Nous voici rendues au troisième épisode de l’aventure Incahuella. Après le majestueux Torres del Paine, un autre monument de l’alpinisme nous attendait : Le Fitz-Roy.
Pour s’y rendre, direction El Chaltén, petit village argentin édifié il y a tout juste 30 ans pour accueillir randonneurs et grimpeurs. Nouvel eldorado des fanatiques du Goretex, El Chaltén est plein de contrastes. Wifi dans presque tous les bars, mais pas de téléphonie mobile, un unique distributeur automatique, et pourtant de multiples boutiques, bars et hôtels. Sous nos yeux se dessine le front du Campo de Hielo Sur, le décor est planté.
Le Fitz-Roy et tous les autres sommets environnants font tous partie du Parc National Los Glaciares. Accès gratuit au parc et aux zones de campement, toutes les conditions sont réunies pour donner envie aux randonneurs de se lancer à la conquête des cimes. De plus, le centre d’informations au public est particulièrement accueillant. Il est doté d’une exposition retraçant l’historique de l’alpinisme dans la région et d’une autre tout aussi ludique sur le contexte écologique du parc.
Parc National Los Glaciares
Superficie : 724 000 ha
Date de création : 1971
Localisation géographique : Environ 80km à l’Ouest d’El Calafate et jusqu’à El Chaltén (Argentine)
Point culminant : Cerro F.P. Moreno (3393m)
Organisme de gestion du parc : APN (Administracion de Parques Nacionales)
Ecosystème type :
– Forêt magellanique décidue (Nothofagus betuloides, Nothofagus antarctica, Nothofagus pumilio et Drimys winteri)
– Steppe patagone (Festuca gracillima, Baccharis magellanica)
– Désert andin (Hamadryas delfinii, Oxalis enneaphylla)
– Matorral pré-andin (Mulinum spinosum, Escallonia rubra, Pernettya mucronata)
Espèces animales emblématiques :
– Renard de Magellan (Pseudalopex culpaeus)
– Puma (Puma concolor patagonica)
– Huemul (Hippocamelus bisculus)
– Condor des Andes (Vultur gryphus)
– Moufette de Patagonie
– Pic de Magellan (Campephilus magellanicus)
Espèces exotiques :
– Rosier rubigineux (Rosa rubiginosa)
– Pissenlit (Taraxacum officinale)
– Erodium commun (Erodium cicutarium)
– Lièvre du Cap (Lepus capensis)
Problématiques écologiques majeures :
– Déprédation de la petite faune sauvage par les meutes de chiens errants
– Diminution des populations de Huemul
C’est ainsi que l’on a obtenu davantage de détails sur un animal étonnant: le huemul (Hippocamelus bisulcus). Proche du chevreuil et très sociable, il vit en petits groupes dans les forêts de montagne et n’hésite pas à rendre visite aux randonneurs. Ce cervidé est protégé en Argentine car très menacé (considéré comme en voie d’extinction dans la liste rouge de l’UICN). On ne recense en effet plus que 20 individus dans le parc et seulement 2000 répartis entre le Chili et l’Argentine.
Les raisons de sa disparition sont entre autre leur chasse excessive par le passé ainsi que la diminution et la fragmentation de leurs zones d’habitat. Le huemul est aussi en compétition avec le bétail pour l’obtention de sa nourriture. A cela s’ajoute le problème des chiens errants. Leur présence à El Chaltén, située au sein même du parc Los Glaciares est un véritable fléau. En effet, se regroupant en meutes, ils n’hésitent pas à s’attaquer aux pumas (et parfois même aux randonneurs); le huemul ne peut donc en aucun cas faire face à ce nouveau prédateur. Le bruit et les odeurs produites par les chiens stressent cet animal, qui est contraint de fuir et d’abandonner ses petits. Les reptiles, amphibiens et oiseaux souffrent aussi de la déprédation par les chiens, leurs œufs étant une proie facile. Enfin, leurs déjections contaminent les cours d’eau, et peuvent transmettre des maladies aux animaux sauvages. C’est par exemple le cas du renard fueguino qui a été particulièrement touché.
De tous les parcs que nous avons visités, c’est pour l’instant le mieux surveillé, entretenu et protégé. Les gardes sont très présents et investis sur les sentiers et veillent au bon respect des règles d’usage. Parmi celles-ci, l’interdiction de nos amis à quatre pattes en dehors des limites de El Chaltén.
En définitive, c’est une fois de plus les étoiles pleins les yeux que nous quittons El Chaltén, pour aller vers Villa O’Higgins et le début de la Carretera austral.
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