Un travail d’Hercule. Le projet de Gary Parker, un géologue de l’Université d’Illinois (Urbana-Champaign), est un véritable travail d’Hercule. Le chercheur propose de redessiner le delta du Mississippi pour offrir un bouclier anti-cyclones à la Nouvelle-Orléans, explique New Scientist ce mardi, depuis le congrès annuel de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS). En ouvrant des brèches dans certaines digues qui encadrent la navigation dans le fleuve, et en canalisant le flux ainsi libéré, les eaux s’écouleraient, à chaque crue du fleuve, vers la mer. Progressivement, l’apport massif de sédiments charriés pourrait créer à long terme, selon le chercheur, un nouveau territoire de marécages de sept cent à mille kilomètres carrés, capable d’affaiblir un cyclone approchant de la Louisiane. Selon Parker, l’entreprise de reconstruction du delta ne serait pas réduite à néant par la montée des océans, et ses modèles montrent que dans un siècle, le delta naturo-artificiel serait plus étendu que jamais. Un projet similaire avait été proposé en 2005, et retoqué en raison de son coût faramineux.
Qu’on veuille ainsi changer le cours des choses peut prêter à sourire. Mais après tout, l’idée de Parker n’est, ni plus, ni moins, que reconstituer les marécages qui existaient avant que l’homme ne dompte le grand fleuve américain. Faute d’apports de sédiments, des surfaces gigantesques ont été gagnées par la mer, dans le delta du fleuve. Or, la présence d’un marécage, autrement dit de faibles quantités d’eau, prive le cyclone d’énergie.
Ces monstres sont de gigantesques machines thermiques qui utilisent la chaleur de la mer comme carburant. C’est pour cette raison qu’ils perdent rapidement de leur puissance quand ils pénètrent sur les terres, ou dans les deltas marécageux. Il y a deux siècles, la Nouvelle Orléans était donc dotée d’un bouclier naturel, qui a été laminé pour organiser la navigation sur le fleuve et en faire l’un des plus importants ports américains.
Tout ceci pour dire qu’il faut soigneusement entretenir, quitte à les renforcer, les barrières naturelles offertes par les milieux naturels. J’ai gravé pour toujours les images satellite de la côte thaïlandaise avant et après le tsunami. Dans les portions de côte ou la mangrove était intacte, les villages n’ont pas été détruits derrière. Et partout ou les palétuviers ont été rasés pour creuser des bassins d’élevage de crevettes, c’était la mort et la désolation…
En attendant, la pose de sparadrap continue à la Nouvelle-Orléans. Vendredi, le Times Picayune expliquait que l’US Army Corps of Engineer va réhausser deux digues de protection de la ville.
Image © Gary Parker
Bonjour,
Je suis complètement d’accord avec l’idée et le principe de recréer des espaces marécageux proposé par Gary Parker. J’ai participé le mois dernier a un programme de reconstruction dans le Lower 9th Ward au sud de la Nouvelle orleans et c’est abérant de voir que rien ne sert de leçon.
Les personnes chargés des programmes de reconstructions (dont, de plus, certains sont encouragés par des stars) ne tirent aucune leçon de ce qui est arrivé en 2005, des lotissement entiers vont être érigé a à peine 50m du canal, ces deux zones délimité par une digue en béton ridicule qui est sensé protéger des centaines d’hectares de terrain situé en dessous du niveau du canal…
Je me dis que les hommes sont desfois vraiment naif a vouloir s’entêter a éssayer de dompter des zones naturelles qui vont de nouveau être détruite dans 5,10 ou 15 ans car les projets ne sont pas en accord avec le cycle naturelle des éléments autour.
Les responsables de ces actions prennent pour excuse le prix faramineux des projets de personnes tel que Gary parker, mais quel prix aura la reconstruction de ville entière tous les 10ans et la mort de miliers de personnes??? Peut être que cela est juste pas assez rentable pour eux….
@ le projet de Gary Parker, aussi coûteux qu’il soit, va dans le bon sens. Les deltas sont par nature des zones instables, dont l’avancée et le recul sont gouvernés par l’importance des apports de sédiments, leur compaction au cours du temps et les variations du niveau de la mer. L’homme n’aura jamais que provisoirement les moyens d’en endiguer les avancées et les reculs. Il faut laisser avancer le delta pendant qu’il est encore temps, car la montée du niveau de la mer ( 1 mètre à la fin du siècle?) et la rétention de sédiments due aux activités humaines ( barrages, draguages, poldérisation etc..) vont provoquer un recul irrésistible de ce delta faisant sauter toutes les barrières de protection, et celà d’autant plus si les ouragans s’en mêlent.
Une ville qui va être confrontée à un problème analogue est celle de Shangaï où la montée des eaux et la rétention de sédiments provoquée par le barrage des Trois-Gorges vont provoquer un ennoyage progressif au cours de ce siècle.
Nous avons en France le même problème avec la Camargue.
La géologie, je l’ai constaté maintes fois, est une discipline qui n’est pas prise en compte dans les décisions de développement et d’implantation des infrastructures ou de l’habitat, ou dans les modes de construction. Croyez-vous que si un séïsme de magnitude 7 a lieu sur la Côte d’Azur, les précautions aient été réellement prises pour éviter un désastre, depuis le temps que l’on évoque cette possibilité?
Et les catastrophes qu’entraîne cette absence de prise en compte ( Malpasset, Longarone, et bien d’autres,) sont rapidement oubliées. Pourtant les catastrophes entraînées par des causes géologiques au sens large ( séismes, ruptures de barrages, inondations, tempêtes etc.) sont de très loin les plus graves. C’est un problème culturel, car nos décideurs et nos ingénieurs n’ont à quelques exceptions près aucune notion sur le sujet. Quant aux vedettes de cinéma ou les journalistes! Mais c’est aussi bien sûr un problème économique et juridique: les sommes qu’il faut débourser en cas de catastrophe sont très insuffisamment provisionnées par les assurances, et les responsabilités ont impossibles à préciser