Quand l’aérien lave plus vert

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Il y a parfois parfois des télescopages ans l’actualité qui font sourire. C’est aujourd’hui le cas en matière d’aviation. En Grande-Bretagne, la chaîne de supermarché Tesco a décidé de faire parler d’elle. Elle propose l’une des plus belle campagne de Greenwashing de ces derniers mois. Flanqué d’un diction «Chaque petit rien compte», une pub annonce aux consommateurs britanniques que pour tout achat d’une lampe fluocompacte, ils recevront «60 miles» pour un futur voyage aérien. Comme si on offrait des clopes aux acheteurs de patch anti-tabac.

Ce qui fait sourire, c’est que cette nouvelle, relevée dans la Guardian, vient télescoper la déclaration percutante d’un quatuor de compagnies aériennes. Air France/KLM, British Airways, Cathay Pacific, Virgin Atlantic et l’opérateur aéroportuaire britannique BAA réclament qu’on impose des quotas d’émission à leur activité. Jusqu’à présent, l’industrie  aérienne s’était opposée aux projets de Bruxelles en la matière. Cette fois, les opérateurs aériens proposent des quotas débités au fur-et-à mesure de leurs achats de carburants. Quotas calculés sur la teneur en carbone de leur kérosène. L’argent récolté en cas de dépassement des quotas servirait à financer le fond d’adaptation créé par le protocole de Kyoto pour aider les pays du Sud, et financer la recherche sur les carburants de substitution pour le transport aérien.

Une industrie qui réclame qu’on la réglemente? On croit rêver. Désolé pour le scepticisme, mais il y probablement anguille sous roche. Peut-être est-ce pour peser sur le mode de calcul des émissions de gaz à effet de serre des avions (1)? Ou pour éviter le pire, la fin de la détaxation des carburants aéronautiques que de nombreux experts appellent de leurs vœux? Non, ce n’est sans doute pas aussi tordu que cela. En fouillant un peu, j’ai retrouvé un document de la Direction générale de l’aviation civile qui apporte sans doute la réponse. En 2003, le carburant représentait 10% des dépenses d’exploitation d’Air France, alors que sa part chez les low-cost représentait 15 à 22%. Si les quotas font grimper la facture du kérosène, ce sont les low-cost qui trinqueront les premières. Ingénieux, non?

(1) De nombreuses compagnies ne tiennent compte que du CO2 dans leurs calculs. Mais, en l’état actuel des connaissances, il y a presque un rapport 2 entre la contribution totale à l’effet de serre d’un avion et ce qu’il recrache en gaz carbonique…

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