Un peu de tenue, monsieur Pachauri

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Le patron du groupe de l’Onu sur le climat, Rajendra Pachauri a bien choisi son moment. Alors que le GIEC est sous les feux des projecteurs après la découverte de la présence de «littérature grise» dans une partie de son rapport 2007 sur le climat (1), le patron de l’institution sort un roman, d’une manière qui n’apaisera pas ses ennemis.

Bien évidemment, personne ne lui enlèvera le droit d’écrire, ni même de raconter sa vie, puisque ce roman raconte la vie et les ébats sexuels d’un ancien ingénieur versé dans l’environnement, ce qui fait dire à certains qu’il a des accents autobiographiques. Non, là où Pachauri a fait fort, c’est en faisant présenter l’ouvrage par son ami Mukesh Ambani, l’homme le plus riche d’Inde et patron du conglomérat gazier et pétrolier Reliance Industries. Le tout au cours d’une réception financée par BP Inde. Deux entreprises qui sont liées au TERI, le centre de recherches dirigé par Pachauri, même si cela n’a rien de répréhensible (2).

Là, c’est quand même mal joué. Face à ses détracteurs, Pachauri, avait réaffirmé ces dernières semaines qu’il restera à la tête du GIEC jusqu’à la fin de son mandat, en 2014. Ce qui, après tout, n’est pas si idiot que cela, puisqu’une démission mettrait à mal le travail engagé pour le prochain rapport du GIEC, prévu pour 2014. Mais pour le moins, Pachauri pourrait choisir la discrétion. Déjà qu’on le savait soutenu, lors de sa première élection à la tête du GIEC en 2002, par une administration américaine qui niait alors le réchauffement (3), on va finir par croire qu’il est parti en croisade pour décrédibiliser le GIEC, alors même que la phase de «recrutement» des auteurs et éditeurs principaux du prochain rapport est engagée.

Que l’on ne s’y trompe pas. Il en faudra plus pour jeter le bébé avec l’eau du bain. Les frasques de Pachauri n’effaceront pas le travail formidable, salutaire —et bénévole, faut-il le rappeler— des scientifiques qui apportent leur savoir-faire au GIEC (4). Plus que jamais, la science climatique a besoin de se discuter. Les travaux des chercheurs doivent être confrontés, pour que puisse apparaître un consensus là où il est possible, et seule une organisation internationale peut offrir le cadre nécessaire. Alors, monsieur Pachauri, on se remet au boulot et on arrête de faire le mariole pour que le GIEC puisse travailler dans la sérénité dont il a besoin.

(1) C’est ainsi que l’on désigne la littérature scientifique qui n’a pas suivi un processus de révision par les pairs.
(2) Le New York Times explique combien certaines des accusations de conflit d’intérêt et d’enrichissement contre Pachauri sont erronées, en précisant qu’il a pu accéder à sa déclaration d’impôts.
(3) Treehugger s’amusait hier de ce que Laura Bush prépare un livre, qui sera à n’en pas douter l’opposé de celui de Pachauri: sans sexe, ni climat.
(4) Lire à ce sujet le texte publié hier par le climatologue Hervé Le Treut sur son blog de l’Express, qui —on l’espère— fera taire les fantasmes sur les soi-disants dépenses colossales de l’organisation Onusienne.

23 commentaires

  1. Est-ce que dans le roman, le protagoniste remet en cause le RCA ? Quel boute-en-train celui-là !

  2. Finalement qu’est-ce qui vous gêne là-dedans ?
    Qu’il ait publié un roman torride
    ou qu’il l’ait fait présenter par «son ami Mukesh Ambani, l’homme le plus riche d’Inde et patron du conglomérat gazier et pétrolier Reliance Industries»
    ou encore qu’il se soit fait financer par BP ?

    Je m’y perds un peu.

    Et puis son passé et son présent de pétrolier sont splendides, il est bien normal que ses copains lui donnent un coup de main.

    Directeur, Board of Directors, GAIL (India) Limited, avril 2003 à octobre 2004.
    Directeur, Board of Directors, Indian Oil Corporation Limited, janvier 1999 à septembre 2003.
    Fondateur et conseiller scientifique de Gloriol http://www.glorioil.com/advisors.htm

  3. DD: « Alors, monsieur Pachauri, on se remet au boulot et on arrête de faire le mariole pour que le GIEC puisse travailler dans la sérénité dont il a besoin. »
    ————————————–
    Vous n’y êtes pas du tout Denis. Le businessman multimillionnaire Pachauri, ou devrait-on l’appeler désormais Love Guru ( http://www.youtube.com/watch?v=mVdD0ZxPq_g ), vu toutes casseroles qu’il traîne, a autant de chance de rester à la tête du GIEC que Borloo d’être sobre une journée entière.
    Mais c’est vrai que dans votre monde où le climategate serait juste un « truc qui fait pschitt », la réalité ne débarque que bien après la bataille.

  4. Si Pachauri ne démissionne pas et en 2014 sort la même qualité de rapport du GIEC qu’en 2007 (réferences soi-disant peer-reviewed, soit par des copains ou les articles du WWF, Greenpeace, des études universitaires ou du journal de la montagne …. ouhaahhh les références !), ce n’est pas seulement lui qui va être out, mais le GIEC risque de disparaître avec : Youppie !!!!

    Ceci c’est ce qu’attendent tous les gouvernements pour enfin terminer toute cette masquarade du soi-disant réchauffement. En effet, comme ils l’ont prouvé à Copenhague, les gouvernements ont d’autres priorités que celle du ‘rechauffement’ qui est devenu ‘changement’ climatique. Le climat a toujours changé, alors quel est le problème ?

    En plus les scientifiques pro-Giec commencent à découvrir le vapeur d’eau … sacré découverte !

    Bientôt avec Svensmark et le programme CLOUD du Cern ils vont découvrir les nuages ! ça va être le délire !

    Lorsque le GIEC n’existera plus on aura des études scientifiques, et pas des programmes d’ordinateurs dont on connait la réponse avant d’avoir commencé. La vraie science quoi !!!

    1. Le GIEC n’existera plus quand l’ONU n’existera plus et l’ONU n’existera plus quand les occidentaux ne seront plus capables de la financer. Il suffit juste que les marchés réalisent que l’Occident ne vaut absolument rien sans énergie bon marché et cela suit son cours.

      La voie de la décroissance est difficilement gérable quand on la vit, mais encore plus quand on la vit et que l’on nie sa réalité (pourtant c’est précisément ce que s’évertuent à faire nos élites). Une décroissance non gérée est une décroissance qui triomphe. Une décroissance rapide aura un tel impact sur nos niveaux de vie qu’elle rendra non seulement le GIEC caduc mais aussi les études scientifiques.


  5. Seriez-vous jaloux de Monsieur Pachauri. Il y a de quoi en effet! il g

  6. Certains seraient-ils jaloux de Monsieur Pachauri. Il y a de quoi en effet! Il gagne bien sa vie, est connu dans le monde entier, et est même capable d’écrire des romans qui se lisent, donc qui se vendent! Chapeau

    1. Et en plus, il baise. Et pas que les contribuables de la planète.
      Il y a de quoi rendre jaloux en effet…

  7. Je ne sais pas ce qu’il fait dans l’initimité mais en public il ment comme il respire le millionnaire aux 120 activités.

    Questionné par une journaliste sur le paragraphe imbécile de l’AR4 qui place 55% du territoire hollandais sous le niveau de la mer, il répond :

    «Well. There are no errors. There is one error which we have acknowledged which was in respect of melting of the Himalayan glaciers.
    Let me emphasise that the others are not errors.»
    http://www.youtube.com/watch?v=gLzUwbExetY&feature=player_embedded

    Ben voyons, pas d’erreur !
    grotesque menteur qui nie même quand il a le nez dedans et pendant ce temps il se fait financer par British petroleum.

  8. Le Monde vole ainsi au secours du GIEC mais aussi de ses membres, à commencer par son président, Rajendra Pachauri (Inde). Ce dernier serait “accusé d’habiter un quartier huppé d la capitale indienne, de porter des costumes trop coûteux, de disposer d’une Toyota Corolla d’une cylindrée de 1800 cm3? etc… Et Stéphane Foucart de nous expliquer que “ses seuls revenus sont le salaire mensuel versé par le TERI (The Energy ans Resources Institute) – fixé à 190 000 roupies indiennes ,(2960 euros)” et “que ses costumes ne lui coûtent guère que 2200 roupies (35 euros).” M. Pachauri n’est donc pas un nanti à en croire les conversions en euros données par Le Monde. Sauf que lorsqu’un costume (portée par le Président du GIEC) ne coûte que 35 euros, un salaire de près de 3000 euros offre en Inde un certain pouvoir d’achat…

    1. Author

      Si vous avez des choses à dire à mon collègue, adressez-vous à lui dans ses colonnes (vous pouvez réagir à ses articles). Par ailleurs, croyez-vous que le prix du costume de Pachauri ait un quelconque intérêt? Je ne suis pas ici pour défendre Pachauri, mais permettez-moi une remarque: comme je le disais dans l’article, le NYT a vu sa déclaration d’impôt 2009. Il a déclaré un salaire de 49000 dollars (36000 euros). Pachauri n’est évidemment pas payé comme un ouvrier, mais vous trouvez ça choquant que le patron d’un centre de recherches qui compte sept cents employés soit correctement payé? Selon une enquête de l’UE, un chercheur français gagne en moyenne 50879 euros par an (http://ec.europa.eu/eracareers/pdf/final_report.pdf).
      Pour info, le budget prévisionnel 2010 de l’IPCC est de 3,3 millions d’euros, dont les deux tiers servent à financer les frais de déplacements des contributeurs aux rapports (et de Pachauri) (647 voyages prévus pour 2010, budgétés à 3000 euros chacun)

    2. Et vous, je me demande bien par qui vous êtes payés pour raconter autant de conneries. Lire vos commentaires me file une de ces nausées… Vous voudriez quoi ? QUe Pachauri habite dans un bidonville juste parce qu’il est patron du GIEC ? Ergoter sur le prix de ses costumes et aller chercher des liens pour savoir combien coute une chemise en Inde… c’est vraiment des méthodes de facho.

      1. Ah, si vous saviez à quel point ça m’est indifférent où il habite, ses revenus et le reste.

        Mais vous ne savez à quel point ça m’insupporte de lire ou entendre mentir le même en donneur de leçons en soutenant que ses costards valent 35 dollars.
        Personne ne le lui a demandé, il n’avait qu’à se taire au lieu de nous enfumer.

    1. Author

      Vous devriez lire la version originale de ce que dit Jones, dans son interview à la BBC. Le résumé qu’en fait le Daily Mail est pour le moins orienté. D’ailleurs, pourquoi le journal ne met-il pas de lien direct vers l’interview dont il est question? (http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/8511670.stm) Cette absence de lien est au moins un manque de respect de la « netiquette ». Et elle peut aussi laisser penser que le journal n’avait pas envie de faciliter l’accès de ses lecteurs aux propos complets de Jones. Pour résumer ma pensée, il y a une enquête scientifique sur tout cela. C’est sans doute frustrant de devoir attendre des mois pour en savoir plus, mais il faut bien laisser du temps au « jury » de faire correctement son travail. Quant à Jones, il s’est honorablement mis à l’écart de son poste de directeur du CRU. On aurait pu penser qu’il se mette aussi en réserve dans les médias, le temps que l’enquête soit achevée.

  9. Quant à son salaire, voyons de plus près.

    Le 2 février il affiche son prétendu salaire et le 4 février il ne le connaît pas.

    2 février
    His salary from the research institute that employs him is fixed in the range of 190,000 rupees (£2,600) a month, he said.
    Interview d’Adam et Pearce dans le Guardian
    http://www.guardian.co.uk/environment/2010/feb/02/climate-change-pachauri-un-glaciers

    4 février
    To be quite honest and you may not believe it, I really don’t know what my salary is. This is just something that comes to my bank.
    Interview de la rédaction de The Economist
    http://www.economist.com/sciencetechnology/displaystory.cfm?story_id=15473066

    Il en appelle à son honnêteté et il aligne un mensonge de plus.

    Et le 12 février, le nommé Foucart qui se prétend journaliste aligne des mots.

    Le roi Pachauri est nu et Foucart est à poil.

      1. Vous avez bien raison, mais devoir m’abonner au Monde pour seulement poster une contribution est pour moi excessif.

        Je retire les lignes relatives à votre confrère comme inopportunes ici.

        Je suis bien heureux par ailleurs que le 8 février M. Pachauri ait trouvé sa déclaration de revenus et je n’ergoterai pas sur son statut de résident ordinaire ou de résident mais non ordinairement résident.
        http://en.wikipedia.org/wiki/Income_tax_in_India

    1. « Dr Pachauri spoke to The Economist on Monday February 1st. This transcript has been lightly edited for clarity and continuity. »

      Vous êtes même pas foutu de lire vos propres sources !


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