La bagnole a encore gagné

Auto
C’est pas la faute de l’offre, c’est la faute de la demande. C’est en quelque sorte la manière dont l’industrie automobile européenne justifie son échec à baisser la consommation d’énergie des voitures -et donc les rejets de CO2- autant qu’elle s’y était engagée. Les industriels, s’ils ne sont pas parvenus à empêcher Bruxelles de légiférer sur la question, auront au moins gagné un peu de temps: envisagée à 120g de gaz carbonique au kilomètre, l’émission des véhicules particuliers en 2012 sera tenue de rester inférieure à 130 g/km. Pire, c’est une valeur moyenne, calculée sur l’ensemble du parc automobile: les gros générateurs de gaz d’échappement ont encore de beaux jours.

La faute à la demande? C’est ce qu’expliquent, donc, les constructeurs.
Sur le thème, nous avons fait de gros efforts pour améliorer
l’efficacité des moteurs, mais la demande porte de plus en plus souvent
sur de gros véhicules, plus lourds et plus gourmands. Pour échapper à
toute réglementation, les industriels s’étaient engagés à ramener les
émissions des automobiles à 140g/km en 2008, puis 120g/km en 2012. Mais
ils sont dans les choux puisque le taux dépasse toujours les 160g/km…

Alors voilà, plutôt que de «punir» les mauvais coucheurs, qui ne font
pas ce qu’il faut, Bruxelles a choisi de leur infliger une
réglementation bien douce. Plutôt que d’imposer une valeur maximale,
160 grammes de CO2 par exemple, Bruxelles a choisi de laisser les rois
du char automobile usiner leurs gros engins, avec l’appui bien
évidemment de l’Allemagne, et de la France, deux poids-lourds
automobiles. Et pour faire semblant d’atteindre le désormais célèbre
«taux 120» à l’échéance initiale, nos amis de la Commission appellent à
la rescousse les biocarburants, nouvel eldorado de l’agro-industrie. Un
eldorado dont le PNUE (le programme environnement de l’ONU) rappelait
cette semaine à Nairobi qu’il fait peser une lourde menace sur
l’environnement. Alors que Brésil et USA ont signé aujourd’hui un
accord sur la production de ces carburants pas si verts si on ne fait
pas attention, le PNUE a rappelé qu’un champ cultivé piège moins de CO2
qu’une forêt.

A force de miser sur le précieux carburant, on finira par raser des
forêts humides qui n’en ont pas besoin, arroser d’engrais, abîmer un
peu plus la planète, et surtout laisser le réchauffement se poursuivre
au rythme actuel. Qu’il est déjà loin, l’appel des scientifiques lancé
à Paris la semaine dernière, qui ont précisé leur dessin d’une planète
réchauffée, d’océans qui se dilatent, de glaciers fondus et de
catastrophes météorologiques plus fréquentes pour les prochaines
décennies…

5 commentaires

  1. Il y a dans ma bonne ville, un radiologue qui fait son quotidien des clichés des poumons pollués de ses concitoyens. Devant le cabinet, sur le trottoir, pourquoi se géner quand le caducée semble l’autoriser, trône l’un des plus gros de ces 4*4 que produit l’industrie allemande, celui a 380 grs de CO2 au km, le même que posséde nous a appris Libé, mr Barroso. Nous avons sans doute les élites que nous méritons, les députés que nous avons choisis votent les lois qui nous conviennent, celles qui épargnent notre égoïsme

  2. attention, ne pas trop taper sur l’Europe libérale de Monsieur Barroso, sinon on va se faire traiter de « noniste crypto-poujado-nationaliste ».

    No comment en effet.

    Merci Denis.

  3. Pratiquer le covoiturage ç’est pas grand chose mais ça peut faire une petite contribution..

  4. rouler zen, quand on peut pas faire autrement que de rouler. être poète résistant à 90 kmh. ne pas céder au panurgisme de l’accélérateur. refuser le culte de la performance. emmerder les obsessionnels de la ponctualité. respirer et contempler, écouter la route.

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