Haro sur la voiture en Asie

a voiture n’a pas bonne presse ces jours-ci en Asie. A Tokyo, des constructeurs automobile vont, c’est une première, indemniser des victimes de la pollution. A Pékin, on supprime plus d’un millions de voitures pendant quatre jours pour voir combien la qualité de l’air s’améliore. L’Europe, elle, est bien discrète.

La pression sociale a payé au Japon: sept constructeurs ont préféré éviter de ternir leur image plutôt que de résister quelques années de plus pour éviter que la justice ne reconnaisse leur responsabilité dans les problèmes de santé des 520 plaignants. Cent huit d’entre eux sont d’ailleurs décédés depuis le dépôt de leur plainte, en 1996. Il y a fort à parier que cette conciliation ne changera pas grand chose à la qualité catastrophique de l’air dans la région de Tokyo, qui provoque de lourds dégâts dans la population. Même si, c’est là aussi une première, les industriels japonais du moteur à explosion financeront un programme d’aide médicale aux asthmatiques.

A Pékin, c’est la pression des autorités olympiques qui a conduit à cette salutaire expérience. Dans un an, des milliers d’athlètes devront affronter un air détestable, ce qui risque dans le pire des cas, d’en rendre plus d’un malade, ou au moins de gêner leurs performances. Et comme en Chine, le pouvoir reste tenu d’une main de fer, il n’a pas été si compliqué d’interdire à 1,3 millions de voitures de circuler pendant quatre jours. On suivra avec intérêt les résultats de l’expérience. Même si, chaque jour, on enregistre mille voitures supplémentaires dans la capitale chinoise. Ce qui fait qu’en 2008, elle comptera 3,3 millions d’automobiles…

En cas de succès, les autorités interdiront donc la circulation à une grande part du parc automobile. Mais il n’est pas sûr que cela change quoi que ce soit. Depuis plusieurs années, Pékin a fermé un nombre considérable de centrales à charbon, et remplacé le charbon par le gaz dans nombre d’habitations. Sans que cela change quoi que ce soit à la qualité de l’air. Car la pollution n’a pas de frontières, fussent-elles municipales. Les pékinois respireront longtemps l’air vicié par la formidable croissance économique chinoise.

PS: aucun rapport avec la bagnole, mais le Monde publie un papier fort intéressant sur les décès liés aux pesticides en Asie. J’avais écris là-dessus il y a quelques années dans Libé. L’étude évoquée dans le Monde confirme que les pesticides sont décidément très mortels: enfin, pas comme on pourrait le penser. Pas moins de 300 000 suicides par an en Asie.

4 commentaires

  1. Bonjour !
    Tu as oublié Shenzhen, dont le maire a appelé les habitants à ne plus acheter de voitures ! (Le Monde, 18 juillet 2007)
    Parmi les 520 plaignants, combien avaient leur permis de conduire et une automobile ? Ce n’est pas un peu facile de porter plainte contre les constructeurs automobiles ? Ces « victimes »-là n’étaient-elles finalement pas consentantes ? Et les municipalités qui ont quadrillé le territoire avec des voies rapides et des autoroutes ? Et les clients qui aiment tant conduire et acheter de nouveaux modèles ? Je ne veux pas prendre la défense des industriels, mais réduire la place de la voiture dans la ville par la justice me semble très artificiel et peu convaincant.

    Pascal

  2. « n’a pas été si compliquER  » ==> ok, c’est les vacances, on passe tous trop de temps sur les forums.

    Article intéressant et motivant. A quand une mise au ban de la pire des fumées dans nos villes d’Europe?

  3. Author

    Merci pour la vigilance grammaticale. Mais la pire des fumées n’est-elle pas celle du tabac (je suis fumeur)? Il ne faut pas non plus exagérer, l’air qu’on respire dans nos villes depuis trente ans n’est certes pas identique à ce qu’on trouvera dans un village de haute montagne, mais bien plus propre quand même que ce lui que respiraient nos parents et grand-parents.

  4. Et les dégâts causée par l’usage immodéré de l’automobile ne se limitent pas à la pollution urbaine. Le développement de ce mode de transport est un facteur important de perturbation du climat à l’échelle globale, de dégradation des paysages et des relations humaines etc. Pour rester dans le registre macabre, on a déjà plus de chance de mourrir d’un accident de la route que de pollution, enville mais aussi dans les vallées des montagnes…

    Une réflexion ZAZ à méditer.

    « La mort représente aussi quelquefois des enjeux politiques extrêmement forts, il faut en avoir conscience:

    « Personne ne le reconnaîtra officiellement, ni le gouvernement ni surtout les écolos, mais l’ourse Franska que les Slovènes nous avaient vendue en réalité extrêmement vieille et dépressive, l’ourse Franska s’est suicidée.  »

    http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=84652

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