Le «Grenelle» vu par les statistiques

nutile de vous dire que je n’ai pas encore tout lu… Je viens de récupérer les centaines de pages des huit rapports sortis de la première phase du Grenelle de l’environnement. Huit pour les six groupes thématiques prévus au départ, auxquels se sont ajoutés les deux «intergroupes» déchets et OGM. Pour avoir lu ce dernier et parcouru ses volumineuses annexes, on ne peut qu’être surpris de la nature des débats.

D’ordinaire, les uns manifestent et arrachent ou repeignent des plants OGM, tandis que les autres sèment parfois en cachette, appellent la maréchaussée à tour de bras et trainent les agitateurs devant les tribunaux. (A ce propos, je m’étonne, tout comme Greenpeace, que le procès prévu le 1er octobre contre l’ONG pour une affaire de dégradation de cultures OGM survenue en juillet, soit maintenu en plein «Grenelle». Le gouvernement a visiblement donné des instructions pour retarder les audiences dans plusieurs affaires, mais pas dans celle-là…)

Bref, à part quelques invectives gratinées (entre chercheurs!), on a l’impression que l’équipe qui tenait les débats a réussi un tour de force. Tout le monde est d’accord sur presque tout, sauf le plus important bien sûr: dès qu’on parle de «moratoire», «gel», «responsabilité», ça chauffe. On verra ce que le gouvernement fera de tout cela, on lui souhaite bon courage.

En attendant, je me suis livré à un petit exercice avec un outil «maison»: déterminer quels sont les termes les plus importants qui ont été prononcés au cours de ces discussions. Important, pour moi, cela veut dire «fréquent» et «long» puisque les mots longs portent souvent plus de sens. Le tout redressé en comparant avec un bête classement par nombre d’occurences, et en regroupant les termes voisins (environnement/environnemental, par exemple.)

Je vous livre donc ces petits calculs de coin de table.

Groupe 1: Energie
Transport, énergie, développement, environnement, consommation, émission, renouvelable,
infrastructure, bâtiment.
Groupe 2: Biodiversité
National, collectivité, espèce, développement, ressource, territoire, protection,
ecosystème, biodiversité, conservation, environnement.
Groupe 3: Santé et environnement
Environnement, produits, risque, santé, prévention, action, respectueux, particulier,
surveillance, substance, information, recherche, pollution, développement.
Groupe 4: Production et consommation durables
Environnement, agriculture, production, développement, agricole, produits, exploitation,
agriculteur, biologique, certification, recherche, territoire, consommation.
Groupe 5: Institutions et gouvernance
Environnement, développement, durable, information, entreprises, expertise, évaluation,
publique.
Groupe 6: Développement écologique favorable à l’emploi
et la compétitivité

Environnement, développement, responsable, entreprise, économique, durable, recherche,
formation, action, produit, information
Intergroupe «Déchets»
Déchet, développement, valorisation, recyclage, produits, collectivités, traitement,
entreprise, gestion, environnement, filière, prévention, production, organique
Intergroupe «OGM»
Recherche, autorité, agriculteur, principe, environnement, contamination, évaluation,
responsabilité, consensus, cultures, risques, expertise

A noter la prépondérance du mot «recherche» à propos des OGM, qui revient
aussi dans les groupe 4 et 6. Signe qu’un effort important de connaissance
doit être poursuivi. On voit aussi que les discussions sur l’énergie sont sorties
de l’ornière «renouvelable» contre «nucléaire»; en revanche le mot «économie»
ne figure pas en tête de classement.

Au final, peu de surprises dans ces classements. Si ce n’est celui du groupe
de travail sur la production et la consommation: on y retrouve pour l’essentiel
des mots relatifs à notre alimentation. Et aucun, ou presque, en relation avec
notre folie de consommation de biens… Quand aux groupes «emploi-compétitivité»
et «gouvernance», ils utilisent un vocabulaire très proche. Il restera à voir
celui qui sortira de la commission sarkozyenne sur les freins à la croissance
présidée par Jacques Attali qui, sauf erreur de ma part, ne contient aucune
personalité reconnue dans le domaine de l’environnement…

Un commentaire

  1. Salut Denis,

    Attaché au même exercice, une autre occurence intrigue : nombre de sujets moins médiatisés voient un c-r des débats très pauvre, voire indigent. En revanche, en annexe, on trouve un programme tout ficelé par l’administration ou une quelconque corporation. Sur certains sujets c’est très intéressant pour checker les rapports de force. Au total beaucoup de surprises de ce type. A+

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