La Grande-Bretagne relance ses émissions de gaz à effet de serre

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Le charbon fait son grand retour dans le mix énergétique britannique. Le gouvernement a annoncé qu’il donnera son feu vert à la constructions de nouvelles centrales électriques à houille, une première depuis trente ans. Il pilotera la création d’un ensemble de quatre ou cinq centrales sur la côte est du royaume, pour un total de 2500 MW. Aucune ne devrait voir le jour avant 2015.

Du charbon dans l’un des pays qui a le plus milité en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique? Du côté de Greenpeace UK, on semble avaler la couleuvre tout en promettant de continuer à combattre le charbon, explique le Guardian. Car le secrétaire d’Etat au changement climatique a remporté une sorte de victoire face aux partisans de l’indépendance énergétique britannique: chaque nouvelle centrale devra capturer au moins 25% du gaz carbonique qu’elle émet pour qu’il soit enfoui dans des puits en Mer du Nord. Le coût de la capture et de la séquestration (estimé à un milliard d’euros par centrale) sera financé par une hausse des tarifs de l’électricité britannique.

Donc, Londres espère se faire le chantre du charbon propre. Pour damer le pions aux chinois et aux américains. Mais ce choix est un sacré camouflet pour les milliers de chercheurs qui travaillent dans le monde sur la question du réchauffement. Et pour les négociateurs qui passent leurs jours et leurs nuits à expliquer à la Chine et l’Inde que le charbon est un mauvais choix. Pour chaque tonne de carbone capturée et séquestrée dans ces nouvelles centrales britanniques, trois tonnes iront directement dans l’atmosphère…

Finalement, Londres nous fait le même coup que les fabricants de téléviseurs. On nous vent du « Clean-ready » avant de nous expliquer que c’est pas encore du « Full Clean » (1). A la différence qu’une télé ne tue pas grande monde, alors que le charbon est le plus grand serial killer de l’histoire de l’humanité…

(1) Londres a fixé un ultimatum à 2025 pour atteindre les 100% de capture-séquestration.

41 commentaires

  1. En fait elle date d’avant encore (vers 1920 je crois, quelqu’un a dit que le CO2 pouvait réchauffer l’atmosphère). En 1970, la mode était à la grande glaciation du futur proche (il y a même eu un film qui a surfé sur cette vague). L’humanité a la mémoire courte ou selective parfois. Puis Mme Thatcher vint et la mode s’inversa… avec le succés qu’on lui connait.
    Jusqu’à quand ? That’s the question.

  2. @BMD

    Encore une fois vous démontrez votre incompétence à lire les statistiques. Les chiffres que vous avez cité ne sont pas ceux de la production d’électricité, ce sont les chiffres du secteur 1.A.1.A Public Electricity and Heat production…C’est l’électricité ET LA CHALEUR publique que vous donnez, pas l’électricité! Le Danemark étant le pays qui a le plus de monde connecté au réseau de chaleur il plus de chaleur dans ces statistiques d’émissions que d’électricité…

    La France préfère les chaudières individuelles (voir les radiateurs électriques) et n’a donc que des émissions d’électricité dans cette statistiques vu que les émissions sont alors imputés aux secteurs correspondants, mais en dehors de l’hexagone les réseau chaleur sont plus développés et il est donc logique que ce poste soit plus élevé au Danemark où les émissions de chaleur sont comptés en même temps que l’électricité dans la même statistique…

    Et vous avez volontairement oublié tout ce que j’ai dit sur le caractère industriel ou non d’un pays qui jouait aussi… Vous pouvez comparer la Belgique avec le Danemark, juste pour qu’on s’amuse à constater que la Belgique avec ses 60% d’électricité nucléaire fait moins bien que le Danemark ? Où ça va gêner votre démonstration parce que ça va y amener un critère d’objectivité ?

  3. @GML

    Je me souviens pas vous avoir déjà vu alors bienvenue à notre nouveau fou conspirationiste ! Je suggère à Denis de financer effet de terre avec des goodies du style casque en aluminium pour empêcher les extra-terrestre de lire dans les pensées, manuel de reconnaissance des lémuriens… je suis sur que les idiots du village global adoreront…

  4. Je remercie Tilleul de son message de bienvenue même si je me fais déjà traiter de « fou conspirationiste ». Pour le reste je n’ai rien compris. Ce doit être réservé aux initiés.

    Cependant, je ne fais probablement que passer. Vos discussions avec BMD, Minitax, Karva et d’autres m’ont intéressé par leur niveau technique assez élevé ce qui est rare sur un site internet.

    Votre dernier message (2h20) est bien tardif (matinal?) : les EnR vous donnent elles des insomnies ?

  5. @Tilleul, reprenez-vous! Sur les fiches par pays du document que vous nous recommandez, il y a des camenberts qui indiquent la proportion, dans les émissions de GES, de ce qui est dû à la fourniture et à l’usage d’énergie, hors transports, c’est-à-dire en gros à ce qui est dû à la fourniture d’électricité ET de chaleur. En multipliant ces proportions par les émissions de GES par habitant, vous obtenez la quantité de GES par habitant qui est due à la production d’électricité et de chaleur. Est-ce trop difficile pour vous?
    Résultat des courses: France, 4 tonnes par habitant, Suède 3,2, Norvège 5, Allemagne, Belgique, Danemark et Finlande 8 .
    Les trois premiers produisent leur électricité et leur chaleur très majoritairement avec des sources non carbonées, nucléaire et hydraulique. Pour les quatre autres, c’est l’inverse. La Belgique a des émissions effectivement trop élevées étant donné que sa production d’électricité par des sources non carbonées est relativement importante. Sa fiche complète de bilans énergétiques, disponible à la rubrique  » statistics » de l’Agence internationale de l’énergie ‘ http://www.iea.org ) montre qu’elle utilise énormément de fuel et de gaz pour le chauffage du résidentiel et du tertiaire, et utilise très peu la cogénération. Elle a une marge considérable de progrès, que n’a plus le Danemark (sauf bien sûr à s’équiper en centrales nucléaires, 4 EPR lui suffiraient).

  6. (Précision préalable, notamment pour l’anonyme « Lecture » : je ne veux intervenir ici que lors d’échanges respectueux des personnes, et non stérilement polémiques. Ne comptez pas sur moi pour dévier de cette ligne de conduite).

    @ BDN : Vous avez écrit : « ce n’est pas Karva qui a insisté sur le goût des écologistes pour le gaz. »

    Dont acte. Mais je répéte qu’il ne s’agit pas d’un quelconque « goût » mais de pure logique … Quant à un « peak gas » en 2020, je ne sais honnêtement pas y répondre ! Face à ces incertitudes, nous n’avons pas retenu comme hypothèse dans le scénario négawatt 2006 un effondrement massif des énergies fossiles avant 2050. A contrario, la question du « pic de l’uranium » doit aussi être posée …

    @ BDN : Vous avez écrit : « Mais ce n’est pas ce qui m’intéresse dans votre post: vous dites faire appel aux smart grids pour gérer les renouvelables. Je n’ai pas été convaincu par votre scénario de 2006, mais peut être pourriez-vous en dire un peu plus ici, et mettre un lien sur un texte que nous puissions lire ! »

    Non pas encore. Nous réfléchissons à l »élaboration d’un «  »scénario négaWatt 2009 ou 2010 ».Il n’est pas du tout impossible que dans ce scénario il y ait plus de production électrique que dans celui de 2006 pour tenir compte notamment de développement de pompe à chaleur à COP réel très élevé (> 4 ou 5) et de leur utilisation dans les bâtiments à très faible consommation d’énergie; Par ailleurs les récents progrès des smart grids laissent bien augurer d »un taux de pénétration des renouvelables intermittents (mais relativement bien prévisibles à l’échelle par exemple de 12 h ou 24 h) supérieurs à nos estimations. Toutes les avancées nouvelles militent en faveur des fondamentaux de notre scénario : avant tout un fort volontarisme sur la demande en énergie, et, du coté de l’offre, un recours accéléré à la palette des renouvelables. C’est le sens de l’histoire …

    Thierry SALOMON

  7. @Thierry Salomon, merci pour ces informations.
    En ce qui concerne les énergies fossiles, les prévisions des géologues pétroliers (ceux qui savent ce qu’est un gisement de pétrole) convergent maintenant pour le pétrole dont les réserves sont contenues dans les gisements qui ne peuvent être exploités que par forage, qui représentent 90 % des quantités totales disponibles. Le déclin des quantités de pétrole qu’il est PHYSIQUEMENT possible d’EXTRAIRE ANNUELLEMENT du sous-sol par forage est imminent , sinon même déjà atteint. Il ne pourra être compensé ni par les pétroles tirés des sables bitumineux exploitables en carrière ( l’essentiel de ces sables rentre dans la catégorie précédente, car il ne peut être exploité que par forage) ni par les pétroles  » artificiels » tirés de la biomasse, de la transformation du gaz naturel, du charbon ou des schistes bitumineux (ce qu’on appelle les XTL). On s’attend donc à un déclin des quantités ( naturel+artificiel) qu’il sera possible de mettre annuellement à disposition, malgré la crise actuelle, à partir de 2020 environ. L’augmentation de population d’ici là fera que les quantités disponibles par habitant seront encore plus faibles!
    La situation est la même pour le gaz, avec un décalage de 10 ans environ, mais, de la même façon que les géologues ont parlé des risques de pénurie pétrolière dans le désert depuis 1985 environ et que l’on ne s’est aperçu de leur existence qu’il y a 3 ans environ, quand les prix ont explosé, cette prédiction n’est pour l’instant pas entendue pour le gaz..
    Il ne faut pas raisonner pour les vingt années qui viennent en termes de réserves (stocks), mais de débits possibles( flux), ce que vous faites d’ailleurs implicitement dans vos scénarios avec la notion de PEAK, mais sans vraiment en voir toutes les implications il me semble.
    Un aspect par exemple qui n’est guère pris en compte, et c’est que ce qui intéresse pour sa politique énergétique un pays comme la France, qui dépend entièrement des marchés internationaux, ce sont les débits annuels disponibles sur ces marchés. Or ces débits diminueront avant les débits possibles de production, car les pays producteurs ont tendance à se réserver une part croissante de leur production pour leur développement, et à ménager leurs réserves pour l’avenir. C’est ce qui est déjà en train d’arriver pour le pétrole, et çà arrivera dans moins de 10 ans pour le gaz!
    En ce qui concerne le charbon, les réserves sont bien plus importantes, mais très mal cernées, car on met dans ce cas dans les réserves des quantités qui appartiennent à des qualités et à des conditions d’exploitations extrêmement différentes. Il y a tout un travail d’analyse à faire, qui est à peine entrepris. Mais le fait important dans le cas du charbon est que les quantités mises sur les marchés internationaux sont faibles par rapport à la production (environ 15 %, contre 25 % pour le gaz et 50 %pour le pétrole): le charbon est utilisé pour l’essentiel chez le producteur. Il est donc assez illusoire de raisonner sur un « Peak Coal « mondial et il est préférable de raisonner par ensemble géopolitique. L’Europe, qui n’ a en fait que peu de réserves malgré les chiffres officiels, lignite Allemand, Polonais et Balkanique exceptés, sera assez rapidement en difficulté si elle continue à miser comme elle le fait sur le charbon, car elle va se retrouver en compétition avec des pays comme la Chine ou l’Inde, qui épuisent en ce moment très rapidement leurs réserves, sur un marché international très étroit..
    Tenir compte des réserves d’uranium serait bien sûr également prudent, mais la situation n’est pas ici comparable à celle du pétrole et du gaz. A mon avis, elle est pourl l’instant la plus mal cernée de toutes. L’exploration a tout juste repris, et il existe de grandes quantités d’uranium dans des minerais atypiques, en particulier dans les phosphates. Contrairement au pétrole et au gaz, les réserves augmentent sensiblement avec les prix, car il n’est pas exploité par pompage à partir de forages. Et, comme vous le savez, le passage au surgénérateurs multiplie les quantités d’énergie que l’on peut en tirer par au moins 50!
    Pour le reste, je suis tout à fait en accord avec vous: volontarisme pour diminuer la demande par l’économie et l’efficacité énergétique, ainsi que pour utiliser de manière croissante les ENR.
    Mais sur des critères objectifs et sans créer l’illusion!!! Et sans diaboliser l’énergie nucléaire, dont nous aurons besoin.
    En ce qui concerne les Smart Grids, avez-vous déjà des extimations de ce qui peut être gagné de cette façon pour l’incorporation des électricités intermittentes?

    Quant au sens de l’histoire, il me semble que c’est quelque chose que l’on peut connaître après coup!

  8. A Tilleul à propos de l’éolien du Danemark.

    On trouve en 2006 la production totale d’électricité du Danemark sur le site:

    http://www.iea.org/Textbase/stats/prodresult.asp?PRODUCT=Electricity/Heat

    (ainsi que les autres pays, d’ailleurs) On a 6.1 TWh d’éolien pour une production totale de
    46 TWh. Cela fait donc 13% de la production danoise. Comme le Danemark produit avec l’éolien de l’électricité en excès, comme je l’ai déjà dit, il est exportateur brut: sa consommation est de 39TWh.

    Donc je répète ce que j’ai dit, le Danemark produit autour de 15% de son électricité avec l’éolien, et cette proportion n’augmente plus depuis des années, parce qu’il ne sait pas très bien quoi faire de cette électricité, qui ne trouve du débouché que parce que ses voisins ont quelque puissance hydraulique à arrêter quand le vent souffle… Je répète encore, Monsieur Acket est un scientifique tout à fait honnête, et Tilleul, j’imagine, prend toujours ses désirs pour des réalités…

  9. @BMD : bien, vous avez pu constater que le nucléaire ne permet pas forcément de baisser les émissions dans le cas de la Belgique et qu’en prime vous avez même remarqué que la Finlande va devoir payer 1 milliards d’€ de quotas de CO2 à cause des retards de construction de l’EPR (le nucléaire a donc augmenté les émissions de CO2 de la Finlande puisque le choix était entre investir dans les EnR et la maitrise de l’énergie comme le Danemark l’a fait pour baisser ses émissions ou construire une centrale nucléaire). Vous pouvez aussi regardez les émissions de l’Italie pour finir notre panel juste pour qu’on constate qu’elles sont égales à celle de la France ?

    Et après ça vous allez m’expliquez comment vous faites pour connecter vos EPR sur le réseau danois avec les contraintes que je vous ai donné parce qu’elles rendent cette opération impossible.

    Et une fois que vous m’aurez sorti un argument super technique du genre « quand on veut on peut », vous allez me dire comment vous faites pour baisser avec vos EPR les VRAIES émissions du Danemark qui sont en fait majoritairement issues de sa flotte de transport (10% du transport de marchandises mondiale et une bonne partie du trafic qui vient de Chine) qui fait que la principale compagnie maritime du pays produit autant de CO2 que la totalité du pays… (le transport maritime est hors du périmètre de Kyoto donc n’apparait pas dans les inventaires).

    Vous allez mettre plusieurs centaines de tonnes de batteries lithium dans les bateaux pour leur permettre de faire des trajets de plusieurs mois ?

    @Karva… Je vous ai donné les chiffres de l’agence de l’énergie danoise, c’est eux qui ont les statistiques les plus complètes et pas l’IEA… En fait j’ai même sous estimé la proportion d’énergie décentralisée sur le réseau danois, je viens de parcourir une présentation de Per Lund d’energinet.dk où il donne le chiffre de 55% de production distribuée.

  10. @Tilleul, erreur pour l’Italie, qui selon votre source sont de 9,7 teqCO2 par habitant contre 8,6 pour la France.
    Et si le nucléaire n’est pas suffisant pour éradiquer les émissions, il y aide puissamment. Un autre exemple est la Suisse dont les émissions de GES sont de 7,1 par habitant et les émissions de l’ensemble électricité- chaleur sont de 3,7 t. par habitant. Le passage à la voiture électrique permettra grâce à lui de diminuer encore les émissions. Alors pourquoi vouloir s’en priver, si l’on n’est pas un antinucléaire enfermé dans sa bulle psychologique, et dont le credo, l’ave et le pater sont  » tout sauf le nucléaire », même au prix d’un désastre écologique, et qui croît à force de martelage médiatique de ses gourous, que les radiations sont la source de tout mal même à des doses infiniment faibles.
    Si je comprends bien, les émissions du Danemark sont encore supérieures à ce que dit votre source, 13 tonnes par habitant, si l’on y ajoute les émissions du transport maritime (et aérien?) qui ne sont pas comptabilisées par le protocole de Kyoto?
    Et c’est la politique énergétique de ce pays, qu’ont entrepris de mettre également en oeuvre l’Allemagne et l’Espagne, que vous recommandez de suivre à la France?

  11. Italie et France : vous oubliez la marge d’erreur à +/- 10%

    Le corollaire c’est que les émissions de la France sont elles aussi vastement sous évaluée, mais comme ça vous arrange de ne voir que l’arbre électricité pour mieux oublier la forêt pétrole…

    Vous soutenez que l’énergie nucléaire permet de baisser les émissions de gaz à effet de serre alors pourquoi la Finlande a-t-elle vu ses émissions augmenter de 11% ? Pourtant elle a lancé son programme de lutte contre le CO2 par le nucléaire il y a 10 ans… C’est paradoxal non, vous ne trouvez pas ?

    Par contre vous avez cité la Suède mais vous avez oublié de dire que c’est le pays de l’UE qui a le plus d’énergies renouvelables dans son mix énergétique…

    Et vous ne m’avez toujours pas répondu, comment vous comptez raccorder un EPR au réseau électrique ouest du Danemark ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.