Y’a un mec qui dérange? Qu’on l’envoie en Sibérie. C’est cette toute soviétique décision qui a été annoncée à l’issue d’un conseil d’administration de BP lundi: Tony Hayward, dit le gaffeur, le directeur exécutif de l’empire britannique du pétrole, ira siéger au board de TNK-BP, qui dirige les opération du pétrolier en Russie, notamment dans le champ Sibérien de Kovykta. La différence avec les goulags soviétique, c’est que Hayward partira —selon toute vraisemblance— avec 1,2 millions d’euros.
Hier, le Telegraph rappelait quelques une des bourdes de «l’homme le plus haï des Etats-Unis», comme l’ont baptisé les médias outre-Atlantique. C’et vrai qu’il n’y a pas été avec le dos du pipeline. Le 14 mai, il expliquait par exemple au Guardian que «Le Golfe du Mexique est un très grand océan», ajoutant que le «volume de pétrole et de dispersants est faible au regard du volume d’eau». Un signe qu’il ne boit pas de pastis, parce qu’une petite goutte, ça vous change le goût… Quatre jours plus tard, Hayward expliquait à Skynews que l’impact serait très très modeste. Enfin, sur le plan écologique, parce que BP a annoncé 17 milliards de pertes pour le semestre hier, excusez du peu.
Remarquez, sur le plan strictement linguistique, l’ex-DG de BP n’a pas tout faux. D’ailleurs, je suis enclin à penser qu’il n’y a pas de marée noire écologique sur les côtes américaines, juste une marée économique qui permet à la Louisiane de faire financer sa politique de lutte contre le chômage. Vous le découvrirez bientôt dans une enquête à paraître.
Mais revenons à Gaston la gaffe. Le pire de ses propos, c’était le 30 mai, devant une armée de journalistes, en Louisiane. «Il n’y a personne qui veut plus que moi qu’on arrive au bout de l’affaire. J’adorerai retrouver ma vie.» Cerise sur le gâteau, Hayward n’a pas hésité à participer, le 19 juin, à la très huppée régate de l’Île de Wight.
Que les choses soient claires, je ne plains pas une seconde le Gaston britannique. Ça paraît la moindre des choses qu’un type responsable d’un bordel pareil —l’affaire Deepwater Horizon— soit viré. Ce qui est plus étonnant, c’est que BP ait choisi de l’envoyer au pays de Poutine. Moi, j’aurais été Sarkozy, je l’aurais envoyé comme sous-marin au PS…
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