Terra Eco, ou le culot de la mise en kiosque

Champagne! © Denis Delbecq
Champagne! © Denis Delbecq

Mais où est passée la voiture verte? C’est la question que pose le tout nouveau Terra Eco, descendant de Terra Economica, mais cette fois, et c’est une bonne nouvelle, présent en kiosque. Inutile de le cacher, parler d’un journal auquel on collabore n’est pas une chose facile. Je contribue en effet, de temps à autre, à cette sympathique et nécessaire entreprise. Mais après tout, comme je suis mauvais en cirage de pompes et plutôt critique avec ce que j’apprécie, je vais tenter l’exercice en espérant qu’on ne m’en tiendra pas rigueur!

Terra Eco, c’est quoi? C’est un mensuel de 84 pages qui démontre qu’imprimer vert ne veut pas dire qu’on se salit les doigts sur du PQ. Le papier est beau, agréable, composé à 40% de fibres FSC (le moins pire des labels de certification de forêts) et à 60% de fibres de papier recyclé et de résidus de fabrication de papier. L’imprimerie répond à la marque Prim’Vert et à la certification ISO14001. Si j’ai bien compris, ce qui se fait de plus écolo en matière d’encrage de papier. Après, il reste les camions des NMPP, et là évidemment, aucune rédaction ne peut peser sur la distribution de la presse dans notre pays…

Terra Eco numéro 1 © DR
Terra Eco numéro 1 © DR

Ce préalable industriel fait, que nous propose Terra Eco? D’apprendre sans se prendre la tête, avec un style pédago sans le ton d’instituteur qui va trop souvent avec. Le canard est découpé en rubriques comme « l’objet du mois », « l’enquête », « le reportage », « le dossier », « le portrait » etc. Sur la voiture verte, le dossier du mois, on relève un petit bug. Les « algocarburants », certes encore futuristes, sont rangés avec la voiture solaire, l’air comprimé et le moteur à eau alors qu’il s’agit peut-être de la seule solution viable pour fabriquer des carburants liquides en grande quantité. Mais on rit aussi à lire ce journal notamment en découvrant l’enthousiasme du patron de la recherche chez PSA: «S’il reste une goutte de pétrole, elle doit être réservée aux automobiles et aux avions.» Avec des dirigeants comme ça, la planète est sauvée. N’en déplaise à ce monsieur, le pétrole est si précieux que le brûler pour propulser un engin de deux tonnes transportant une personne de 70kg avec un rendement énergétique de 30% est l’usage le plus idiot qu’on puisse en faire. D’ailleurs, je parie ma chemise que l’avant dernière goutte de pétrole sera versée dans le réservoir d’un char, d’un bombardier ou d’un porte-avions pour qu’un empire géopolitique puisse mettre la main sur les derniers gisements du Moyen-Orient…

Je m’égare. Je trouve Terra Eco épatant. Mais quelque chose me gêne. Est-ce cette aspect consensuel, ce manque d’aspérités politique ou sociétale? Ou alors, est-ce parce qu’à force d’être dans le bain, ma curiosité s’émousse comme une peau se ramollit dans l’eau? Je ne sais pas. Surprenez-nous, intriguez-nous, agacez-nous chers amis, et vous serez plus indispensables encore! On ne peut plus compter sur les grands médias pour nous expliquer l’urgence de transformer le monde. Il en fallait du culot après cinq années de vente sur abonnement, pour se jeter dans le bain des kiosques et des diffuseurs de presse. Et, vous, les futurs lecteurs, filez vite dépenser le prix d’un paquet de cigarettes pour aider Terra Eco à nous (et vous) aider!

NB: Vous pouvez aussi retrouver l’équipe de Terra Eco sur internet, et même vous abonner à l’édition électronique du mensuel, c’est encore plus écolo!.

3 commentaires

  1. Agréablement surpris aussi par cette mise en kiosque, j’ai lu le numéro un de bout en bout et je me suis régalé. Le contenu, la tonalité, la présentation, juste quelques pubs ni agressives ni envahissantes, bref tout cela esst vraiment bien pensé et bien conçu. L’offre d’abonnement est intéressante (avec en prime le DVD des apprentis z’écolos pour mes élèves, et le bouquin de Jancovici pour moi), j’y vais sans hésiter !

  2. J’y suis abonné et j’ai donc reçu la nouvelle mouture. Agréable à lire, des articles courts et efficaces.
    Comme le souligne Denis, il est assez pauvre sur le plan politique mais aussi débat de fond (DD, décroissance, écologie poliique…) sans doute pour ne pas effrayés les lecteurs attirés par le côté tendance du DD.
    Je pense qu’il va se faire un peu allumé par la Décroissance, autre mensuel que je lis et qu’il faut prendre avec du recul mais qui pose les problèmes plus en profondeurs.
    Ceci dit, ces 2 lectures m’apportent beaucoup car je les trouvent différentes et toutes les 2 intéresantes et elles permettent justement d’enrichir le débat.

  3. Opinion similaire à celle du commentaire précédent. Pour se faire un nom, il faudra un peu étoffer le contenu et plus problématiser. Que devient la voiture verte, c’est une bonne question. Mais l’associer à comment réduire la demande de transports motorisés, c’est mieux.

    Mais bon au moins, contrairement à d’autres journaux, Terra Eco n’insiste pas lourdement sur le côté fun et tendance de l’écologie, plutôt lourdingue à force, et en fait un sujet aussi sérieux que ceux présents dans les rubriques « société », « justice » et « économie » deq journaux traditionnels.

    A suivre, donc, et en espérant que le cap DD sera rapidement dépassé.

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