meilleure, ce qui n’est pas trop difficile vu l’absence de littérature sur le sujet. Les soixante mille navires qui sillonnent les eaux de la planète brûlent pour la plupart un carburant qui bat tous les records de saleté (1). Aujourd’hui, ce fuel contient jusqu’à 4,5% de soufre qui, lors de la combustion, génère de l’oxyde sulfureux, le fameux générateur de pluies acides. La situation devrait rapidement changer. Aux Etats-Unis, dès 2010, les navires voulant pénétrer dans les ports devront faire appel à un carburant contenant moins de 0,1% de soufre, ou disposer d’équipement de traitement des fumées correspondantes. Idem en Europe. Des législations qui forcent l’Organisation Maritime Internationale, peu enclin à progresser sur cette question, à revoir ses textes.
Les fumées de navires ne contiennent pas que du soufre. On y trouve aussi une foule de substances toxiques, hydrocarbures aromatiques, métaux lourds… En dépit de sa très faible empreinte écologique par tonne transporté, le transport maritime connaît une croissance exponentielle qui n’est pas près de s’arrêter. En terme de gaz carbonique, et d’effet de serre, il représenterait l’équivalent du transport aérien, un autre secteur dont les émissions croissent trop rapidement.
Intertanko a choisi son camp. Plutôt que de favoriser l’installation de dispositifs de dépollution sur les navires, elle préconise le recours à des carburants plus propre. Grande sagesse car bien évidemment, l’efficacité des dépolueurs, et la fiabilité, seront d’autant plus facile à gérer à une grande échelle, autrement dit dans les raffineries. Pour Intertanko, en dépit de la production supplémentaire de gaz carbonique engendrée par la raffinage de carburants plus propres, le changement de fluide aura un effet positif en terme d’effet de serre. Discrètement, l’organisation affirme sa préférence pour une méthode forte, ce qui n’est pas si courant: «Un système d’obligation accélèrerait probablement les investissements dans le raffinage de ces carburants.» Pour une fois que je me réjouis en parlant de pétrole…
(1) 90% du commerce international est transporté sur mer. Soit environ 45 000 milliards de tonnes-kilomètres par an.