Bush, un pompier pyromane

acré Bush. Le patron de la Maison-Blanche est passé maître dans l’art d’allumer des contre-feux pour éviter de changer sa doctrine en matière de réchauffement climatique (et ses autres doctrines d’ailleurs, mais là n’est pas le sujet). Sa conférence de Washington est un leurre de plus, qui, personne n’en doute, accouchera d’un grand méchant vide, nourri de grands principes du genre «vive les biocarburants», «vive le charbon propre», «vive le nucléaire», «vive l’hydrogène», bref «vive la technologie», et surtout «n’oublions pas la croissance».

Un sommet entre pollueurs (les seize plus importants), une sauterie privée, sur invitation du premier négationniste climatique donc, pourquoi faire? On notera d’ailleurs le paradoxe bien américain qui consiste à nier la main de l’homme dans le réchauffement, tout en invitant les plus gros émetteurs de carbone… en oubliant bien sûr ceux qui seront les premières victimes du réchauffement, sans doute trop pauvres aux yeux de l’administration américaine.

Les discussions sur le climat se tiennent depuis la conférence de Rio (???) dans le cadre des Nations-Unies. L’organisation supra-nationale pilote un groupe d’experts de réputation internationale qui analysent chacune des études scientifiques de la littérature pour tenter de se faire une religion sur l’état de l’atmosphère. Au sein du Giec, c’est le sobriquet de ce panel, coexistent des chercheurs de toutes disciplines, de tous points de vue. Certains, de moins en moins nombreux il est vrai, sont même persuadés que l’homme n’est pas pour grand chose dans la surchauffe. On peut toujours critiquer le Giec pour son «retard» vis à vis des découvertes les plus récentes, son inertie, diraient certains. Mais il reste une référence forte, à une date donnée, que personne ne peut contester sans apporter de preuve scientifique.

L’ONU a prouvé qu’en matière d’environnement du moins, elle peut servir à quelque chose. La réussite il y a quelques jours des négociations sur le renforcement du protocole de Montréal (protection de l’ozone de la haute atmosphère) en est une preuve éclatante: quand l’Amérique ne fait pas obstacle à la discussion multilatérale, on avance. Au point que les spécialistes estiment qu’on est bien parti pour léguer une couche d’ozone rebouchée dans quelques décennies.

En revanche, dès qu’on parle de climat, les papis du pétrole font de la résistance. C’est d’autant plus paradoxal que, sans renier la formidable performance des chercheurs européens et notamment français, une grande partie des progrès sur la compréhension du climat provient des labos d’outre-Atlantique ou de moyens d’observation américains. La Maison-Blanche fait l’objet d’un véritable siège à caractère scientifique, qu’elle tente d’endiguer en muselant ses chercheurs. Elle est aussi assiégée par ses propres Etats qui tentent de légiférer à l’Européenne, qu’elle essaie là aussi de museler au travers de son Agence de l’environnement.

L’Europe, de son côté, se démène comme elle peut dans sa croisade. Sans pour autant démontrer qu’elle sait tenir ses engagements. On verra par exemple ce qu’il adviendra de la proposition d’abaisser en France la limitation de vitesse de 10 km/h une fois posée sur le pupitre de nos députés, ou de celle d’imposer des normes beaucoup plus sévères aux constructeurs automobiles en Europe. Le vieux continent est un exemple seulement théorique de lutte contre le réchauffement. Cela lui ôte toute crédibilité quand Bruxelles tente de convaincre les futurs gros cracheurs de carbone (Chine, Inde, Indonésie, Brésil, pour ne citer que les plus importants) de préférer sa bannière au je-m’en-foutisme américain.

Le véritable rendez-vous climatique sera bien à Bali, en décembre, quand l’ONU s’attaquera à l’après-Kyoto. Ou peut-être, on peut l’espérer, en 2009, quand le départ de Bush de la Maison-Blanche aura —c’est un vœu en tous cas— fait germer la révolution en matière de climat dans l’administration américaine.

Un commentaire

  1. Excellent mix d’accueil Mr Delbecq … et merci pour votre blog que je lis régulièrement à défaut d’y participer activement.

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