Tourisme nucléaire

En vadrouille à Cherbourg le week end dernier, j’ai été prise en plein milieu d’un samedi après-midi blanchâtre, d’une subite envie de visiter le chantier de construction de l’EPR. Et nous voilà partis, un ami et néanmoins militant du réseau Sortir du nucléaire et moi-même, à bord d’une Fiat Fuego vers Flamanville. A l’approche du chantier, immense déception: il n’y a rien à voir. Un sol terrassé, quatre ou cinq énormes camions à benne, des Algecos blancs, la mer, des grilles… Puis d’un point d’observation surplombant le site, nous avons commencé à deviser sur l’avenir de l’humanité. Il n’a pas fallu cinq minutes pour voir surgir une estafette de gendarmerie, deux gendarmes à bord nous demandant nos papiers. Voilà, soyez rassurés, le site de construction est bien gardé.

Laure

11 commentaires

  1. ça ne nous rassure pas vraiment, cet EPR.
    Je suis de plus en plus confronté à des gens de mon entourage découragés, doutant de maintenir (je m’en contenterai) stabilisé l’état de la planète.
    Il est dommage que les plus riches soient les plus épargnés par la pollution, les plus mobiles vers les recoins iddyliques de la planète. Je m’étonne du repli hédoniste: n’est ce pas une fuite en avant, même si Onfray tente de minimiser la souffrance? La mauvaise santé de la planète est une souffrance, mais inutile de se barricader: mieux vaut la réaction collective contrainte, car l’inverse est, c’est maintenant connu, pis. Et ce n’est pas parce que les 5 sites les plus pollués sont russes, que la contrainte est en cause: c’était le productivisme. L’ouest en est également l’héritier, ne l’oublions pas.
    Juste pour prouver que je suis à même d’écrire plus de deux lignes sur cette terre hélas ronde.

  2. Laure,
    Le site est en construction mais la radioactivité est déjà très forte : votre Fiat à muté en Renault Fuego et des hommes bleus hantent les lieux…
    Blague à part, il est assez exaspérant de voir nos politiques prendre des décisions dictées par des consortiums (des lobby donc) et non pas une vision sur plusieurs générations…

  3. Laure,
    Le site est en construction mais la radioactivité est déjà très forte : votre Fiat a muté en Renault Fuego et des hommes bleus hantent les lieux…
    Blague à part, il est assez exaspérant de voir nos politiques prendre des décisions dictées par des consortiums (des lobby donc) et non pas une vision sur plusieurs générations…

  4. Une Fiat Fuego ? Il faut fermer ce site sans attendre, les phénomènes de mutations ont déjà commencé …

  5. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-827867,0.html
    Allègre a le droit d’avoir des doutes.
    Etant donné la complexité, il est difficile, seul, d’avancer une contre-théorie. Il s’agit d’un collège de chercheurs face à un autre (cfr Popper/Kuhn). L’expérience personnelle de Mr Allègre sur la validité de la tectonique des plaques ne lui donne aucun crédit face à « l’influence majeure ou non du CO2 dans le changement climatique »(sic) .
    Je dirais que pour réparer il faut d’abord informer sur base du consensus scientifique majoritaire. Exemple ammiante: fin des années 50, les premiers scientifiques savent. Fin des années 70, les premiers médias dénoncent (et ce mot est essentiel). Fin des années 90 (98 en france), l’ammiante est interdit. Sauf au canada ou il est « réparé » en changeant de nom. Or, mélangeons Mr Allègre, connaissez-vous les schistes bitumineux?? Pour produire du pétrole, ils dégagent énormément de CO2. Tiens ce sont des climatologues canadiens que vous citez! Le rapport: quand on a des mines, on les EXPLOITE quelles que soient les conséquences, ce qui prouve l’avidité des humains. Or il s’agit de gérer càd parfois d’avoir un moratoire. C’est une forme de réparation!! Les intérêts étant particulièrement grands, j’ai tendance à accréditer (au delà du consensus) une théorie qui a du se battre contre les lobbies industriels et financiers et dénoncer.

  6. Les débuts de la construction de l’EPR à Flamanville devraient rendre tout le monde plus nerveux encore si l’on parlait davantage des déboires d’Areva en Finlande.

    Un article du dernier CQFD revient sur les mésaventures du groupe (issu de la fusion entre Cogema et Framatome et propriété du Commissariat à l’énergie atomique) chez nos amis finnois, où les instances de contrôle se sont apparemment montrées un peu plus tatillonnes que leurs équivalents français dans la Manche (et pour cause).

    Le génie français se couvre de gloire
    LES CHARLOTS EN FINLANDE
    « Areva, le champion français de l’atome, a accumulé un an de retard sur le chantier d’une centrale nucléaire « ultra-moderne »en Finlande : béton poreux, pièces défaillantes, dossiers mal ficelés… Un bide d’autant plus inopportun que la France a besoin de la Finlande pour piller ses ressources en uranium. »

    Cet article de la version papier n’est pas disponible en version informatique, mais d’autres, autour de l’écologie, le sont : http://www.cequilfautdetruire.org/mot.php3?id_mot=22

    Résumé :
    Areva, qui s’est pour l’occasion allié avec Siemens, « souffre » d’une perte de cent millions d’euros à cause des retards du contrat OL3, nom du projet de construction de la centrale EPR à Olkiluoto en Finlande. Ce chantier « historique » de construction du tout premier réacteur dit de « troisième génération » (coût trois milliards d’euros), emblème du génie nucléaire français et de la grande camaraderie européenne s’est vu contrarié par les autorités de contrôle finlandaises qui se sont tout d’abord rendu compte que le béton qui devait servir à bâtir le socle du réacteur était poreux. Là-dessus, d’autres contrôles renvoient à l’usine certaines pièces jugées défaillantes. Pour couronner le tout, ces mêmes instances n’ont pas été totalement convaincues par les dossiers du constructeur en matière de sécurité. Plus que les cent millions d’euros de perte, peut-être, voilà un bien fâcheux revers pour « l’excellence franco-allemande ».

    Après les retards Airbus, ça la fout un peu mal, mais en ce qui concerne le nucléaire le secret est tout de même toujours mieux gardé, et le revers n’est pas trop médiatisé pour Areva, si ce n’est quelques dépêches boursières pour déplorer l’impact négatif sur le portefeuille des actionnaires ou des déclarations suffisamment opaques d’Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva, qui a expliqué que «le chantier ne peut avancer si chaque pièce n’a pas été approuvée par l’autorité de sûreté » et qu’il y a quelques problèmes « de production et de qualification du béton » de certains sous-traitants (Le Monde, 29/09/06).

    Une bonne revue de presse ici :
    http://www.dissident-media.org/infonucleaire/epr_finlande.html

    A tout cela, CQFD rappelle fort justement que ces soucis d’Areva et cette perte en terme d’image pourraient aussi lui nuire en Finlande pour s’approvisionner en uranium. Car, je cite :

    « A rebours de ce que claironnent les farceurs du lobby nucléaire, « l’indépendance énergétique » attribuée à l’atome est un leurre : l’uranium qui sert de carburant aux centrales françaises – sept mille tonnes par an – est importé à 100%. Du Niger et du Canada, principalement. Mais l’uranium, tout comme le pétrole, est une ressource qui s’épuise, d’où la nécessité d’aller draguer de nouveaux gisements. Justement, la Finlande en possède. Il y a quelques mois, Areva a obtenu du gouvernement finlandais une concession de 118 km2 pour prospecter de l’uranium et du thorium (utilisé pour les réacteurs surgénérateurs de type Superphénix) dans la province d’Itä-Uusimaa, dans le sud du pays. Pas rassasiée pour autant, Areva convoite aussi des terres dans le nord, près d’Helsinki et en Laponie. »

    Les autorités finlandaises semblent hésiter sur ce coup-là d’autant plus que les populations locales feraient déjà monter la pression. Elles s’inquiètent peut-être aussi du sort des futurs déchets dont devra se défaire le « prestigieux » groupe français et son pote allemand ? On les comprend.

  7. Un bon débat, Mr Huet: science et idéologie.
    Croyez-vous que l’idéologie puisse s’extirper aussi facilement de la science?
    D’ailleurs l’idéologie a mauvaise presse, raison pour laquelle les choix long terme sont escamotés (pragmatisme oblige).
    En belgique on va porter la durée de vie des centrales nucléaires à 60 ans.
    TOUT N’EST QU’IDEOLOGIE quant à l’action que vous posez (ou -petit- pas).

  8. Dès lors on est condamner à naviguer d’idéologie en idéologie.
    Il faut donc arrêter de montrer l’autre en traitant son discours d’idéologique, car cela ne veut rien dire, puisque le notre l’est tout autant. Par contre démonter ce qu’on croit être les failles du discours de l’autre est constructif. Il est temps de revaloriser le mot idéologique, car il n’est rien d’autre que l’expression d’une stratégie long terme. L’aveuglement ne peut être mis en évidence que par un démontage d’artifices. Dire que le discours de l’autre est plein d’aveuglement parce qu’il est idéologique est stupide. Constatons donc que le libéralisme est aussi une idéologie. Et qu’il y en a autant à gauche qu’à droite. Raz le bol qu’on utilise tout le temps ce mot.

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