Trillions annonciateurs

Quand Nicolas Stern publie son rapport sur le coût du réchauffement climatique (5500 milliards d’euros à l’horizon 2050), il permet de braquer les projecteurs sur le sujet. Il suscite l’intérêt des gouvernements, provoque les réactions goguenardes -ou méprisantes c’est selon- d’experts en tout genre, il fait même paniquer. Les écolos saluent son travail, ainsi que le courage que la publication des données requiert.

Le 13 octobre, les
Amis de la terre avaient publié un rapport identique, issu de l’Université Tufts à Boston… Intitulé « Changement climatique – le coût de l’inaction », il mettait en évidence la facture titanesque générée par l’inaptitude des Etats à prendre les mesures nécessaires pour maintenir la hausse des températures à 2°C seulement au-dessus des niveaux de l’ère
pré-industrielle. Le coût pour l’économie ? 20 trillions de dollars en 2100.

Etrangement, les résultats avaient fait moins de bruit… L’appartenance de Stern à la Banque
mondiale apporte probablement une caution morale et intellectuelle que les Amis de la Terre n’ont pas !

Pendant ce temps, en France, le Président Chirac prévient que la priorité absolue de son gouvernement est la lutte contre le chômage et l’augmentation concommitente du pouvoir d’achat des Français. Petit jeu de rôle : si par hasard, nous avions connaissance d’une future et probable guerre mondiale, devrions-nous nous concentrer sur notre pouvoir d’achat ou éviter le conflit ? Parce qu’à coup sûr, le prochain ennemi mondial sera le réchauffement…

9 commentaires

  1. Bravo Laure,

    Vous êtes en plein dans le mille sur la soi-disante « crédibilité » des interlocuteurs mais aussi sur la schizophrénie pour le moins tragicomique de nos gouvernants qui s’extasient de la signature de 150 Airbus avec la Chine avant de prononcer un discours « important » sur l’environnement… Suivez mon regard (il s’agit d’un certain Jacques C. en Chine récemment, je vous aide). En matière de discours, Chichi est champion du monde de la bonne intention et de l’acte manqué. Mais beaucoup d’autres, derrière lui, sont à pleurer d’inefficacité et d’impuissance.
    Alors oui, c’est bon de recevoir un coup de massue de la part de Stern ou des Amis de la terre, mais je crois qu’à ce niveau d’urgence, il faudrait sans doute se recevoir un poteau en béton sur la tête, quelque chose de bien lourd, sans bien sûr « paniquer les masses » (Claude A., scientifique et polémiste bouffon).
    Et tant que la doxa du « croissance, pouvoir d’achat, hausse de la production » perdurera, on sera mal. Titre de Libé ce matin ? La croissance du Brésil avec Lula. Voilà, la litanie continue. On y peut rien ma bonne dame, c’est comme ça. Et je me répète, c’est à pleurer.

  2. On peut se demander si ces différents rapports ne vont pas rester une fois de plus lettre morte. À vrai dire, ce que l’on peut reprocher à bon nombre d’hommes politiques, ce n’est pas seulement leur inertie ou incurie devant ce qui s’annonce comme la plus grande catastrophe mondiale écologique et humanitaire à venir, c’est carrément leur refus de reconnaître que les changements climatiques sont bel et bien des faits et non quelque hypothèse fumeuse ou élucubrations d’écolos rabat-joie. Si les économistes s’en mêlent , cela va t’il donner plus de poids et d’échos auprès des décideurs de ce monde ?
    Algy

  3. je vous annonce un effet d’annonce.
    Le principe est de se couvrir. On ne peut dès lors plus dire qu’ils ne l’ont pas dit. Mais surtout pas d’actes! Réduire la consommation parait essentiel. Et pas que pour le réchauffement climatique: aussi pour résister à l’explosion des prix de l’énergie. On nous parle toujours d’indépendance énergétique: qu’a-t-on fait d’alternatif à grande échelle ? Frotter la manche de la Russie est la solution???

  4. La seule comptabilité économique significative, où un matérialisme historique renouvelé peut intégrer les apports de l’écologie (une science d’abord, M. Allègre, ne vous en déplaise, avant d’être une idéologie dénonciatrice ou technologique) serait celle des pertes et profits concrets, le temps, l’énergie, la matière… Quelle autre valeur commune au cours actuel d’une journée de travail. Le marché fera mieux par la suite?

  5. Ptêtre eau empoisoné dripping onto desert sand and the debts incurred by napolean’s dream have nothing to do with tooth gold after the two tours crumbled, nor for that matter the jump in profits for controlled demolitions. Rhetorical casuistry doesn’t however, get ex-glue sniffers into the ranks of the employed, with or without paving stones. High tech domination precludes an atmosphere of breathable gasses and consensus states that all work can be carried out by organic robots. There are some who feel that greenpeace accreditation does not bestow industrialists the right to pillage and plunder at will, despite the obvious consequences. Finger out-pulling is called for, n’est pas? Petty egoes attempting to prove them selves capable of cogitive cerebrations could however be better disposped perhaps to constructing solutions on a more expansive manner than ego gratifying masturbation. But of course humans were always difficult to appreciation.

  6. S’informer, réfléchir, discuter, c’est bien mais ne croyez-vous pas qu’il est maintenant plus que temps de passer vraiment à l’action?

    Si vous êtes vraiment motivés pour avancer dans la recherche de solutions au problème du changement climatique (qui n’est pas le seul problème, n’oublions pas la biodiversité qui diminue, les océans qui se vident, l’érosion des terres arables, la pollution de l’eau, de l’air, des sols, etc…), je recherche des partenaires (c’est-à-dire des gens comme vous, si, si !) pour développer une organisation engagée dans cette voie: « O ».

    L’idée: les petits gestes dont tout le monde parle sont insuffisants, il est nécessaire de modifier plus en profondeur notre mode de vie, c’est à dire, entre autres, ne plus prendre l’avion, se passer de la voiture le plus souvent possible (le mieux étant de ne pas en acheter), changer ses habitudes alimentaires (moins de viande, de fraises en février, de raisin d’Afrique du Sud), habiter près de son travail et plutôt dans un appartement en ville, et moins consommer en général…

    Rien d’impossible, et pourtant ces changements nécessaires sont très difficiles à accepter parce que contraires au fonctionnement actuelle de notre société, basé sur la production (et donc le travail, l’emploi, l’utilité sociale et le statut qui lui sont associés) et la consommation (et donc l’appartenance à un groupe social et la recherche du prestige) de biens et de services, ce qui s’accompagne toujours ou presque de pollutions diverses. Comme nous avons tous besoin de travailler et que nous voulons tous accéder à une certaine reconnaissance sociale, agir efficacement contre le changement climatique est très difficile, nous n’y arriverons pas si nous ne donnons pas de la valeur sociale (de l’estime, de l’admiration, de l’envie) aux conduites à tenir.

    Objectif: renverser la vapeur en valorisant socialement ceux qui agissent de manière responsable (c’est à dire qui cherchent à minimiser leur empreinte écologique), essayer d’imaginer un mode de vie durable et accessible à tous et enfin, ce qui rejoint un peu le premier point, inventer d’autres moyens de cohésion et de valorisation sociale que le travail et la consommation, ou alors les orienter vers des activités environnementalement soutenables.

    Si vous êtes intéressé, allez faire un tour sur le site suivant:

    http://jean.chamel.free.fr/o

    et n’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations en écrivant à contactero@gmail.com

  7. Désolé, Jean, mais je crois que je n’ai pas ma place dans votre organisation. Pour revenir au sujet, pourquoi ne pas chercher à parvenir à une comptabilité du corps et des esprits
    ( http://www.liberation.fr/actualite/terre/210632.FR.php ), tant qu’on y est? Rassurez-vous des pans entiers de l’économie réelle et des échanges monétaires actuels échappent déjà à la vigilance des spécialistes. Derrière les chiffres de la richesse financière, il y a des marchandises produites, échangées, du travail donc aussi… Y inclure des choses naturelles dont la disponibilité ne dépent pas du fonctionnement d’un marché, mais de l’état de la biosphère est plus qu’hasardeux. En 2100 ce n’est pas le dollar qui va manquer, ni l’envie de consommer mais bien le pétrole, si ce ne sont pas l’eau et la terre. A quel coût?

  8. Encore un rapport monté de toutes pièces pour faire plaisir aux politiciens. Contrairement à la presse française, la presse anglo-saxone a publié plusieurs articles très critiques, dont certains aspects méritent réflexion (adoption systématique des prévisions les plus pessimistes, choix d’un taux d’actualisation des coûts volontairement très bas, entre autres)
    .
    Pourquoi ne pas donner plus de visibilité au Rapport Facteur 4 (diviser par 4 nos émissions de CO2) http://www.industrie.gouv.fr/energie/prospect/textes/prosp-jr-2030-2050.htm, qui n’est pas sensationnaliste, pas culpabilisant, et qui au moins à le mérite de présenter des PROPOSITIONS CONCRETES !! (pas comme le film d’Al Gore non plus)

  9. Et Helmet, la mauvaise foi des gouvernants n’a rien à voir avec la schizophrénie. Pitié pour les psychotiques.

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