L’océan victime des idées folles

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© La pompe à carbone vue par Atmocean.

En général, la seule évocation du nom de James Lovelock force le respect. Le père de «l’hypothèse Gaïa» avait échafaudé dès 1969 ce modèle d’une Terre fonctionnant comme un être vivant. On doit aussi au scientifique britannique l’invention d’un détecteur qui a notamment permis de constater à quel point les pesticides avaient contaminé la chaîne alimentaire, jusqu’aux êtres humains.

A 88 ans, le chercheur n’a pas perdu sa passion pour la Terre. Il a d’ailleurs accepté de participer au jury d’un concours richement doté lancé en février par l’éternel Richard Branson, pape de Virgin: Vingt-cinq millions de dollars au premier qui mettra au point un appareil capable de nettoyer l’atmosphère de plus d’un milliard de tonnes de CO2 par an.

Il semblerait que notre ami Lovelock ait décidé de participer lui-même. Enfin, pas forcément au concours (il y aurait conflit d’intérêt, non?) mais à l’épopée du nettoyage atmosphérique. C’est ce que racontait la BBC en détail hier soir, après la publication d’une courte lettre dans la revue scientifique Nature, signée de Lovelock et de son acolyte Chris Rapley.

Les deux scientifiques y expliquent que la Terre malade du réchauffement climatique a besoin d’un traitement d’urgence. Ils estiment que l’ampleur du défi, l’inertie de la Terre et de son atmosphère ainsi que les effets de boule de neige auront raison des efforts de mise au régime contre le carbone. Pour le traitement de choc qu’ils proposent, Lovelock et Rapley proposent une méthode homéopathique dont les effets seraient spectaculaires: stimuler les défenses immunitaires de la planète en augmentant sa capacité à éliminer le carbone atmosphérique.

Après, le reste n’est qu’une affaire de plombiers: le duo propose de pomper l’eau des océans tropicaux à deux cent mètres de profondeur et de la ramener en surface. Le pompage serait assuré par l’énergie de la houle qui mettrait les tuyaux en mouvement oscillant. L’eau profonde, froide et riche de nutriments, viendrait doper la croissance des planctons en surface qui, lorsqu’ils meurent, renvoient leur squelette riche de carbone au fond des océans. (Lovelock et Rapley n’omettent pas de dire qu’il faudrait surveiller l’acidification des océans qui s’ensuivrait). En prime, la pompe stimulerait des algues qui libèreraient des molécules capable d’aider la formation des nuages, qui renvoient la lumière solaire vers l’espace. Bien évidemment, on oublie les conséquences des modifications de la chimie et de la biologie des eaux ainsi mélangées sur la vie océanique et la météo.

L’histoire que raconte la BBC est jolie. Les deux hommes auraient conçu leur projet au cours de longues promenades dans le Devon. Une «jeune pousse» du nouveau Mexique travaille déjà là-dessus, d’ailleurs, avec des tuyaux de plastique souple présentés dans cette vidéo à destination des risqueurs de capitaux. Atmocean affirme qu’en plus, les remontées d’eau froide freineraient la formation de cyclones… Parions qu’Atmocean ira se présenter devant le jury Branson, pour concurrencer les semeurs de limaille de fer. Tandis que le vieux chercheur britannique reprendra ses promenades quotidiennes en quête de nouvelles réponses… pour sauver la planète des conséquences de ces idées absurdes…

Un commentaire

  1. Autre piste pour capter le CO2 : la pyrolyse lente de la biomasse pour la production d’électricité et de chaleur puis le retour des cendres dans les champs.

    Avantage : 20% du carbone capté par la plante est séquestré et la constitution d’un sol comparable à celui de la terra preta en Amazonie permet d’augmenter les rendements agricoles (et de réduire les émanations d’azote gazeux au passage).

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