Le mammouth du déni climatique rameute le CAC 40

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

S’est-on tous plantés en beauté? Nous, les journalistes, qui aimons à penser qu’en France, le lobby climatosceptique n’émane pas d’entreprises, mais seulement de personnalités isolées. Difficile en effet de trouver un discours sceptique chez les grands patrons français, même si, souligne Jade Lindgaard dans les colonnes de Médiapart hier, Bernard Arnault (LVMH) a fait distribuer l’an dernier aux membres de son comité exécutif un exemplaire du bouquin «CO2, le mythe planétaire» signé de l’ancien M. Sécurité routière et haut responsable de l’Association française des automobilistes, Christian Gérondeau.

L’enquête de Médiapart est formidable. De celles qui vous mettent le chantier dans un raisonnement bien rodé. Jade Lindgaard s’est plongée dans les grandes manœuvres du mammouth du refroidissement climatique, qui cherche à attirer des grands patrons du CAC 40 dans sa fondation « Ecologie d’avenir ». Un «machin» qui veut vanter une autre écologie —basée sur le mirage technologique et la croissance—, et rapprocher le monde scientifique de celui de l’entreprise. De quoi séduire, donc les géants du business français. Sont déjà membres Alstom (membre de la fondation de Nicolas Hulot, bonjour le grand écart), et Limagrain, le géant de la semence. Mais GDF-Suez pourrait, selon Médiapart, se joindre à l’aventure, de même qu’Axa… D’autres ont refusé, comme Total, Bolloré et même Pernod-Ricard, dont Allègre est pourtant le directeur scientifique.

L’armée d’Allègre. Le plus célèbre des climato-négateurs français cherche aussi à ratisser chez les personnalités: Luc Ferry, le Nobel Albert Fert et l’économiste Jean-Paul Fitoussi auraient donné leur accord. Tout comme Daniel Laurent, conseiller scientifique de l’Institut Montaigne, «think tank chic de la droite libérale» pour reprendre les mots de Médiapart mardi. Allègre a également recruté le démographe Hervé Le Bras. Ce qui ne m’étonne pas. Je l’ai croisé par hasard au printemps dans un pince-fesses, et nous avons —entre autres— discuté de climat et du bouquin d’Allègre. Le Bras, que j’ai un peu côtoyé à Libé dont il faisait les analyses électorales, m’a paru séduit par le discours de l’ex-scientifique. J’ai eu beau lu expliquer combien le volet « climat » de «l’Imposture climatique» est une pure escroquerie intellectuelle, un must de la manipulation et du mensonge, je n’ai visiblement pas convaincu mon interlocuteur, qui a fini par tourner les talons. Et selon Médiapart, c’est bien la position d’Allègre sur le climat qui a convaincu Le Bras de s’enrôler dans l’armée des mammouths.

Mercredi, dans une tribune publiée par Actu-Environnement, Corinne Lepage n’y va pas avec le dos de la cuiller. Elle laisse entendre que la création d’une fondation par Allègre pourrait être une manière pour les entreprises de financer gratuitement —Les dons aux fondations font l’objet d’avantages fiscaux— un gigantesque greenwashing

Académie, terre d’accueil? Ancien ministre, ex-scientifique, Allègre dispose de nombreux réseaux. Ils ont  d’ailleurs remporté une jolie bataille: L’Académie des sciences, où il compte de nombreux copains, tiendra bien un débat sur le climat le 20 septembre prochain, à la demande de la ministre de la recherche. Mais la discussion se tiendra à l’écart du public et de la presse: à huis clos, on croit rêver! A noter d’ailleurs que l’ancienne patronne du CNRS, Catherine Bréchignac, qui a largement soutenu Vincent Courtillot (en tous cas, il le crie sur tous les toits), était attendue dans la fondation d’Allègre, mais elle n’ira pas et pour cause. Elle vient d’être élue secrétaire perpétuelle de l’Académie des sciences… Mais Allègre ne s’arrêtera pas en si bon chemin: il a aussi entrepris de mettre sa fondation sous la bannière de l’Institut de France, la vénérable maison qui abrite les cinq académies françaises… Ce qui serait une sacré caution, même s’il y a pas mal de dents qui grincent.

La bonne nouvelle, c’est que la contre-attaque s’organise. Après la réunion de soutien à Politis organisée à Paris le 15 juin dernier, les opposants à Allègre ont entrepris de contacter pas mal de «pressentis» de sa fondation pour leur faire comprendre ce qu’ils ont à perdre à s’afficher avec lui. Et mon petit doigt me dit qu’ils auraient obtenus quelque succès. Au fait, elle est où la science du climat dans tout ça?

10 commentaires


  1. Bonjour,

    L’Institut Montaigne, c’est aussi la bande d’incompétents qui avaient calculé que l’éolien n’est pas rentable en France (bizarre, quand on voit l’engouement de tous les participants pour y aller).

    1. Ils avaient calculé que ce n’était pas rentable pour le consommateur, ce qui est évident même pour quelqu’un qui ne sait compter que sur ses doigts. Mais il est également évident aussi que c’est rentable pour d’autres

  2. Il me semble que la bonne réponse serait de publier et faire connaitre le plus largement possible, dès que connue, la participation d’un industriel à la fondation du green-washing : cette participation deviendrait ainsi la signature dudit industriel par rapport à sa volonté de respecter un développement durable. Les industriels aiment bien payer discrètement les lobbies qui les soutiennent, ils aiment nettement moins que çà soit affiché sur la place publique.

  3. Les enjeux à venir sont énormes, c’est désormais à une guerre ouverte que nous allons assister, allons nous à notre niveau y participer ? Ils me semble que du coté des négateurs le combat soit déja bel et bien engagé.

  4. M. Delbecq, Claude Allègre, serait un ex-scientifique selon votre article ? Allons donc ! C’est possible çà ?
    Ne prétendez vous pas être, vous même, un scientifique ? A moins que vous ne soyez vous aussi un ex-scientifique ?
    Les contradictions apportées à vos idées, voire à votre sacro-saint dogme sur le RCA d’origine humaine, vous rendent hargneux et vindicatif.
    Dans ce qui précède, je vois écrits les mots combats, guerre, contre-attaque,… La « guerre » deviend donc légitime pour défendre ses idées ?
    Les écologistes sont souvent des anti-militaristes mais qu’on touche à leurs croyances et le vocabulaire des militaires ressurgit aussitôt…
    Bizarre.

    1. Attention, GML s’insurge… contre le vocabulaire employé ! Ouf on a eu peur.

      Rappelez-moi combien de guerres ont été menées au nom de l’écologie ? Et combien au nom de la course aux ressources ? Sinon vous connaissez les métaphores ?
      Pourquoi faites-vous toujours votre vierge effarouchée concernant des broutilles quand il faut trouver un truc à redire concernant le RCA (par exemple : « vous vous rendez compte une famille aux USA s’est suicidé à cause des craintes engendrées par le RCA » ou « vous utilisez le mot guerre vous devez être un méchant totalitariste et ça veut surement dire que le RCA c’est de la couille ») mais on ne vous entend jamais vous offusqué pour des vrais trucs !!?? Ah oui en général ça se passe pas chez nous…

    2. «  » » »Claude Allègre, serait un ex-scientifique selon votre article ? Allons donc ! C’est possible çà ? » » » »

      Claude allègre n’ayant rien publié depuis fort longtemps, il est en effet concevable de l’appeler ex-scientifique, on peut aussi ajouter que ces derniers ouvrages traitent de sujet dans lesquels il est totalement incompétent.

      Pour conclure Allègre est nuisible pour la science, les mensonges et tricheries de ce dernier (qu’aucun climatosceptique ne relève alors qu’ils font des scandales pour les pseudo tricks de Mann ou Jones) donnent une très mauvaise image de la science.

  5. Un ex scientifique, c’est un scientifique qui dérape, trafique les courbes des autres, ment effrontément…
    On est bien dans ce cas là, il me semble, pour avoir parcouru rapidement son torchon, Oh pardon, son livre…


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