L’Ecosse se rêve un avenir de mer et de vent

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

En Ecosse, on n’a pas de pétrole, mais on a des vagues et des courants. On n’a pas de monstre du Loch Ness, mais on aura bientôt d’étranges serpents et huîtres mécaniques chargés de produire du courant avec les vagues. Après avoir lancé un gigantesque projet d’éolien offshore (10 000MW), le gouvernement d’Edinburg vient d’annoncer les sept lauréats d’un appel à projets pour doter le pays d’un vaste réseau de centrales électriques maritimes. Objectif, fournir 1200MW électriques à l’aide d’un millier d’installations récupérant l’énergie des vagues et des marées sur dix sites (2). Au total, quatre milliards de livres sterling devraient être investis en dix ans dans la production, ainsi qu’un milliard dans le renforcement du réseau électrique écossais. Le pays en espère cinq mille emplois et surtout bâtir une industrie locale, alors que l’éolien et le nucléaire sont dépendants de fournisseurs étrangers.

Parmi les technologies retenues, on trouve les serpents à vague de l’écossais Pelamis, qui construira une centrale de 50 mégawatts avec ScottishPower Renewables. Cette dernière a également été retenue pour installer, sur le site de Pentland Firth, 95 hydroliennes de fabrication norvégienne (1) —des éoliennes sous-marine capables de capter les courants de marée—, pour une puissance totale de 95MW. Contrairement au vent et aux vagues, dont la prévision est difficile, les courants de marées sont crées par l’attraction de la lune et du soleil, et sont donc prévisibles des mois à l’avance. La capacité marémotrice théorique de Pentland Firth est estimée à 10 000MW par le gouvernement, dix fois plus par l’universitaire Stephen Salter, rapporte le Scotsman.

Il n’est pas sûr que l’ensemble du projet Ecossais soit un jour construit, tant les impondérables sont importants. D’ailleurs, le gouvernement écossais n’investira pas un kopeck dans l’affaire. Il se contente d’accorder des concessions sur les sites, et fixera un tarif de rachat de l’électricité incitatif, pour assurer un retour sur investissement correct aux entreprises retenues. Energie des vagues et marémotrice devraient fournir chacune de la capacité installée, et les chantiers ne démarreront probablement qu’après 2015.

Idéalement répartis sur le littoral écossais, les moulins à énergie marémotrice permettraient de s’affranchir d’une bonne part du caractère aléatoire souvent reproché —à juste titre— aux énergies renouvelables: en les espaçant régulièrement, l’Ecosse pourrait effacer totalement les variations de courant au cours de la marée. Ne resteraient que les modulations de puissance liée à la force de marées (une alternance grande marée/petite marée, tous les sept jours). En revanche, si les prévisions de houle ont progressé ces dernières années, la production électrique des vagues restera plus difficile à anticiper.

(1) Un prototype de 300 kW fonctionne depuis cinq ans. Un second, de 1MW doit être installé en Ecosse l’an prochain, il servira de base au design des projets de Pentland Firth. Hammerfest Strøm prévoit de livrer les dix premières machines en 2013.
(2) Parmi les lauréats (qui sont parfois seuls, parfois associés à d’autres), on trouve SSE, Aquamarine, ScottishPower Renewables, E.On, Pelamis, OpenHydro, Marine Current Turbines.

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