Un record de minimum d’étendue de la banquise en Arctique cette année? Peu probable, répondent les chercheurs du Centre national américain de la neige et de la glace (NSIDC), dans la dernière livraison de leur bulletin Sea and Ice news mercredi. Ils relèvent qu’il faudrait des conditions exceptionnelles de fonte au cours du mois d’août pour que la banquise revienne fin septembre au niveau le plus faible, relevé en 2007.
A regarder les —mises à jour quotidiennement— du NSIDC, on voit que la banquise a résisté plus longtemps que d’ordinaire: l’hiver a duré environ trois semaines de plus, retardant le début de la débâcle. Fin mars, la banquise comptait plus d’un million de kilomètres carrés de plus qu’en 2007, et en 2006. Mais à partir de mai, les conditions météorologiques ont changé, et la banquise a reculé à une vitesse record, signe de la fonte de jeune glace, formée l’hiver dernier. Si les glaces de mer sont aujourd’hui proches du record de 2007, il faudrait un rythme très accéléré par rapport à ce qu’on connaît pour que 2010 s’achève par un record. Car à cette période de l’année, ce sont des glaces plus anciennes qui disparaissent —plus longues à fondre car plus épaisses— puisque les glaces juvéniles ont déjà disparu pour l’essentiel. Mais 2010 pourrait néanmoins afficher le second minima de banquise Arctique depuis le début des observations par satellite. En attendant, les passages du Nord-Est (le long de la Sibérie) et du Nord-Ouest (le long du Canada) étaient quasiment ouverts, laissant le champ libres aux convois de transport maritime prévus cet été. Une étude publiée fin juillet par le chercheur américain Mark Jacobson a montré le poids des suies émises par la combustion des carburants fossiles dans la fonte des glaces arctiques (1): leur élimination totale —on peut toujours rêver— effacerait 1,7°C de la hausse de 2,5°C survenue dans la région depuis un siècle. Mais le passage de plus en plus fréquent de navires l’été pourrait accélérer la disparition de la banquise.
Rappelons que l’étendue de la banquise, vue du NSIDC, est la surface dans l’Arctique couverte par au moins 15% de glaces de mer. Et que les données collectées par le centre ne permettent pas d’apprécier l’épaisseur —et donc le volume de glaces—. Une information qui sera désormais connue grâce à la mise en orbite, en avril dernier, du satellite européen Cryosat-2. Il mesurera l’épaisseur des glaces polaires, et notamment la banquise avec une précision meilleure que le centimètre. L’Agence spatiale européenne devrait rapidement achever la phase de calibration des instruments. Elle a annoncé le 20 juillet, avoir livré les premières données aux scientifiques.
(1) Journal of Geophysical research – Atmospheres du 29 juillet 2010.
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