Bush go home

Alors comme ça, il paraîtrait que les Etats-Unis font mieux que les pays signataires de Kyoto pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre! C’est ce qu’à expliqué Harlan Watson, le négociateur en chef dépêché par George Dobelyou à la conférence de Bali: vous vous rendez-compte, entre 2000 et 2005, la croissance US a atteint 12%, la population a grimpé de 5% et les émissions de carbone n’ont augmenté que de 1,6%. Ce genre de discours augure mal de la suite des discussions, alors que les Etats-Unis, le second plus gros réchauffeur de climat, affichaient, toujours en 2005, des émissions supérieures de 16% à ce qu’elles étaient en 1990, année de référence pour les objectifs du protocole de Kyoto. Watson a même été expliquer que les signataires de Kyoto rament pour tenir leurs engagements, et que ce serait héroïque pour de nombreux pays d’y parvenir: «Le régime d’obligations ne fonctionne pas», a lancé le disciple de l’administration Bush.

Alors il n’y a qu’à laisser faire. Comme l’Europe a fait avec les constructeurs automobiles qui, tout en continuant à vanter les voitures propres, n’ont pas respecté leur engagement de modération volontaire des émissions de gaz de leurs automobiles. le monde est ainsi fait que sans carotte et sans bâton, rien, hélas, ne bouge. On continue le business as usual. Combien faudra-t-il de réfugiés climatiques (les Etats-Unis en ont eu plusieurs centaines de milliers en un seul cyclone)?

Heureusement, comme le souligne Jeffrey Sachs (Institut de la Terre à la Columbia University), les Etats-Unis sont plus avancés que la Maison-Blanche. Et d’ailleurs, un cabinet de négociateurs fantôme, conduit par Al Gore, devrait œuvrer en coulisses, dans l’attente d’un changement de régime climatique à la Maison-Blanche l’an prochain. Des députés et sénateurs seront aussi présents. Bref la délégation de Bush ressemblerait de plus en plus à un dernier carré de va-t-en-guerre retranchés dans un chateau en ruines, s’il n’y avait un épineux problème. Etats-Unis, Inde, Chine, Brésil et Indonésie jouent encore à la barbichette, même si l’Australie a quitté la partie. Le Brésil et l’Indonésie devraient pouvoir être ramenés dans la farandole anti-réchauffement, pourvu que la communauté internationale cède sur le financement de la conservation des forêts (1). Cela devrait être à la portée des pays riches. Restent l’Inde et la Chine, qu’il faut absolument convaincre de la nécessité de rentrer dans le jeu pour achever d’isoler la meute de Dobelyou. Alors on compte sur notre Brice Lalonde national pour séduire les deux géants. Allez Brice, un petit effort, tu passera à la postérité!

(1) Au risque de me répéter, une forêt entretenue est neutre d’un point de vue du gaz carbonique, à long terme elle stocke du carbone dans le sol. En revanche, la déforestation —par brûlis, comme elle se pratique dans les forêts humides— détruit la couche de sol où le carbone est accumulé depuis des millénaires, et libère des quantités astronomiques de gaz à effet de serre. La déforestation représente aujourd’hui 15% à 18% du total des émissions de gaz carbonique lié aux activités humaines.

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