Méprise palmée

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Une fois n’est pas coutume, je ne peux que m’inscrire en faux contre une information parue, au hasard d’une légende photographique, dans Libération (samedi 4 novembre, pour être précis). Dans ce dossier consacré aux relations houleuses entre Microsoft et le logiciel libre Linux, mon quotidien préféré qualifie de pingouin la mascotte de Linux. C’est faux, et au nom du respect de la biodiversité, l’un des grands thèmes de ce blog, je vais vous expliquer pourquoi 😉

Les pingouins vivent dans l’hémisphère nord. Ces migrateurs
volent, et certains fréquentent les côtes françaises, comme le
guillemot de Troïl ou le macareux moine. Les manchots, eux, ne volent
pas, leurs ailes sont des nageoires. Ils vivent dans les mers
australes, notamment en Antarctique, en Australie et dans les îles du
Grand Sud.

Le caractère de pingouin attribué à la mascotte de
Linux provient d’un raccourci hasardeux. Linus Torvalds, l’inventeur de
Linux, est finlandais. Finlande, mers boréales, hémisphère nord, donc
pingouin. Et pan sur le bec! Torvalds a choisi ce palmipède comme
mascotte après un voyage en Australie. Il avait été mordu par un
manchot en tentant de l’apprivoiser.

Rendons à César ce qui est à
César. Sans volonté de nuire à ces formidables oiseaux, souvent
menacés, que sont les pingouins, c’est bien le manchot qui symbolise le
logiciel libre.

8 commentaires

  1. Je pense que la première source de cette erreur est un faux ami, l’anglais est largement utilisé comme langue d’échange, et en anglais, les bébêtes qui ne volent pas dans l’hémisphère Sud sont des penguins.

  2. Oui mais le souci, c’est qu’il ne faut pas être manchot pour utiliser Linux…

  3. Bon, d’un autre côté, ni les pingouins ni les manchots n’ont de bec jaune ; ils ont un bec noir et fin.
    Comme l’écrit Torvalds[1], l’animal devait être jovial, avoir la classe, et sembler sortir de sa meilleure expérience sexuelle.

    [1] « Il était une fois Linux » – Linus Torvalds & David Diamond ISBN 2-7 464-0321-8

  4. Le commandant Cousteau s’est toujours plaint de l’appellation ‘Manchots’ pour ces gentils oiseaux !
    Il faut les nommés pingouins mais bon… pas facile …

  5. le Commandant Cousteau,justement,a pu filmer un
    merveilleux documentaire intitulé « le vol des pin-
    gouins »,où on pouvait admirer,au passage,ces oiseaux
    devenus rares,et que certains scientifiques français
    ont trouvé suprêmement malin,d’équiper de balises
    trop lourdes,qui les retardent beaucoup,et les
    empêchent souvent d’arriver à temps pour les becque-
    tées poissonnières de leur dernier né.D’ailleurs,
    grâce aux navires-usines,ils sont également en
    danger de jeûne forcé,et puis de disparition,faute
    de nourriture suffisante.

  6. Une explication de l’erreur:
    Manchot, en anglais, ça se dit Penguin. (pingouin = auk)
    Ce genre de faux ami verbal en ajoute à la confusion.

  7. Merci de ces lumières, mais Sophie nous avait déjà fourni l’explication (mieux vaut lire les commentaires avant de poser le sien), celle aussi de la wikipedia :

    « On confond souvent les termes manchots et pingouins, en raison des ressemblances physiques de ces oiseaux, et de la traduction anglaise « penguin ». »

    La confusion, classique de l’opposition entre terminologie populaire et savante a pu être réactivée par l’anglais, ses racines sont cependant plus ancienne: les premiers explorateurs de l’antartique venaient du nord et découvrant ces étranges créatures leur ont donné le nom des pinguoins qui leur étaient familiers, phénomène classique qui fait que l’on mange de l’hérisson ou de l’antilope en Afrique, etc., alors que le terme manchot est une néologisme récent forgé au XVIIIe siècle dans un contexte scientifique.

    La frontière entre correction et pédantisme est floue, mais concerant ces volatiles des antipodes, si on peut nommer volatiles des oiseaux qui ne volent pas, mieux vaut assurément faire la distinction, d’usage en français sinon en anglais, usage ce qui se justifie tant les espèces sont différentes, sans apparentement.

    En ce qui concerne les chameaux en revanche, les dromadaires (dont ceux d’Arabie saoudite décimés par un poison inconnu) et les chameaux «vrais» appartiennent à des genres proches de la famille des camélidés, les uns avec une bosse en Afrique et Moyen-Orient, les autres avec deux en Asie, mais le terme chameau, de racine plus ancienne, garde dans de nombreux contextes, notamment pratiques chez les utilisateurs et les éleveurs, un usage générique : allez parler de leurs dromadaires à des touaregs, ils vous rirons au nez comme à de vulgaires touristes. (L’animal figurant sur les paquets de Camel, est un dromadaire.)

  8. Merci pour ces précisions zoologiques. Bizarre comme la mascotte informatique perpétue dans le monde virtuel un bien ancine totémisme animal… Un bien beau bestiaire (il n’y a pas que des manchots dans le logiciel libre… ):

    http://chl.be/mascots/

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