Monsanto selon Monsanto

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Le géant des biotechnologies avait refusé de se montrer dans le documentaire Le Monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin. Il répond désormais à ses détracteurs par l’intermédiaire d’un blog ouvert il y a deux mois. J’en ai découvert l’existence ce week-end en lisant un papier de Rue89, à propos d’une polémique sur la qualités de semences de maïs en Afrique du Sud.

L’existence de ce blog a été décidée en haut-lieu, pour tenter de contrer l’impact désastreux du documentaire d’Arte sur l’image de l’entreprise. Un texte explique d’ailleurs pourquoi les responsables de l’entreprise ont refusé d’apparaître dans le film de Marie-Monique Robin. Plutôt que de répondre aux accusations de la documentatrice, on souligne le caractère biaisé de son sujet et on y dénigre son documentaire Voleurs d’Yeux sur les trafic d’organes, qui avait défrayé la chronique en 1995, en expliquant que son Prix Albert-Londres a été suspendu. Sans dire qu’il a été maintenu et que MMR figure toujours sur le palmarès des lauréats.

Le plus étonnant avec ce blog, c’est qu’il duplique en grande partie un autre espace de communication mis en place sur le site de Monsanto, et reprend les mêmes problématiques. Mais un blog doublé d’un Twitter c’est plus moderne pour évoquer l’affaire —racontée par Rue89— de ces trois variétés de maïs qui n’ont pas produit de grains en Afrique du Sud. La compagnie soulignant un problème de pollinisation quand des agriculteurs penchent pour un défaut des semences qu’ils ont achetées. Un autre post explique pourquoi des employés de la firme parcourent la blogosphère pour dénicher accusations et critiques qui seront démontées sur Monsanto selon Monsanto.

Loin de moi l’idée de contester la nécessité pour l’entreprise de répondre à ses détracteurs. L’internet bruisse autant d’informations que de fantasmes à propos des OGM, comme par exemple sur ce lien prétendu —et tenace— entre les suicides d’agriculteurs indiens et les semences transgéniques. J’avais d’ailleurs évoqué ce sujet à l’automne, après la parution à l’automne d’une très sérieuse étude de l’Institut international de recherche sur les politiques agricoles (IFRPI, Etats-Unis) qui brisait le mythe.

Mais les virtuoses du Public Relations de Monsanto ont sans doute oublié une chose: leur image est si désastreuse que toute information sérieuse sera immédiatement considérée comme suspecte par ses détracteurs. Seule l’information issue d’une recherche publique et indépendante permettra d’avancer sur ce dossier.

Que penser du post de Monsanto le 1er avril sur les vertus nutritionnelles des OGM? Un éternel refrain qui fait miroiter les biotechnologies comme recette miracle à la faim dans le monde grâce à des plantes aux vertus nutritionnelles renforcées… Alors que les OGM se contentent de produire un insecticide ou de résister à du désherbant… «Ce qui m’empêche de dormir, explique Santiago, l’un des officiers-blogueurs de Monsanto, c’est que la communauté scientifique, les autorités et l’expérience ont beau démontrer la sécurité des OGM, certaines personnes ont inscrit à leur agenda la réduction des chances de survie des quinze millions d’enfants qui meurent de faim chaque année.»

4 commentaires

  1. Voilà une information intéressante. Toutefois, j’ai été déçu de ne pas trouver dans l’article de futura-sciences de lien avec l’article scientifique à la source de cette information, et je n’ai pas été capable de le trouver dans les publications du Centre de recherches ayant mené ce travail. Peut-être pourriez-vous m’indiquer cet article-source ?

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