Décidément, la Californie n’a pas beaucoup de veine dans sa lutte contre le réchauffement climatique et la pollution. Début septembre, un juge lui a suspendu une loi qui boutait les bateaux crados hors de ses ports et rivages. Cette fois, un autre juge a jeté aux ordures une procédure intentée à l’encontre des constructeurs automobiles.
L’Etat conduit par Schwarzenegger réclamait des dommages et intérêt en raison du réchauffement climatique qui l’oblige à dépenser des sommes folles pour lutter contre l’érosion des côtes, préserver les populations animales menacées de disparition, gérer une pénurie d’eau accrue etc. Mais le juge fédéral saisi de l’affaire a jugé que le dossier du réchauffement doit se régler de manière politique, et non devant les tribunaux. C’était bien essayé. En août, des constructeurs automobiles au Japon ont préféré négocier un chèque pour éviter un procès les accusant de mettre en danger la santé des habitants dans la région de Tokyo.
De fait, le juge Jenkins n’a pas complètement tort. Le volet américain du dossier climatique devra se régler à Washington. Par exemple, en donnant le feu vert à l’Agence de l’environnement (EPA), pour qu’elle valide des textes californiens sur les normes automobiles, qui attendent depuis des mois dans sa «to-do-list». En reconnaissant enfin qu’il faut agir de manière forte et rapide. En imposant des quotas de carbone aux entreprises, en acceptant enfin de taxer le kérosène, en développant le transport par rail et en aidant à changer les mauvaises habitudes à l’aide d’incitations fiscales.
La chasse au carbone conduite par l’administration de Schwartzenegger a quelque chose de pathétique. Le Robocop des années quatre-vingts —dont on ne sait pas vraiment ce qu’il a fait de ses «Hummer»— semble bien démuni face à un Bush, dont le sang a dû être remplacé par du pétrole par quelque rancher texan, quand il était au berceau. Mais reconnaissons que Schwarzy est têtu, et qu’il attire derrière lui une dizaine d’Etats américains dans sa confrontation quotidienne avec Washington. Et que, peu à peu, les choses changent aux Etats-Unis, notamment parce que les entreprises commencent à comprendre que leur intérêt réside peut-être dans un développement moins néfaste à l’environnement. Tout cela est lent, très lent quand on voit la glace arctique fondre comme un vulgaire glaçon dans un verre de Martini (1), et pire, les sols gelés qui commencent à recracher carbone et de l’eau qui, contrairement à celle des glaces de mer, fait grimper un peu plus le niveau des océans.
Image. Le 18 août, le San Francisco Chronicle racontait à la Une que la patronne de la Commission californienne de l’air détient des intérêts dans le pétrole et le charbon. © Boris Ferlet. 2007
(1) Hier encore, un témoignage rapporté par Reuters à propos du Polarstern, un navire d’exploration allemand, qui croise dans le Passage du Nord-Est. Là où il reste de la glace, il n’y a plus qu’un mètre d’épaisseur, la moitié de ce qu’on mesurait il y a une poignée d’années. Quand aux chasseurs d’os de Mammouth, il se réjouissent de la fonte du pergélisol sibérien.