Bon voyage, Jonathan, au pays des glaçons

Ah la belle aventure! Alors que les concurrents du Vendée Globe se sont élancés pour un formidable tour du monde à la voile en solitaire et sans escale (j’en profite pour souhaiter le meilleur à mon pote Jean le Cam), Effets de Terre fait peau neuve. Car bientôt, Jonathan Zaccaria ira rejoindre le drôle de pays où il a choisi de vivre au cours des seize prochains mois. Au cœur du continent Antarctique, sur la base franco-italienne (ou italo-française c’est selon) de Concordia.

Pendant ces seize mois, Jonathan nous fera vivre, en direct sur Effets de Terre, la vie quotidienne des hivernants du laboratoire de recherche français le plus austral, à seulement 1700 km du pôle sud. Dans sa chronique «76° Sud» (1), il nous racontera qui sont ces drôles d’émigrés volontaires dans le congélateur Antarctique. Mais aussi les joies et les misères du quotidien de cet univers clos, battu par le blizzard.

Jonathan sait de quoi il parle. Car en 2005-2006, il avait déjà accompli une mission sur la base française de Dumont d’Urville, au bord du continent, dont il avait tiré un joli documentaire. Là-bas, sur le littoral, l’horizon était changeant, de l’été à l’hiver. Car à Dumont d’Urville, il y a aussi de l’eau liquide, des icebergs, des oiseaux, des phoques, des poissons. Cette fois, à Concordia, le paysage ne sera rythmé que par la lumière. Le seul voisin est le blizzard. On l’oublie souvent, mais le continent Antarctique est l’un des plus grands déserts de la planète, l’un des moins arrosés. Un désert qui sera d’ailleurs traversé, à pied et sans assistance, par Todd Carmichael. Il est parti le 8 novembre de la côte, pour tenter de rallier le pôle Sud après une tentative avortée il y a un an en raison d’une forte tempête de neige. Un truc qui n’arrive jamais au milieu de l’Antarctique, a-t-il écrit à Barack Obama il y a quelques jours.

Pourquoi cette fascination des hommes pour les pôles? Je l’avais compris en rencontrant Sébastien Panou il y a quelques années. Il était venu me voir à Libération pour nous proposer d’être correspondant du journal à Dumont d’Urville pendant un été austral. Jacques Amalric, qui dirigeait la rédaction, avait immédiatement accepté (2) et Sébastien nous avait conté, en textes et en images, le pourquoi du comment de la présence des hommes sur ce drôle de continent. Cette fois, c’est Jonathan, à peine 28 ans, qui prend la relève. Dans quelques jours, il entamera son activité —bénévole— de correspondant permanent en Antarctique d’Effets de Terre. Mais il devra avant tout remplir sa mission d’ingénieur, en charge de divers instruments de mesure scientifiques et des télécommunications.

Je suis très flatté qu’il m’ait contacté pour accueillir ses textes, ses photos et peut-être ses petits films. Contacté sur les conseils de Guy Clavel, de l’AFP, que je ne connais pas, mais que je remercie au passage. En attendant de lire la prose de Jonathan, je vous ai concocté quelques petits cadeaux, après avoir tourné ma casquette en position « informaticien ». Je vous offre donc une page d’accueil dédiée à ces aventures glaciales. Vous y trouverez des webcam qui diffusent des images 24h/24 de l’Antarctique, la bande-annonce du documentaire «Journal d’un hivernant» de Jonathan, quelques vidéos et liens pour en savoir plus sur cette drôle de contrée. Un espace «76° Sud» amené à s’enrichir au fil du temps.

Bon voyage, Jonathan!

PS. Jonathan a monté le Collectif pour la connaissance des pôles, avec des amis. Il chroniquera aussi sa mission sur le site de l’association. Pour tout savoir, il faudra donc lire les deux sites!

(1) C’est la latitude de la base de Concordia

(2) Ce sacré Jacques a été convaincu dès qu’il a su que Le Monde projetait d’envoyer un journaliste un peu plus tard… Trop heureux de couper l’herbe sous le pied à son ancien journal.

6 commentaires

  1. Je ne sais pas d’où elle vient, mais j’adore cette photo…

  2. Il s’agit de Jonathan Zaccaria pris par Guillaume Bouteloup, en Terre Adélie.

  3. petite précision parce que je suis horripile, le Vendée ‘Glubeu’ n’est pas un tour du monde mais une circumnavigation autour de l’Antarctique . Parce que en tant qu’ humain modeste je ne considère pas que l’ europe, la france , la vendée ou de je ne sais quelle contrée est soit légitimement le début ou la fin du monde ! Je sais que les occidentaux ont un ego surdimensionner mais il est bon de raison retrouver , parfois. Na
    D’ailleurs pour en rajouter savez vous que la base franco italienne de Concordia est la plus magnifique , géniale, sublime etc etc parce que nous français sommes les meilleurs depuis Mitterand, on fait tout en grand en très grand, le Tgv la très grand bibliothèque , enfin bref la modestie des abrutis qui se regardent le nombril et ne sortent jamais la tête du sable …

  4. Author

    Toujours le même. Râleur, de mauvaise humeur. Certes le Vendée Globe est une circumnavigation, et les marins ne voient jamais la Terre. C’est pour cela que Jean (le Cam) avait soutenu le projet d’une course de l’Europe vers la Chine qui a hélas été abandonné. Pour en revenir à Concordia, l’idée qu’on dépense des fortunes pour construire un abri (de fortune, aussi) à une poignée de scientifiques n’est pas vaine. C’est là-bas qu’on mesure l’ampleur de la pollution mondialisée, là-bas aussi qu’on a fabriqué une machine à remonter les temps climatiques. Gouverner, c’est prévoir, et prévoir c’est connaître!

  5. Oui c’est vrai mais c’est vital de ‘réagir’. J’ai côtoyé un peu le monde scientifique parce que je suis dans l’antichambre en tant que technicien et j’ai moi même séjourné aux taaf . Voila l’explication de mon pseudo je l’avoue qui est le nom d’un site des îles Kerguelen. Ce qui m’a le plus étonné c’est de voir que le monde tourne en rond, les chercheurs sont souvent sans conscience () , ils utilisent de la haute technologie pour faire des recherches et montrer que le progrès est lui même destructeur ( pesticides gaspillage etc ) Alors c’est un peu grotesque cette histoire et personnellement je l’ai associe volontiers à tous le monde , pollueurs conscients ou innocents. il y a déjà bien longtemps que j’ai lu Ellul et le bluf technologique ou aussi Toffler et le choc du futur ! Nous sommes devant un choix de société que personne ne veut faire et surtout pas des dadais plein d’instructions et moulés dans la condition humaine avant-gardiste comme MINItax

  6. Ratmanoff, tes messages sont totalement réac. Le progrès destructeur ? non c’est la manière de faire les choses qui est destructrice. Raisonner sur un principe anti-progressiste c’est cracher dans la soupe et fuir en avant. La recherche est ce qui te permet aujourd’hui d’espérer vivre jusqu’à 80 ans, communiquer avec n’importe qui n’importe où, connaître le fonctionnement d’un environnement qui t’entoure, bref, pas besoin de t’expliquer la vie. Et d’ailleurs quand tu vois la grande manchotière de Ratmanoff, tu es bien content d’en savoir autant sur les Manchots royaux, de savoir comment tout cela fonctionne et quels sont les éléments qui régissent leur biologie. Bref, tu sembles être bien aigri et vide de tout rêve.

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