La grippe porcine, une épidémie de précautions

Le porc Yorkshire © National Swine Registry
Le porc Yorkshire © National Swine Registry

Ma parole, ils sont devenus fous. L’apparition de la fameuse grippe porcine a suscité des sur-réactions incroyables. Je passe sur le branle-bas de combat de l’Organisation mondiale de la santé, qui nous a fait croire un instant que le grand soir grippal était arrivé. Après tout, c’est bien son rôle de jouer les lanceurs d’alerte même si, visiblement, les experts de l’OMS étaient mal renseignés sur l’ampleur et la mortalité de l’épidémie au Mexique. Là-bas, les autorités sanitaires gouvernementales ont semble-t-il paniqué avant de reprendre leurs esprits et de fournir des bilans plus proches de la réalité. En un seul week-end, la guerre des cartels a fait 24 morts, plus que la «pandémie». A toutes fins utiles, je rappelle que chaque jour, plus de mille personnes meurent de grippes “ordinaires“. Et pire, ce sont près de trois mille personne qui meurent quotidiennement du palu, essentiellement des enfants, dans l’indifférence générale…

J’ai suivi à plusieurs reprises le duo Bachelot/Alliot-Marie, lors des points de presse quotidiens. C’en était risible mais finalement bien pratique pour enfouir les vrais dossiers qui fâchent au fond du placard. Tant qu’on parle de grippe, on ne parle plus de chômage, de licenciements, de parachutes et de bonus sonnants et trébuchants. Les médias se sont emballés, parce que c’est sans doute vendeur de jouer sur la peur des gens. Samedi, Libé a titré en une «Les scénarios de la pandémie», alors que les premières infos qui faisaient penser que la pandémie n’aura pas lieu étaient déjà disponibles. Pourtant, la veille, il s’est passé quelque chose de fort: plus d’un million de personnes ont battu les pavés de l’hexagone. Plus fort encore —si j’en crois l’Humanité—, c’était la première fois depuis 1948 que tous les syndicats défilaient ensemble.

J’ai reçu un communiqué d’une ONG fort respectable, Grain. Je suis ses activités et ses combats depuis longtemps, notamment contre la mainmise des multinationales de la semence dans les pays en développement. Ce communiqué, titré «Un système alimentaire qui tue», accuse l’industrie mondiale de la viande, l’élevage intensif, etc, d’être «responsable du désastre». Ça m’en tombe des mains (ou plutôt du clavier puisque je n’imprime rien!). Bien sûr que la taille des élevages est un facteur de risque pour la propagation d’épidémies, et que les virus humains et porcins sont presque frères biologiques. Mais s’il y a de tels élevages, c’est qu’il y a de la demande. Finalement, le plus simple, si on pousse le raisonnement de Grain un peu plus loin, c’est de supprimer l’élevage…

C’est ce qu’ont apparemment décidé les autorités égyptiennes, puisqu’elles ont choisi d’abattre l’ensemble du cheptel de porc. Pratique la grippe porcine pour harceler la minorité chrétienne dans un pays musulman qui, seule, consomme cette viande. Pas étonnant aussi qu’on ait assisté à des scènes d’émeutes. Et pourtant, l’OMS —en l’état des informations dont elle dispose— reconnaît qu’aucune personne n’a été contaminée par un porc, même au Mexique. Finalement, c’est même un éleveur canadien revenu de vacances mexicaines qui aurait refilé la grippe à ses bêtes. Va-t-on pour autant décider d’abattre tous les éleveurs de porcs?

PS: si vous vous êtes précipités pour acheter des masques de protection, sachez que, de l’aveu même de l’OMS, leur mauvais usage peut accroître le risque de transmission d’une grippe. Vous avez bien lu accroître. A trop se croire protégé, le risque est grand de ne pas respecter les règles élémentaires d’hygiène et de protection, qui sont beaucoup plus efficaces qu’un filtre de papier dont la preuve de l’efficacité n’a jamais été établie de manière formelle. Ce n’est pas moi qui le dit, mais un communiqué publié en anglais ce week-end par l’OMS elle-même.

5 commentaires

  1. Sans abattre tous les éleveurs de porcs, il faut quand même se poser la question: l’industrialisation de l’élevage est-elle une bonne chose? La carte blanche donnée aux éleveurs sur gestion liquide à haute densité fait de l’animal une marchandise comme une autre, et nous fait oublier le respect que l’on doit aux animaux (même ceux à deux pattes).

    Je reviens à la toute-puissance accordée aux entreprises comme Smithfields: vous n’avez rien de tel en France? Comptez-vous chanceux. Ici, au Québec, nos élus ont courbé l’échine, et les barons du porc ont tous les droits. Les villes ne peuvent pas les contrôler, les lois qui existent sont faites sur mesure, les rivières sont polluées, les grandes cultures ont remplacé les rotations de pâturages, de légumes et de vergers.

    L’industrie porcine ici est tellement puissante que la radio et la télé de l’État ( Radio-Canada) ne parle même plus de grippe porcine, mais d’influenza humaine de type A H1N1!

    En Montérégie, où j’habite, les boisés, milieux humides, les forêts, tout a été mis au service des grandes cultures OGM qui nourissent les porcheries. Les terres servent maintenant à se débarasser du purin malodorant que l’on épand avant les pluies, pour être capable d’en épandre encore après. Les ruisseaux ont été redressés aussi, pour évacuer au plus vite les excédents.

    Je prie tous ceux qui veulent changer les choses: trouvez-vous une petite porcherie où les cochons sortent dehors et connaissent la texture de la terre. Trouvez-vous une petite porcherie où les cochons couchent sur un paillis, ne recoivent pas des antibiotiques pour accélérer la prise de poids et peuvent respirer le grand air. Trouvez-vous cette petite porcherie, et faites-en votre source de porc, de jambon et de viandes préparées. Tournez le dos au porc industriel, et aidez-nous à combattre cette dégueulasserie!

    Johanne Dion,
    Richeloise de naissance,
    Riveraine qui n’ose plus nager dans la rivière
    Québec, Canada

  2. bonjour Johanne et à tous les autres,
    j’habite à la campagne, près de Perpignan, fief du fouet catalan (petite saucisse sèche). Il y a un élevage de cochons en plein air juste en bas de chez moi. Mieux, ce sont des « cochangliers », ils sont rigolos comme tout (sauf quand ils bouffent le cadavre de leur collègue, mais bon, ils sont omnivores) , plein de poils et de tâches de couleurs. Ils sont presque autonomes, l’éleveur leur donnant à manger 2 fois par semaine. On peut d’ailleurs lui acheter un cochon, que l’on choisit vivant, il lui met une balle, et c’est parti pour un week-end de cochonailles où tu fais ton boudin, tes côtelettes, ton jambon, … A l’ancienne quoi !
    Mais avant, les gens ne mangeait de la viande que le dimanche, les jours de fêtes,…, et je pense qu’ils se portaient bien mieux…Et puis quand t’as vu ces animaux grandir, que tu les vois vivre, ça donne envie de moins en manger.
    Au fait, moi aussi j’ai peur de me baigner dans les rivières, de manger les fruits sur l’arbre, et de boire l’eau du puits,… les oliviers, les pêchers, les abricotiers, …, qui donnent les fameux « pêche du roussillon » et « rouge du roussillon » sont noyés dans le roundup (grrgrggr) et dans l’engrais !!! Sans parler des traitements insecticides qu’ils balancent avec leur machine de guerre même par jour de vent (très nombreux dans les Pyrénées orientales, région MAGNIFIQUE) ,et avant la pluie annoncée!! Je me dis ces jours là que c’est moins pollué en ville !!
    Je reviens à mes cochons… En été, ils ont la « chance » de manger les tonnes de pêches et de fruits en tout genre que les agriculteurs balancent car hors calibre ou un peu déformés. C’est toujours mieux ça que de les balancer en pleine nature, ce qui est interdit (mais pratiqué allègrement !) car ça acidifie et stérilise les sols !!! Bref, l’avenir est dans les campagnes où il est temps que les gens se réveillent et arrêtent de croire qu’on peut tout faire et n’importe quoi avec ce que l’on trouvera dans nos assiettes.

  3. Un système alimentaire qui tue : La peste porcine,
    dernier fléau de l’industrie de la viande

    article de l’ONG GRAIN, Avril 2009 http://www.grain.org/articles/?id=50

    Le Mexique assiste à une répétition infernale de l’histoire de la grippe aviaire asiatique, mais à une échelle encore plus tragique. Une fois de plus, la réponse officielle arrive trop tard et entachée de mensonges. Une fois de plus, l’industrie mondiale de la viande est au centre de l’histoire, s’obstinant à nier toute responsabilité, alors que le poids de l’évidence concernant son rôle ne cesse de s’accroître. Cinq ans après le début de la crise de grippe aviaire H5N1 et après cinq ans aussi d’une stratégie mondiale contre les pandémies de grippe coordonnée par l’Organisation mondiale de la santé (l’OMC ou WHO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le monde chancelle sous les coups d’un nouveau désastre, la grippe porcine. La stratégie mondiale a échoué et doit être remplacée par un nouveau système de santé publique qui puisse inspirer confiance au public.

    Ce que nous savons de la situation au Mexique, c’est que, officiellement, plus de 150 personnes sont mortes d’une nouvelle souche de grippe porcine qui est en fait un cocktail génétique de plusieurs souches de virus de grippe : grippe porcine, grippe aviaire et grippe humaine. Celle-ci a évolué en une forme qui se transmet facilement d’humain à humain et qui peut tuer des gens en parfaire santé. Nous ne savons pas exactement où ont eu lieu cette recombinaison et cette évolution, mais il semble évident qu’il faut chercher du côté des élevages industriels mexicains et américains

    Cela fait des années que les experts avertissent que le développement des grandes fermes d’élevage industriel en Amérique du Nord ont créé un foyer idéal pour que puissent émerger et se répandre de nouvelles souches de grippe extrêmement virulentes. « Parce que les élevages fortement concentrés ont tendance à rassembler d’importants groupes d’animaux sur une surface réduite, ils facilitent la transmission et le mélange des virus », expliquaient des scientifiques de l’agence nationale des instituts de santé publique américaine (NIH). Trois ans plus tôt, Science Magazine avait sonné l’alarme en montrant que la taille croissante des élevages industriels et l’usage répandu des vaccins qui y est fait accéléraient le rythme d’évolution de la grippe porcine. C’est la même chose avec la grippe aviaire : l’espace surpeuplé et les conditions insalubres qui règnent dans ces élevages permettent au virus de se recombiner et de prendre de nouvelles formes très aisément. Quand on en est à ce stade, la centralisation inhérente à l’industrie garantit que la maladie est disséminée partout, par l’intermédiaire des matières fécales, de la nourriture animale, de l’eau ou même des bottes des ouvriers. Et pourtant, si l’on en croit les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), « il n’existe pas de système national officiel de surveillance pour déterminer quels sont les virus les plus répandus dans la population porcine américaine.” La situation est la même au Mexique.

    Les communautés à l’épicentre

    Ce que nous savons encore à propos de l’épidémie de grippe porcine mexicaine est que la communauté de La Gloria dans l’état de Veracruz a désespérément essayé d’obtenir une réaction des autorités face à l’étrange maladie respiratoire qui les a sévèrement affectés ces derniers mois. Les résidents sont absolument convaincus que leur maladie est liée à la pollution provoquée par la grande ferme porcine récemment installée dans leur communauté par Granja Carroll, une filiale de la société américaine Smithfield Foods, le plus grand producteur de porc mondial.

    Après les innombrables essais de la communauté pour obtenir l’aide des autorités – essais qui ont mené certains leaders locaux en prison et provoqué des menaces de mort contre ceux qui osaient critiquer l’élevage de Smithfield – les autorités sanitaires locales ont finalement décidé de faire une enquête vers la fin de 2008. Les tests ont révélé que plus de 60% de cette communauté de 3 000 personnes souffraient d’une maladie respiratoire, mais le nom de la maladie n’a pas été officiellement confirmé. Smithfield nie toute connection avec ses activités. C’est seulement le 27 avril 2009, quelques jours après l’annonce officielle par le gouvernement fédéral de l’épidémie de grippe porcine, que l’information est sortie dans la presse, révélant que le premier cas de grippe porcine diagnostiqué dans le pays avait été le 2 avril 2009 celui d’un petit garçon de 4 ans appartenant à la communauté de La Gloria. Le ministre de la Santé du Mexique déclare que l’échantillon prélevé sur l’enfant est le seul parmi les échantillons prélevés sur la communauté qui ait été retenu par les autorités mexicaines et envoyé pour être testé en laboratoire. Ce test a ensuite confirmé qu’il s’agissait bien de grippe porcine.[6] Tout cela malgré le fait qu’une société américaine privée d’évaluation des risques, Veratect, avait, au début du mois d’avril 2009, avisé les responsables régionaux de l’OMC de l’occurrence de la maladie respiratoire grave qui sévissait à La Gloria.

    Le 4 avril 2009, le quotidien mexicain La Jornada a publié un article sur la lutte de la communauté de La Gloria, avec la photo d’un jeune garçon qui tient une pancarte avec le dessin d’un cochon barré d’une croix et la légende « Attention, danger : Carrolls Farm » écrite en espagnol.

    Pour ce qui est des pandémies de grippe en général, nous savons que la proximité d’élevages intensifs de porcs et d’élevages de volailles augmente les risques de recombinaison virale et l’émergence de nouvelles souches virulentes de grippe. En Indonésie par exemple, on sait que les porcs vivant près d’un élevage de volailles ont des taux importants d’infection au H5N1, la variante mortelle de la grippe aviaire. Des scientifiques du NIH avertissent que « l’augmentation du nombre d’installations porcines voisines d’installations aviaires pourrait faciliter l’évolution de la prochaine pandémie. »

    On n’en a guère entendu parler, mais la région avoisinante de La Gloria compte de nombreuses élevages de volailles intensifs. Récemment, en septembre 2008, une épidémie de grippe aviaire a éclaté parmi les volailles de la région. A l’époque, les autorités vétérinaires ont assuré le public qu’il s’agissait seulement d’une souche peu pathogène qui n’affecte que les oiseaux de basse-cour. Mais grâce à la divulgation faite par Marco Antonio Núñez, le président de la Commission pour l’environnement de l’état de Veracruz, nous savons désormais qu’il y a eu une autre épidémie de grippe aviaire à environ 50 km de La Gloria, dans un élevage industriel appartenant à Granjas Bachoco, la plus grande entreprise de volailles du Mexique. Cette épidémie n’a pas été révélée parce qu’on craignait les conséquences que cela pourrait provoquer pour les exportations mexicaines.
    Il faut noter ici que l’un des ingrédients courants de l’alimentation animale industrielle est ce qu’on appelle les « déchets de volaille », c’est-à-dire un mélange de tout ce qu’on peut trouver sur le sol des élevages intensifs : matières fécales, plumes, litière, etc.

    Peut-on concevoir situation plus idéale pour l’émergence d’un virus grippal pandémique qu’une région rurale pauvre, pleine d’élevages industriels appartenant à des sociétés transnationales qui n’ont rien à faire du bien-être de la population locale ? Les résidents de La Gloria essaient depuis des années de lutter contre la ferme Smithfield. Ils ont, des mois durant, tenté d’amener les autorités à agir face à l’étrange maladie qui les frappait. On les a ignorés. Le radar du système mondial de surveillance des maladies émergentes de l’OMC n’a pas enregistré le moindre signal. Pas plus que les épidémies de grippe aviaire de Veracruz n’ont déclenché de réaction du système mondial d’alerte précoce pour les maladies de l’OIE. Ce n’est que grâce à sources privées et de façon désordonnée que la vérité a pu éclater. Et c’est ce qu’on appelle la surveillance mondiale !

    La mauvaise foi des grandes sociétés

    Ce n’est pas la première fois, et ce n’est sans doute pas la dernière, que les agro-industriels dissimulent des épisodes de maladies infectieuses, mettant ainsi des vies en péril. C’est la nature même de leurs activités. En Roumanie il y a quelques années, Smithfield a interdit aux autorités locales d’entrer dans ses élevages porcins, après les plaintes des résidents à propos de l’odeur pestilentielle provenant des centaines de charognes de porcs laissées à pourrir pendant plusieurs jours. « Nos médecins n’ont pas eu accès aux fermes de la [société] américaine pour pouvoir effectuer leurs inspections de routine », a déclaré Csaba Daroczi, directeur-adjoint des services vétérinaires et d’hygiène de Timisoara. « Chaque fois qu’ils ont essayé, ils ont été repoussés par les gardiens. Smithfield propose que nous signions un accord qui nous obligerait à les prévenir trois jours à l’avance avant toute inspection.” L’information a fini par émerger que Smithfield avait étouffé l’information sur un épisode majeur de grippe porcine classique ayant sévi dans ses fermes en Roumanie.

    En Indonésie, où les gens meurent encore de la grippe aviaire et d’où de nombreux experts pensent que viendra le prochain virus pandémique, les autorités ne peuvent toujours pas entrer sans permission dans les grands élevages industriels. Au Mexique, les autorités ont repoussé les demandes d’enquête sur La Granja Carroll et accusé les résidents de La Gloria de propager l’infection parce qu’ils « utilisent des remèdes de grand-mère, plutôt que d’aller dans les centres de soins pour soigner leur grippe.”

    Les élevages industriels sont de véritables bombes à retardement pour les épidémies mondiales. Et pourtant, il n’existe toujours pas de programmes qui permettent d’y faire face, ni même de programmes indépendants de surveillance des maladies. Personne parmi les gens haut placés ne semble s’en soucier et ce n’est sans doute pas un hasard que ces fermes soient souvent situées parmi les communautés les plus pauvres, qui paient très cher pour faire entendre la vérité. Pis encore, nous dépendons tellement de ce système aux limites de l’explosion pour une bonne part de notre alimentation que la tâche principale des agences gouvernementales de sécurité alimentaire semble être désormais de calmer les peurs et de s’assurer que les gens continuent à manger. Smithfield est déjà au bord de la faillite et était la semaine dernière en train de négocier sa reprise avec la plus grosse entreprise d’agroalimentaire de Chine, COFCO.

    Entre temps, l’industrie pharmaceutique fait fortune avec la crise. Le gouvernement des Etats-Unis a déjà fait une exception d’urgence dans son système d’autorisation pour permettre de traiter les malades de la grippe avec des antiviraux comme Tamiflu et Relaxin plus largement que cela n’était prévu. Excellente nouvelle pour Roche, Gilead et Glaxo Smithkline qui détiennent le monopole sur ces médicaments. Mais chose encore plus importante, une nuée de petits producteurs de vaccins comme Biocryst et Novavax voient la valeur de leurs actions crever le plafond. Novavax essaie de convaincre à la fois le CDC et le gouvernement mexicain qu’il est capable de fournir un vaccin contre la grippe porcine dans un délai de 12 semaines, si les règlements encadrant les tests restent souples.

    C’est un changement profond qu’il nous faut

    Il est évident que le système mondial de résolution des problèmes de santé provoqués par l’industrie alimentaire transnationale marche sur la tête : Le système de surveillance est fichu, les services vétérinaires et ceux de santé publique qui sont en première ligne cafouillent et l’autorité est passée au secteur privé qui a tout intérêt à maintenir le statu quo. En attendant, on recommande aux gens de rester chez eux et de croiser les doigts en attendant le Tamiflu ou un nouveau vaccin éventuel auquel ils n’auront peut-être même pas accès. La situation n’est pas tolérable. Il faut bouleverser les choses. Et agir dès aujourd’hui.

    Pour ce qui est de l’épidémie de grippe porcine au Mexique, le changement peut être immédiat : il pourrait consister en une enquête transparente, exhaustive et indépendante sur les élevages de volailles dans l’état de Veracruz, dans le pays tout entier et dans toute l’Amérique du Nord. Le peuple mexicain doit connaître la source du problème afin de pouvoir prendre les mesures adéquates pour couper l’épidémie à la racine et s’assurer que le problème ne se reproduise plus.

    Au niveau international, l’expansion des élevages industriels doit cesser et faire machine arrière. Ces fermes sont des foyers de pandémies et continueront à l’être tant qu’elles existeront. Il ne sert probablement à rien de réclamer un changement complet de la stratégie mondiale menée par l’OMC. En effet, l’expérience de la grippe aviaire montre que ni l’OMC ni l’OIE, ni la plupart des gouvernements ne sont disposés à être fermes avec l’agriculture industrielle. Une fois de plus, ce sont les citoyens qui vont devoir réagir et se protéger eux-mêmes. Partout dans le monde, des milliers de communautés luttent contre les élevages industriels. Ce sont ces communautés qui sont en première ligne de la prévention contre la pandémie. Ce dont nous avons besoin à présent, c’est de transformer ces luttes locales contre les élevages industriels en un vaste mouvement mondial pour abolir ce système d’élevage.

    Mais le désastre de la grippe porcine au Mexique révèle également un problème de santé publique plus vaste : Les menaces pour la sécurité des consommateurs qui font partie intégrante de notre système alimentaire industriel sont exacerbées par une tendance générale à privatiser complètement les soins de santé, ce qui a réduit à néant la capacité des systèmes publics à apporter des réponses adéquates en cas de crise, et par des politiques encourageant les migrations vers des mégalopoles où les politiques de santé publique et d’assainissement sont déplorables. (L’épidémie de grippe porcine a frappé Mexico, une métropole de plus de 20 millions d’habitants, précisément au moment où le gouvernement a coupé l’approvisionnement en eau d’une bonne partie de la population, en particulier les quartiers les plus pauvres.) Le fait que la surveillance des épidémies soit confiée à des cabinets-conseils privés, que les gouvernements et les agences des Nations Unies puissent garder le silence et ne pas divulguer l’information, que nous soyons obligés de dépendre d’une poignées d’entreprises pharmaceutiques pour soulager nos souffrances, avec des produits certes brevetés mais seulement à moitié testés, devraient nous indiquer que rien ne va plus. Ce n’est pas seulement de nourriture que nous avons besoin, mais de systèmes de santé publique qui aient un véritable agenda public et soient responsables devant le public.

  4. Entendu à la radio, de la part d’un  » spécialiste médicale » :  » ‘de toutes façons tout le monde va attraper la grippe A tôt ou tard , mais pour certains on ne le remarquera même pas’ – Incroyable diatribe qui veux tout dire !

  5. Pour aller dans le même sens que GRAIN, voici la traduction d’un excellent article du New York Times sur la firme Smithfield. Sa filiale Granjas Caroll fait l’objet d’une enquête au Mexique et ses méthodes d’expansion en Europe de l’Est laissent pour le moins rêveur…

    Un article qui fait le lien entre problèmes sociaux, environnementaux et sanitaires. Un article qui fait le lien entre les conséquences en Europe, aux Amériques et en Afrique.

    Bonne lecture : http://www.amisdelaterre.org/Grippe-porcine-une-belle.html

    C. Berdot

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