La star incontestée du moment, c’est la tortue Geochelone nigra, qui a été installée sur l’île de Pinta, dans l’archipel des Galapagos qui inspira Darwin en son temps. Là-bas, la guerre biologique n’en finit pas. En 2003, les autorités sont parvenus à éliminer de cette île une chèvre invasive —introduite par l’homme—. Mais depuis, une folle végétation s’est développée, d’où l’idée de recourir à des tortues gargantuesques pour maîtriser la plante. 39 tortues géantes —14 femelles et 25 mâles— ont donc été introduites sur Pinta. Après avoir été stérilisées pour prévenir tout envahissement: les femelles ont été privées d’ovaires, et les mâles émasculés. A terme, les scientifiques espèrent installer Jorge le solitaire, le dernier spécimen connu de la tortue de Pinta (Geochelone nigra abingdoni), une fois qu’on lui aura trouvé une compagne (1).
Au Galapagos, toujours, les autorités ont décidé de multiplier la lutte contre deux espèces de rats invasives sur certaines îles de l’architecte. Après des tests conduits avec succès depuis 2008 , les scientifiques pensent que leurs appâts empoisonnés colorés en bleu clair pourront zigouiller les rats sans menacer le reste de la faune (et notamment les phoques). Mais le contrôle de la chaîne alimentaire n’est pas chose facile, car le faucon des Galapagos adore manger du rat… D’ailleurs, on l’a appris récemment, une expérience similaire conduite sur une île d’Alaska en 2008 a bien éradiqué les rats ciblés, mais de nombreux aigles sont morts, victimes d’avoir avalé du rat empoisonné.
Toujours dans le Pacifique, mais à Hawaii cette fois, ce sont des algues qui inquiètent les protecteurs de la nature. Introduites en 1974 à des fins d’exploitation commerciale, ces algues se développent à grande vitesse et menacent des récifs de corail. L’une d’elle double de poids tous les deux à quinze jours. Des chercheurs pensent avoir trouvé la parade: ils se sont mis à élever des oursins qu’ils ont installé dans quelques régions test depuis dix-huit mois. Vu le succès de l’opération, il est question d’en lâcher 25000 par mois pour amplifier la lutte contre les algues envahissantes. Une méthode qui semble nettement plus efficace et moins onéreuse que l’utilisation d’aspirateurs géants qui avait été testée il y a quelques années.
Un petit coup d’avion virtuel (ça ne pollue pas!), et rendons-nous en Malaisie. Là-bas, les autorités sanitaires espèrent lutter cette fois contre les ravages de la dengue, une fièvre hémorragique en plein boom. Mais là, la méthode ne fait pas l’unanimité: la technique consiste à libérer des milliers de moustiques mâles transgéniques et stériles de l’espèce aedes aegyptii porteuse de la dengue, pour réduire la populations de l’insecte. Les autorités malaisiennes ont donc libéré six mille moustiques en décembre, dans le plus grand secret. Des moustiques conçus par une firme de biotech britannique qui avait déjà conduit un essai massif —3 millions de bestioles— sur Grand Caïman, dans les Caraïbes britanniques. La population d’aedes aegyptii aurait baissé de 80% en quelques mois.
(1) Pour le moment, les tentatives d’accouplement avec une femelle porteuse de gènes commun avec la sous-espèce de Jorge le solitaire a échoué. L’agence scientifico-matrimoniale est toujours à l’œuvre, et une tentative de reproduction avec deux femelles d’une espèce cousine doit prochainement être lancée.
Un commentaire