Rendement record pour un stockage d’électricité à air comprimé

Trop beau pour être vrai? Voilà de quoi relancer de belles batailles idéologiques, comme celle qui a sévi entre détracteurs et partisans de la voiture à air comprimé. Une startup américaine affirme avoir résolu le principal obstacle au stockage d’électricité sous forme d’air comprimé. Non pas pour faire avancer un quelconque véhicule, mais pour stocker l’électricité des sources renouvelables. Selon Technology review, SustainX affirme pouvoir atteindre un rendement record de 95%. Une annonce efficace en termes financiers, puisque l’entreprise vient de lever 20 millions de dollars pour industrialiser son système.

Comme les nombreuses querelles de chapelle dans ces colonnes en témoignent, l’intermittence des énergies éolienne n’est pas sans créer de problèmes dans les réseaux électriques. D’où l’idée de stocker le surplus d’électricité, pour lisser la courbe de production d’électricité éolienne. L’Allemagne dispose d’un tel stockage, et deux réservoirs sont en construction aux Etats-Unis (1). Mais si l’idée est séduisante, le procédé est gourmand en énergie: comprimer un gaz libère de la chaleur (qu’il faut évacuer avant de stocker le fluide) tandis que sa «détente» dans une turbine le refroidit (il faut donc le réchauffer). Résultat, dans le stockage allemand, il faut fournir 2,4 kWh d’énergie pour en récupérer 1 kWh, et le principe du stockage adiabatique —sans échange d’énergie avec l’extérieur du dispositif—, s’il est plus rentable —1,4 kWh consommé pour 1 kWh récupéré— reste peu performant et plus complexe à mettre en œuvre.

SustainX affirme avoir mis au point un procédé de récupération de la chaleur libérée pendant la compression grâce à un brouillard d’eau qui se réchauffe pendant la compression. Un processus isotherme, à température constante, donc. L’eau chaude est stockée, et son énergie est utilisée lors de la détente du gaz qui produit de l’électricité. Le système fonctionne avec des pistons, ce qui permet d’atteindre des pressions de stockage plus élevées qu’avec des turbines. Au besoin, pour améliorer son efficacité, le stockage peut aussi utiliser de la chaleur perdue par des usines situées à proximité. Selon SustainX, en ne consommant que 1,05 kWh pour en récupérer 1 kWh, le principe permettrait de délivrer du courant moins cher que celui produit en brûlant du gaz naturel aux heures de pointes.

Le hic? Il est de taille. Car si la preuve de l’efficacité reste à faire, le procédé de SustainX repose sur des réservoirs externes, et non dans des cavités géologiques comme on en utilise pour stocker le gaz naturel. Ce qui limite le volume et fait sérieusement grimper le coût de l’installation. Pour le moment, la startup dispose d’un prototype capable de produire 40 kilowatts électriques, et en construit un de 1000 kW. Plus grave, SustainX ne donne aucune indication sur la quantité d’énergie stockée dans son système: l’énergie d’un stockage est le produit d’une puissance —dont il est facile d’afficher des valeurs élevées— par une durée de fonctionnement. D’après les infos que j’ai trouvées, le futur prototype stockerait 4 MWh d’électricité (soit 4h de fonctionnement à pleine puissance). Un bon début pour décaler la production des heures creuses vers les heures de pointe pour vendre l’électricité au prix fort. Mais pas de quoi régler la crise de l’énergie.
(1) Lire «Et si on mettait le vent en bouteille», 13 mars 2010.

11 commentaires

  1. Le chiffre seul de 95% indique l’arnaque.
    L’image est complété par l’absence de données fiables, et l’usine à gaz pour faire fonctionner l’ensemble. A fuir.

    1. Author

      Evidemment, s’il y a une source de chaleur perdue à côté du stockage, on peut afficher les rendements que l’on souhaite… Mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a un brouillard artistique sur les données chiffrées de cette startup…

      1. Mais le brouillard, c’est la base de leur idée : la boucle est donc bouclée.


  2. Tout cela me fais bien rire, on entend que rendement et pertes…..

    Mais si l’on ne stockais pas cette énergie, de toute façon elle serait perdue….. alors un rendement de 0,01% ….. on s’en fout puis qu’on en récupère au moins un peu !

    1. sauf qu’il faut amortir l’usine à gaz et son entretien…probleme que l’on n’a pas quand on ne recupere rien

  3. Une solution peu onéreuse serait l’azote liquide. Le rendement est moins bon que l’air comprimé mais le réservoir est beaucoup moins couteux.

    Voir motorair

  4. le rendement d ‘un compresseur d air classique a vis ou a pistons est d ‘environ 4% (96 pourcent part en chaleur, ) donc pour obtenir un rendement total de 95 pourcent (soit le meilleur du top du meilleur rendement qu’aucune autre machine convertissant l’energie n’atteint sauf la resistance chauffante).
    il faudrait à la louche recuperer quasiment tout l’echange de chaleur du a la compression. ce ne serait donc plus un stockage d’air comprimé mais un stockage de chaleur; apres tout pourquoi pas, mais en tout cas on voit que les gens on de bien mauvaises idées des rendement de conversions de certaines machines.

    apres si il indique un rendement de conversion de sortie ( c est a dire turbiner l’air qui sort du reservoir pour le convertir en energie mecanique ) alors la pourquoi pas.

  5. en fait l’entreprise ne dit pas ça elle dit qu’elle améliore le rendement énergétique( le site dit efficacité énrgetique) de 54 à 95%en clair si le rendement énergétique est de 10 % il passe de 15,4 à 19,5%
    SustainX’s technology greatly reduces this heat loss. It compresses air by using electricity to drive pistons inside cylinders. To release energy, expanding air drives the pistons in reverse, which drives a generator. A fine water spray inside the cylinders absorbs heat generated during compression. The hot water is stored and sprayed back into the cylinders during expansion, so the system needs no additional fuel to heat the air. The water spray increases the energy efficiency of the process from 54 percent to 95 percent, says company cofounder Ben Bollinger.

    mais j’ai peut être mal lu j’ai lu ça en diagonale…

  6. Que les choses soient claires : quand il n’y aura plus de pétrole, en fait dès qu’il sera rare et cher, il n’y aura plus d’électricité disponible 24h sur 24 dans le monde. ca va etre un gros bazar. Localement, on utilisera l’éolien et le solaire et on stockera l’énergie pour éclairer le soir, faire tourner le laves-ligne etc.. Chipouiller sur le rendement de conversion d’un système sera secondaire par rapport à sa fiabilité, car l’humanité sera en mode « survie » avec 9 milliards d’humains ne pouvant plus se déplacer : il n’y aura plus de voitures individuelles. Bienvenue en 2050! Personnellement, j’ai plus confiance dans un système de compression d’air qu’une batterie pleine de chimie et qui vieillit, meme si le rendement est plus faible.

  7. Le stockage de l’air dans un « gazomètre » vertical, immergé au sein d’une masse d’eau, semble prometteur ? C’est la masse d’eau environnante qui le maintiendra sous pression constante, malgrès qu’il soit consommé ! Ce « gazomètre » sera alimenté depuis sa base en air pulsé, avec l’énergie d’une éolienne ou autre chose. Les bulles d’air vont remonter toutes seules jusqu’a son sommet, lieu ou il est mis sous pression, et depuis là il va être conduit par un tuyau d’évacuation de petit diamètre interne, jusqu’e vers une « turbine » constituée de vérins pneumatiques succèssifs, qui actionnés par la pression vont venir s’appuyer sur les faces droites et gauches d’un triangle mobile soit la (savonnette). Cette installation pourra se trouver immergée dans un lac, ou mer, ou au sein d’un puits profond, lieu ou ont pourra augmenter la pression de l’eau avec un piston.

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