Faux arguments et vrais détracteurs pour la chasse au gaz carbonique

La machine à nier est en marche. Associations, sites internet, sondages, tout est bon pour porter la bonne parole des «sceptiques» du réchauffement. Et l’attribution du Nobel à Al Gore et aux scientifiques de l’ONU leur a donné des ailes.

Aux Etats-Unis, c’est Al Gore la première cible. Le Nobel a donné une nouvelle jeunesse à son opus «Une vérité qui dérange» (An unconvenient truth, pour les anglophones). Et ça, les négationnistes n’avalent pas. Et contre-attaquent. En témoigne la vidéo diffusée il y a quelques jours par DemandDebate.com, le site dont la devise est «Nous somme plus inquiets du climat intellectuel». DemandDebate est animé par un lobbyiste bien connu des industriels du tabac, si j’ai bien compris. Je vous conseille aussi de lire au passage Convenient Untruths, “Les mensonges qui arrangent”, sur le blog Real Climate. Là on ne rigole pas, il est tenu par des climatologues qui portent leurs questions sur la place publique, et souvent en langage de climatologues! Bon je fais mon Al Gore, ou plutôt je vous le montre avec quelques-uns de ses détracteurs. Eteignez la lumière, installez vous confortablement devant votre ordinateur, âmes sensibles s’abstenir, vous allez voir des chercheurs négationnistes…

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© DemandDebate.com

A chaque fois le même mode opératoire. On s’appuie sur des faits exacts pour en tirer des conclusions sans rapport. Promis, j’essaie de pas faire trop technique, mais ça vaut le coup de démonter les arguments de la junkscience. Je vous mets des images pour faire joli, et y’a même un concours et un prix pour les courageux qui vont jusqu’à la fin.

Affirmation un: le CO2 ne réchauffe pas la Terre

«La température de la planète à baissé de 1940 à 1970 (0,2°C). Pendant le boom économique de l’après-guerre où on crachait des quantités considérables de carbone dans l’atmosphère. C’est donc que plus de CO2 ne réchauffe pas la Terre. CQFD!»

Evolution de la température après la seconde guerre mondiale

La courbe de température en question est incontestable. Est-ce pour autant scientifique d’en conclure qu’il n’y a pas de lien entre les hommes et le climat? Non, le raisonnement qui conduit à cette conclusion est faux et ceux qui le tiennent sont des imposteurs. Qu’ils soient estampillés « savant » ou pas.

Car après-guerre, en brûlant charbon et pétrole à tire-larigot, les économies occidentales ont aussi craché des quantités phénoménales de poussières, notamment des sulfates. Des aérosols qui sont de minuscules miroirs, bloquent le rayonnement solaire, et refroidissent l’atmosphère. C’est paradoxal, mais plus on améliore la qualité de l’air, et plus le réchauffement est observé. D’autre part, les volcans ont aussi joué un rôle en crachant leurs poussières: en 1963, le Mont Agung (Bali) a fait baisser la température de la planète de 0,5°C à lui tout seul! Dans le même temps, l’activité solaire, élevée au début du siècle, a marqué le pas dans la même période. Tous ces facteurs venant masquer le réchauffement induit par le CO2 émis par nos sociétés. Et maintenant, on a des normes antipollution!

Affirmation deux: la hausse de température est la cause et non la conséquence de l’augmentation du carbone atmosphérique

«L’étude de l’histoire du climat dans les calottes glaciaires des pôles montre un décalage de plusieurs centaines d’années entre les courbes de température et de teneur en gaz carbonique au début et à la fin de chaque âge glaciaire. Et dans un sens qui prouve que le CO2 est une conséquence de l’élévation de température et non une cause. Donc le CO2 ne réchauffe pas la planète. CQFD!»

Un enregistrement de la température et du CO2 dans les glaces de Vostok

Encore une interprétation erronée d’une observation juste. Il y a effectivement un décalage entre la danse des température et celle du gaz carbonique. Logique puisque personne ne s’est permis de décréter dans l’univers que la température et gaz carbonique d’une atmosphère doivent évoluer de la même manière en temps réel. La planète est un système très complexe: l’atmosphère échange énergie et matière avec la surface de la terre, et donc les océans, les océans échangent avec eux-même, de la surface aux grands fonds, il y a des nuages, des poussières, des variations d’orbite terrestre, une activité solaire variable… Chaque grandeur physique évolue donc suivant un temps de réponse —la durée qui s’écoule entre cause et conséquence— qui lui est propre. Et c’est même pire pour la relation incestueuse entre température et carbone. Elle est masochiste: plus la planète se réchauffe, et plus elle libère elle-même du gaz carbonique. Bref c’est pile je gagne et face tu perds…

Alors que démontre la machine à remonter le climat inventée par les chercheurs qui lisent la vieille aventure au fond d’une glace? Que le CO2 n’est pas la cause de la fin des âges glaciaires du passé: la terre s’est d’abord réchauffé, et s’est mise à libérer du gaz carbonique (et oui, la relation est masochiste: plus tu perds, plus tu perds). D’où accélération du réchauffement, jusqu’à ce qu’une cause externe (les relations terre-soleil sont compliquées!) viennent stopper le processus et faire baisser la température, les océans réabsorbant ensuite le gaz carbonique. Les glaces polaires ne démontrent certainement pas une quelconque relation de cause à effet entre température et carbone, comme le prétendent les drôles de scientifiques de DemandDebate. C’est la physique qui explique les courbes et non les courbes qui font les lois de la physique!

Cette relation «plus de gaz carbone, plus de chaleur» est une loi de la physique: le gaz carbonique se goinfre de rayonnement infrarouge. Il l’absorbe et le recrache, comme un boulimique. Et les molécules de CO2 émettent dans toutes les directions si bien qu’elles se débarrassent de la moitié de l’énergie dans l’espace, et nous chauffent les pieds avec le reste (heureusement, sinon on ne sera pas là pour en parler, brrrrr). Le premier qui trouve le moyen de forcer la molécule de CO2 à n’émettre que dans une direction a gagné un exemplaire de ma thèse sur la propagation de la lumière dans les aérosols!!! Promis, juré, craché!

Images © DemandeDebate.com

10 commentaires

  1. Mais arretez de dire négationistes, bordel! Vous savez à quoi ce rapporte ce terme? Non, alors retournez à l’école et vous verrez que meme si vous n’aimez pas les sceptiques (les vrais scientifiques soit dit en passant), il y a des termes à ne pas utiliser! Merci!

  2. Mais tu te fiches du monde!
    Ton explication n’en est pas une tu dit simplement que le climat depend de facteurs complexes personne ne le nie!
    Si l’élévation de temperature a déja précédé dans l’histoire la hausse du co2 cela peut se reproduire !Et tu nie la chronologie dans les phénomenes physiques c’est plutot fort!!!(peut etre a la rigueure en physique quantique mais ce n’est pas le sujet)

  3. Author

    Non, je ne crois pas me moquer de quiconque, et surtout pas de la rigueur scientifique. Ce que j’explique est qu’on ne peut faire dire aux enregistrements du climat dans les glaces ce qu’ils ne peuvent pas dire. On se doit d’observer les événements au regard des fondements de la physique. Ce ne sont pas des observations de teneur isotopique en oxygène qui vont revoir les fondements des interactions entre la matière et la lumière. N’oublions pas que les fondements de la connaissance de l’effet de serre remontent à Joseph Fourier, et qu’on sait depuis 1896 (Svante Arrhenius, Nobel de chimie 1903 pour d’autres travaux) qu’il existe un lien entre gaz carbonique et température de l’atmosphère. Encore une fois, il est impossible rejouer le film de l’évolution du climat au XXe siècle sans intégrer le rôle du gaz carbonique, et ce même lors du refroidissement constaté entre 1940 et la fin des années soixante.

  4. D’accord, negationniste, c’est une expresion idiote.

    Mais l’article ci-dessus est tres bien fait. Il reflechit a des objections aux conclusions du GIEC. Je veux insister sur le caractere illusoire des arguments sur le decalage entre maximum de taux de CO2 et maximum de temperature. La montee de temperature ici est due au « forcage radiatif » (les cycles orbitaux qui changent l’ensoleillement), et la montee du CO2 est l’effet, necessairement decale. De combien ? difficile a dire, mais les modeles du GIEC estiment a plusieurs siecles le temps de retour a un nouvel equilibre. Il y a une relation dialectique entre rechauffement et effet de serre: soit l’un precede l’autre et en est cause: l’augmentation de l’insolation dans ce cas, soit l’inverse se produit aujourd’hui. Nous avons de nombreux exemples de cette relation dans les Sciences: les diodes emettant de la lumiere et l’effet photolelectrique, l’osmose et l’osmose inverse…

    Chercher les causes des phenomenes, c’est ce que tout scientifique fait chaque jour: on ne se contente pas de mesurer, de degager des lois, on cherche les causes. En la circonstance, on peut enumerer diverses causes au rechauffement observe, mais aucune ne semble en mesure de remplacer la cause anthropique (les emissions de CO2). On a avance bien des causes: les variations solaires, les effets de la tectonique, les bombes atomiques (il y a 50 ans!). Mais au fur et a mesure que les modeles s’ameliorent, on en revient a la prevision d’Arrhenius citee ci-dessus. Parmi toutes les conttributions, il y en a une qui semble dominante.

    Votre analyse de l’effet de la decroissance de la pollution au SO2 est aussi tout a fait excellente.

    Il faut donc s’attaquer au probleme, car l’humanite ne se pose de probleme que pour trouver une solution. Comme on aura du mal a imposer aux peuples en developpement de se serrer exagerement la ceinture, limiter le rechauffement impose d’utiliser les energies qui n’emettent pas de CO2, en commencant par ceux qui ont les moyens technologiques de le faire!

  5. la theorie de la variation du climat par les cycles du soleil est plus solide que celle du co2
    elle s’appuie sur des statistique et des experiences en laboratoire indiscutables alors que celle du co2 fait appel a des simulations informatiques sur un sujet qu’on ne maitrise pas
    je vous conseil de chercher pour les curieux les articles scientifiques sur un moteur de recherche vous changerez d’avis

  6. Joly, je suis desole, mais il est evidemment impossible de faire des experiences de laboratoire sur l’influence des cycles astronomiques. Ce qu’on a fait, c’est un calcul de l’ensoleillement dans l’hemisphere Nord a partir de l’ensemble des cycles orbitaux. On a ensuite compare cette courbe avec les estimations de temperature. Ces dernieres ont ete obtenues essentiellement a partir des carottages dans la glace de l’antartique. Il me semble que la meilleure estimation repose sur la mesure dans ces glaces du rapport entre deux isotopes de l’oxygene (O16 et O18).

    Ensuite, on a compare ces courbes avec l’ensoleillement, et on atrouve que ca collait bien. Le resultat est que le milieu scientifique a reconnu les cycles orbitaux comme moteur des grands changements climatiques depuis au moins 500000 ans. On parle des cycles de Mikhailovitch (verifier l’orthographe!)

    Dans le meme temps, on a aussi verifie que les periodes froides avaient moins de CO2 que les periodes chaudes. Dans ce cas, le deficit ou l’exces de CO2 sont des consequences, et non des causes des cycles climatiques. Comme cela a ete dit par l’auteur du blog, les effets au niveau du CO2 dans ce cas peuvent attenuer ou amplifier les changements. Je ne sais pas si c’est vrai..

    Mais le probleme cite ici est a mon avis autre: les cycles astronomiques sont essentiellement lents. On debat aujourd’hui pour savoir si on devrait etre dans une periode de montee ou de descente, car c’est quand meme complique, et surtout, ces phenomenes lents semblent completement caches par la tres rapide montee observee. Celle-ci ne peut etre expliquee que par la montee du taux de CO2 dans l’atmosphere: ici, on assiste a l’inversion de la cause et de l’effet! Je ne vois pas de « raison raisonnable » de mettre en doute cette analyse.

    Il me parait normal que les scientifiques soient un peu nuances, et meme hesitants, mais je ne voudrais pas que les obscurantistes se servent de cela pour dire que la verite scientifique n’existe pas et pour faire passer n’importe quelle theorie fumeuse pour une verite ayant la meme valeur!

  7. L’homme a comme même bouleverser la « vie » de la Terre en rejetant des gaz polluants en plus;vouloir changer les choses seraient,il me semble,impossible.

  8. Si le CO2 a augmenté sans que la température augmente parce que des poussières. ont produit un refroidissement, comment peut on affirmer que le CO2 est la cause principale d’un changement de température ?

  9. « Après-guerre, en brûlant charbon et pétrole à tire-larigot, les économies occidentales ont aussi craché des quantités phénoménales de poussières, notamment des sulfates. Des aérosols qui sont de minuscules miroirs, bloquent le rayonnement solaire, et refroidissent l’atmosphère. C’est paradoxal, mais plus on améliore la qualité de l’air, et plus le réchauffement est observé. »

    C’est parfaitement exact. Je remarque au passage qu’avec les aérosols, la « nature » produit ses propres antidotes au FR lié aux combustions organiques courantes… C’est en les perturbant un peu vite sans assez réfléchir, c’est-à-dire en se limitant seulement à l’examen des conséquences pour la santé avec bien sûr une décision radicale : objectif pollution zéro, qu’on a accéléré un phénomène présumé négatif.

    On pourrait donc aussi dire : « Plus l’homme s’en mêle et plus il aggrave les choses. » Mais c’est seulement une conséquence du « trop peu de science. »

    Voilà d’ailleurs un moyen économique de lutter contre le réchauffement anthropique du aux rejets de CO2 lié à l’utilisation des énergies fossiles : tolérer un rejet d’aérosols adéquat en tenant compte bien sûr des impératifs de santé publique. Cela signifie moduler les rejets d’aérosols en fonction de l’implantation des usines et des zones peuplées et de quelques autres considérations bien sûr. Voilà un bon nouveau domaine de recherches…

    En plus, cela fera diminuer les cancers de la peau.

    Par ailleurs, quand on considère les incertitudes du forçage radiatif lié aux aérosols (cf. IPCC 2007 WP I Ch 2) on est largement en droit de s’interroger sur la pertinence de l’effet global du FR.

    Une liste motivée des avantages du réchauffement et de l’accroissement du taux de CO2 figure dans le rapport du NIPCC et s’appuie sur une liste d’articles de recherche qui s’allonge chaque semaine.

    Peut-on réellement les ignorer et ne pas se poser de question sur le bien fondé de l’orthodoxie climatique – – et de son corollaire, l’alarmisme climatique ?

    Des contes de fées, aux films de guerre, aux thrillers et aux films d’horreur, l’homme adore se faire peur. Mais dans la vie réelle, il est bon de garder la raison, la tête froide. Mais le « ne nous emballons pas » de nos sages aïeux qui évitaient « de placer la charrue avant les boeufs » n’est guère plus de saison. un effet du réchauffement ?

    1. Désolé, mais le NIPCC est une farce, et ne contient pas d’articles scientifiques.
      Un seul point, pour compenser le CO2 par des aérosols, il faut, en permanence, lâcher des milliers de tonnes de sulfates dans la haute atmosphère.
      Ceci provoque des pluies acides (pas bon pour les forêts), une acidification des eaux de surface (pas bon pour les poissons), des changements dans le régime de précipitation (pas bon pour l’agriculture).
      En plus, qui va produire et lâcher ces sulfates? Qui va payer les factures, et déterminer que c’est assez? Le gouvernement mondial que pleins de gens détestent de voir arriver?
      Il n’y a pas de « religion » climatique ni « d’orthodoxie » ou de « heterodoxie ». Les lois de la physique régissant le changement climatique sont connues depuis plus d’un siècle. Il n’y a que l’ignorance qui reste.

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