La presse n’est pas une blanchisseuse à pseudo-écologie

Drôle de semaine sur le front du greenwashing. D’un côté l’Agence de l’environnement (Ademe) et le Bureau de vérification de la publicité, se sont autocongratulés de la modération des annonceurs publicitaires dans l’usage de l’alibi environnemental. Et de l’autre, un summum de greenwashing dans Libération. (1)

L’objet du délit, c’est une pub que les lecteurs du Libé de papier ont vu en Une, qui annonce qu’Audi doit leur parler d’environnement en double page centrale. Et là, on découvre une photo de l’Audi TT, qui a maigri de 110kg et réduit de 20% ses émissions de gaz à effet de serre. Et surtout, le plus grave à mes yeux, le détournement d’une étiquette “Energie” pour faire passer le message publicitaire de la bagnole qui pue. La campagne est dupliquée sur le site internet du quotidien.

C’est un excellent exemple qui démontre l’hypocrisie des constructeurs automobiles. Eux se battent, collectivement et avec l’appui de l’Allemagne (et de la France?), pour empêcher, en Europe, l’adoption de normes sévères d’émission de gaz à effet de serre (Lire “Je déteste les moyennes”). Et attaquent, toujours au sein d’une union sacrée, les décisions politiques de la Californie qui visent à faire entrer les Etats-Unis dans le combat contre le réchauffement climatique. Mais dès qu’ils peuvent, les constructeurs abusent du légitime souci d’un environnement meilleur pour vendre leur soupe.

Les hébergeurs de ces annonces ont aussi leur part de responsabilité. Je sais combien la presse quotidienne a besoin de la pub pour survivre, et éviter les plans sociaux. A Libé, comme ailleurs, on ne crache pas sur une —si rare— double page de pub. Il y a une paire d’années, le journal envisageait le lancement d’un supplément hebdomadaire autour des plaisirs (voyages, loisirs, etc.). J’avais souligné en réunion de chefs, pas tout seul heureusement, qu’on pouvait difficilement publier des pages Terre quotidiennement, et accueillir dans un supplément de papier glacé des pubs pour des 4×4 qui puent et d’autres tueurs de climat.

Aujourd’hui, Libé n’a plus de rubrique Terre, et Audi en profite pour vendre sa soupe. Ailleurs, des sites sur le climat créés par des majors de l’internet affichent sans vergogne des placards animés vantant les mérites de grosses voitures un peu moins polluantes que leurs concurrentes. La Norvège a interdit certains usages publicitaires de l’argument écologique. Il serait plus que salutaire que notre lider maximo verde lui emboîte le pas. A moins qu’on interdise tout simplement la pub?

(1) A la décharge de Libé, je n’ai pas lu les autres quotidiens ce matin, à l’exception du Guardian où je n’ai pas vu de trace d’Audi.

3 commentaires

  1. Et le BVP, qui récemment a juré craché qu’il ferait attention au Greenwashing, tu crois qu’il est crédible sur ce coup là ?

    Honte sur eux.

  2. Ah mais oui le BVP a même censuré il y a peu une publicité qui prenait l’argument de l’environnement… ah… euh… vérification faite il s’agissait plutot de la censure d’une campagne de communication contre les déchets dont les slogans comme « préférez le durable au jetable » étaient « de nature à porter gravement préjudice à des secteurs économiques voire à des marques identifiables de produits, ce qui est contraire aux règles d’autodiscipline des professions publicitaires »

    http://www.liberennes.fr/libe/2008/04/lachat-rflchi-n.html

    Ouais, ben on pourra pas dire qu’il aura super bien commencé ce XXIe siècle…

  3. Oui c’est vrai qu’on a oublié d’en parler de cette histoire, c’est à tomber par terre d’hypocrisie. Enfin, si le BVP servait à quelque chose pour la cause environnementale, ça se saurait.

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